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Chronique29/04/2017 à 09:55

Avis aux néo-régionalistes : qui sème les épines récolte les blessures

Avis aux néo-régionalistes : qui sème les épines récolte les blessures

Par Mansour M’henni 

Dure et grave est cette étape de notre histoire que nous traversons sous le label de « la transition démocratique » !

Non que l’indice démocratique soit de mauvais présage ; mais c’est quelques uns des nôtres qui, sans vergogne et par pure folie du pouvoir, n’hésitent pas à mettre en danger l’avenir du pays et à compromettre ses chances de se faire valoir dans le statut qu’il mérite pleinement, celui de l’un des rares pays arabes ou en développement à avoir réussi l’aventure de la modernité dès son indépendance et à aspirer à la démocratisation de sa société grâce à l’insurrection de 2011.

Grave est la situation car le principal risque qu’elle porte est celui de la rétrograde, celui de la régression vers des modèles anachroniques pour l’histoire de notre tunisianité, tissée de mille fils à travers les siècles, pensée par les phares de notre culture et mise en vie grâce au labeur et à l’audace des militants de notre mouvement national savamment et intelligemment conduits par le leader Habib Bourguiba. On dira de ce dernier tout ce qu’on voudra, tous les défauts qui étaient en lui et qu’il serait malhonnête de nier ; mais on n’aura jamais assez de mots pour vanter son mérite historique, sa vision futuriste et sa conception solide et raisonnée de la patrie et de sa société.

Bourguiba a misé sur l’être humain tunisien ; il a soigné son corps, nourri son esprit et entretenu son affect à un degré de sensibilité supérieure. Pour la Tunisie en tant qu’entité autonome, il a aboli les modèles périmés de la scission et de la division, surtout le tribalisme et le régionalisme : il a tout bâti sur l’unité nationale.

Or voilà que soudain réapparaissent des manifestations à motivations régionalistes, sous couvert de revendications sociales. Si celles-ci ont leur légitimité propre que personne ne chercherait à leur contester, le régionalisme à rebours est blâmable à tous points de vue parce qu’il ne peut constituer qu’une force de destruction de l’unité nationale et de compromission de l’avenir.

Disons-le sans ambages, tout régionalisme actuel est attisé par des intentions politiques suspectes qui sont soit à la solde de zones d’influence étrangères, soit à la bride de pulsions néfastes entretenues par la folie du pouvoir et la rage de la haine et de la rancune.

On a vu dernièrement, à l’écran de certaines télévisions, des responsables sportifs (autant dire « des irresponsables ») débiter des discours révoltants qui relèveraient franchement de la jurisprudence si le laxisme n’avait pas supplanté l’autorité de la loi. Il était évident que les concernés préparaient leur engagement dans des élections locales ou régionales et qu’il n’avaient d’argument à faire valoir que la victimisation des leurs dans un discours régionaliste dont toute personne sensée devrait avoir honte.

On ne se doutait peut-être pas que ce qui était presque de l’ordre du fait divers, tout juste à classer dans le jargon des supporters de certains sports, côté virage, pouvait devenir une arme entre les mains de la société politique, voire même un phénomène de société. Mais voilà qu’aujourd’hui les revendications sociales se font presque systématiquement sur fond d’idéologie régionaliste. Qui sait si demain des guerres civiles n’éclateraient pas opposant des régions, voire même des localités voisines.

Quelle déception pour Bourguiba et quelle trahison pour son âme et son message ! « Une poussière d’individus » devrait s’en réjouir ? Que ces derniers ne crient pas trop vite à la victoire car la peau de la Tunisie est dure à cuire et les Tunisiens sont pour leur écrasante majorité vrais patriotes et tunisiens jusqu’à la moelle.

Que les comploteurs contre la patrie et son unité se rappellent donc le célèbre vers de notre illustre Chebbi, notre immortel Abul Kacem :


« Patience! Que tu ne sois pas trompé par le printemps,/
La clarté de l’espace et l’éclat du matin ;

Dans le vaste horizon, il y a l’horreur des ténèbres,/
Le grondement du tonnerre et les bourrasques de vent.

Prends garde ! Sous les cendres, couve le feu ardent!/
Et celui qui sème les épines, récolte les blessures. »

 (Traduction de l'arabe par Samia Lamine) 

Economique Jawhara FM

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