Ce présent qui fonde l’avenir, le vôtre et celui des générations à venir

Par Mansour M’henni

C’est malheureux quelque part, ce qui se passe dans le vent du second tour de l’élection présidentielle, en termes de division du peuple et de fomentation de ses instincts pour pousser le pays dans les aléas de comportements difficilement contrôlables s’il arrive qu’ils continuent à s’enflammer en crescendo, sans souci pour l’intérêt collectif et pour les conditions de redressement de la situation économique et sociale.

Avec quel langage et avec quels moyens allons-nous vers ce que nous nous complaisons à appeler la Seconde République et que nous devons vouloir et édifier comme telle ? A coup d’insultes ? A coup de dénigrements réciproques ? A coup d’accusations et de calomnies échangées ? A coup de rappels de considérations anachroniques comme le régionalisme, le tribalisme, et d’autres dysfonctionnements ?

La responsabilité est partagée, surtout que certains instigateurs de la violence qui cherche à reprendre son pouvoir s’érigent vite en donneurs de leçons de sagesse, niant toute implication et accusant la partie adverse de tous les torts.

La Deuxième République se construit d’abord sur l’égalité des droits de tous les citoyens, sauf ceux qui ont des comptes à rendre à la justice. Aucun discours ségrégationniste n’est plus permis entre ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, ceux du nord et ceux du sud du pays, ceux d’une étiquette islamiste et ceux d’une étiquette moderniste tant que les uns et les autres se soumettent aux règles de l’Etat civil.

Personne alors n’est en droit de revendiquer une quelconque faveur ou une illusoire primauté, personne surtout n’est en droit de parler au nom du peuple car celui-ci est aujourd’hui maître de son destin par le fruit d’élections libres et transparentes, quelles qu’en soient les insuffisances toutes naturelles à cette étape de la transition démocratique.

La démocratie se construit par tous les citoyens, avec eux et pour eux, et dans la dynamique de cette construction, les politiciens ne sont que des acteurs comme les autres, aussi égaux dans leur sagesse et aussi semblables dans leurs défauts. J’aurais envie de conseiller (si cela m’était permis) : banalisez vos politiciens, toujours dans le respect qui leur est dû, pour les réduire à leur dimension humaine, vous y retrouverez votre propre humanité… et surtout votre authentique liberté.

Votre liberté, chers concitoyens, n’est pas celle qui vous conduit derrière la rhétorique d’un beau parleur, c’est celle qui vous permet de marcher côte à côte, au même niveau, avec le responsable le plus haut placé dans la hiérarchie des institutions républicaines. Observez donc, écoutez, pensez et choisissez. Vous ferez là un acte de citoyen conscient et responsable et vous mériterez l’honneur de contribuer à l’édification de la Seconde République.

Ne vous laissez impressionnez par aucun attrait de star dont un candidat ou l’autre voudrait user, parfois jusqu’à en abuser ! Ne vous laissez manipuler par aucun discours, fût-il le plus impressionnant et d’apparence rationnelle, mais que vous n’avez pas le temps de vérifier et qui pourrait vous traîner vers une injustice envers votre patrie et son peuple.

Soyez vous-mêmes en votre âme et conscience. Rappelez-vous le chemin le plus logique : Observer, écouter, penser et choisir. Ainsi seulement, vous pourrez dormir tranquille sans avoir le soupçon, à chaque instant, d’avoir été abusés, et sans vivre, cinq ans durant, avec un quelconque complexe de culpabilité.

Sachez surtout que c’est cette liberté-là qui est fondatrice de votre citoyenneté et qui peut donner sens à votre existence, dans le sens de la responsabilité que vous devez assumer à l’égard d’un présent qui fonde l’avenir, le vôtre et celui des générations à venir.