Elections françaises, quelle alternative politique ?
Pr. Khalifa Chater
Les primaires ont étés des courses d'obstacles, pour les prétendants. Benoît Hamon a été la surprise des primaires à gauche. François Fillon a renversé les tendances des primaires de la droite et du centre et a réussi à éclipser Alain Juppé, qui était le grand favori.
De fait, vu la mobilisation des militants, les primaires ont permis l'émergence des radicaux de gauche et de droite, aux dépens de l'ensemble des électeurs. Les ’’marges auraient opéré une décentralisation effective et assuré la victoire de leurs porte-paroles’’, s'inquiétait un analyste. Mais la tournure des événements devait renverser la donne.
L'affaire de l'emploi de son épouse - le pénélopegate - altéra sérieusement l'image de François Fillon. Précipitation des événements, le candidat des Républicains serait convoqué le 15 mars par les juges d'instruction, pour être mis en examen. Il maintient cependant sa candidature à la présidentielle, rejetant tout plan B, qui pourrait sauver son parti. Sollicité d'assurer la relève, Alain Juppé a confirmé, lundi 6 mars 2017, son refus, vu la difficile reconstruction du rassemblement et la prise en compte de ’’la volonté des Français d'un renouvellement politique ’’. Ne ménageant guère François Fillon, il dénonce son obstination, qui a suscité une impasse et un ’’gâchis’’, pour la droite. Il constate que ’’le noyau des Républicains soutenant Fillon s'est radicalisé’’. Le spectre de la division, pourrait être mis à l'ordre du jour, par une deuxième candidature. D'une "élection imperdable", la droite vit la tragédie dramatique d'une "élection ingagnable".
La situation n'est pas plus satisfaisante à gauche. Benoît Hamon est sérieusement concurrencé par Jean-Luc Mélenchon qui défend son projet de "la France insoumise". La thèse improbable d'une alliance entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, en vue de la présidentielle de 2017 est rejetée, en dépit des visions gauchistes similaires. Lequel d'entre eux, pourrait affirmer son leadership sur le peuple de gauche ? Fait d'évidence, le parti socialiste n'a pas pu affirmer sa domination sur son camp.
Les sondages annoncent un triomphe au premier tour des élections d'Emmanuel Macron et de Marie Le Pen. Si les sondages ont une valeur statistique discutable, ils ont une valeur psychologique essentielle. Emmanuel Macron, l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande, fondateur du mouvement politique « En marche! » se présente comme un pragmatique, qui refuse de se classer à Gauche ou à droite. Inspecteur de finances et banquier d'affaires, il a une compétence certaine. Mais il manquerait d'expérience, selon ses concurrents. On critique volontiers sa rhétorique antisystème, sinon son populisme. Certains évoquent ses "rapports privilégiés avec le milieu de la haute finance et des banques d'affaires" (Romaric Godin", la tribune.fr, 3 mars 2017). Devant l'électorat, il est cependant " perçu comme une manifestation de la demande de renouvellement du personnel politique" (wikipedia.org). Par contre Marie Le Pen, qui arriverait au premier rang du premier tour, représente l'extrême-droite. Son élection improbable, pourrait, bénéficier de la radicalisation de l'opinion, par le rejet de la migration et les états d'âme qu'elle nourrit. Sa défaite, au deuxième tour, affirmerait que la France reste elle-même. Faisons ce pari.
