Elysée 2017 ?
Pr. Khalifa Chater
Le premier tour des élections présidentielles a écarté les représentants des grands partis politiques.
D'après les résultats définitifs, publiés lundi 24 avril, en fin d’après-midi, par le ministère de l’Intérieur et incluant le vote des Français de l’étranger, Emmanuel Macron, fondateur du mouvement En Marche, est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dimanche avec 24,01% des voix devant Marine Le Pen, Présidente du Front national, à 21,30%. En troisième position, François Fillon, candidat des Républicains, a obtenu 20,01% des voix, devant Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement de la France insoumise, à 19,58% et Benoît Hamon, candidat officiel du parti socialiste, à 6,36%. Aucun autre candidat n’a franchi la barre des 5% des voix.
Deux candidats, sans majorité parlementaire, sont ainsi qualifiés, pour le deuxième tour des élections qui aura lieu, le 7 mai prochain. Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour, a connu une ascension spectaculaire. Un parcours inédit sous la Vème République. Jamais élu, sans parti, il a créé son mouvement de toutes pièces. Inconnu du grand public il y a deux ans, à 39 ans, l’ancien conseiller de François Hollande se retrouve en position d’être élu président de la République. Marine Le Pen, Présidente du Front national, qui incarne l'extrême droite, s'est illustrée, par sa campagne, contre l'émigration, dans le suivi du discours, de son père, fondateur du Front National. Inaugurant son campagne, Marine Le Pen s'en est pris au "mondialisme" et au libéralisme du fondateur d'"En marche!". Poursuivant sur le même registre, elle affirme : "Macron est pour la mondialisation sauvage la plus brutale, la dérégulation notamment du droit du travail, il est pour l’immigration massive, il est pour la soumission et la fracturation en communautés." Elle décrit son adversaire comme l'héritier de Hollande (Antenne 2, lundi 24 avril, 20 heures). Par contre Macron a le loisir de critiquer la candidate d'extrême - droite et de dénoncer ses velléités de sortir de l'Union Européenne et de l'Euro.
De fait, les programmes économiques sont diamétralement opposés. Leurs différences sont cristallisées évidemment par les propositions sur l’Europe. Emmanuel Macron souhaite instaurer l’harmonisation sociale en Europe (formation, santé, chômage, SMIC…). Il est également favorable à la création d’un gouvernement économique au niveau européen et la mise en place d’un budget de la zone euro. A l’inverse Marine Le Pen prône la sortie de l’Euro, de l’espace Schengen, et un référendum sur le maintien ou non de la France au sein de l’Union européenne. D'autre part, Marine Le Pen veut mettre en place le principe de la préférence nationale. Pour inciter les employeurs à recruter des Français, elle veut créer une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger. A l’inverse d’Emmanuel Macron, elle souhaite abroger la loi Travail.
Changement de la perception française de l'extrême-Droite, alors que le vote Chirak/Le Pen, en 2002, a mis en évidence le rejet général du Front National, les positions actuelles des partis et des électeurs semblent mitigées et parfois ambigües. Les candidats des partis les Républicains et du parti socialiste, ont lancé un appel, en faveur de Macron. D'autre part, l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni demande à ses partisans de s'opposer au FN... s'ils votent. Par contre, Christine Boutin, ex-candidate à la présidentielle et ex-ministre de Nicolas Sarkozy, prône "le vote révolutionnaire" en faveur de Marine Le Pen pour faire battre Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, dans une série de tweets lundi. "Voter Le Pen ce n'est pas adhérer aux idées FN mais c'est affaiblir EM" (Emmanuel Macron), écrit l'ancienne présidente du Parti chrétien démocrate (PCD). Notons, cependant, que le report des voix, en application des positions des dirigeants, n'est pas certain : 49% des électeurs de François Fillon ont l'intention de rejoindre le camp d'Emmanuel Macron, 28% eux veulent faire le trajet inverse, tandis que 23% n'accorderont pas leur suffrage. Les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon, pour l'heure, se répartiront comme suit: 53% en faveur d'Emmanuel Macron, 16% pour Marine Le Pen et 31% voteraient blanc, nul ou s'abstiendraient. 17% des sondés n'expriment aucun choix à cet instant.
Peut-on affirmer que les jeux sont faits, en faveur d'Emmanuel Macron ? L'institut Elabe, qui a sondé les intentions de votes des Français pour BFMTV et L'Express, lundi 24 avril, l'annonce : Selon les réponses de ce panel d'électeurs, interrogé au lendemain des élections, Emmanuel Macron remporterait son duel face à la dirigeante du Front national par 64% contre 36%. Or, à l'heure qu'il est, 69% des sondés sont "tout à fait certains d'aller voter". D'autre part, les péripéties de la campagne et les changements d'états d'âme, pourraient modifier la donne. De ce fait, l'élection de Marine Le Pen, ne peut être exclue, des analyses prospectives.
