Emmanuel Macron, le nouveau Président …!
Pr. Khalifa Chater
Emmanuel Macron est élu Président de la République française. Il a obtenu plus de 65,8% des voix face à la candidate d'extrême droite (environ 34,2%), selon les résultats quasi définitifs.
C'est une date historique, qui marque une mutation d'envergure du paysage politique. Elu à 39 ans, sans appartenance à un parti politique, se démarquant du clivage gauche/droite, le nouveau président semble répondre aux attentes de la "France qui gronde" : François Hollande, le Président mal aimé, n'a pas cru devoir ou pouvoir se présenter. Les candidats des deux grands partis, les Républicains et le parti socialiste, ont été mis à la touche, lors du premier tour électoral. Emmanuel Macron a su incarner pour une partie de l'électorat de gauche, du centre et de la droite aux deux grands partis traditionnels, "se nourrissant de l'un et de l'autre, pour enfin les dépasser" (Nicolas Chapuis, le Monde, 25 avril 2017). Le plus jeune chef d'Etat français, depuis Napoléon, Il a lancé son mouvement En marche!, le 6 avril 2016, alors qu'il était encore ministre de l'Economie. Il prend ses distances avec le système politique classique: j'ai souhaité, dit-il, "créer un mouvement politique nouveau, c'est-à-dire qui ne sera pas à droite, pas à gauche". Il démissionne du gouvernement, le 30 août 2016. Installé désormais au centre de l'échiquier politique, il se définit comme progressiste et promeut un programme d'inspiration social-libérale. Le centriste François Bayrou, maire de Pau et patron du Modem, conclue une alliance avec lui le 22 février 2017. De nombreuses figures socialistes le soutiennent. Après le premier tour, des dirigeants juppéistes ou de la droite modérée le rejoignent, affirmant leur hostilité à Marie Le Pen.
L'affrontement avec la représentante du Front National, au cours de la campagne électorale a permis de définir les options du dirigeant de la mouvance : En Marche : réconciliation, attachement à l'Europe, ouverture. Le discours, en faveur de la "reconquête, de l'espoir et de l'optimiste s'oppose au programme de repli, de la peur et de la nostalgie coloniale. A juste titre, l'ancien Président Obama affirma que Macron "a fait passer les espoirs sur la peur". Notons cependant que le programme socioéconomique du nouveau Président n'est pas suffisamment explicité.
Deux conclusions devraient être tirées :
1 – Le triomphe d'Emmanuel Macron ne devrait pas relativiser le développement spectaculaire de l'extrême-droite. Pour la première fois, le Front National vient de dépasser les 34 % à une élection présidentielle.
2 – Emmanuel Macron devrait également tenir compte de l'ampleur de la protestation sociale, mise en avant par le très bon score du leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, au premier tour des élections (prés de 20 %).
L'élu pourra-t-il disposer d'une majorité assez solide pour gouverner. Emmanuel Macron est appelé à engager une politique de rassemblement, pour dote son mouvement d'une majorité parlementaire. D'ailleurs, le président élu Emmanuel Macron a demandé à ses partisans de se mobiliser pour les législatives pour former une "majorité de changement", lors de son discours sur l'esplanade du Louvre à Paris, après son élection. Son triomphe aurait vraisemblablement un effet d'entrainement. Mais les Socialistes et les Républicains annoncent déjà leur mobilisation, pour détenir une majorité législative. Autrement, le Président Macron serait obligé de réunir une majorité de circonstances instable ou d'admettre une cohabitation, qui marginaliserait son exercice du pouvoir.
