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Chronique05/09/2017 à 15:56

Faut-il renoncer à la gratuité de l’enseignement

Faut-il renoncer à la gratuité de l’enseignement

Par Mansour M’henni 

Dans une intervention radiophonique en date du lundi 4 septembre 2017, Noureddine Bhiri, le chef du bloc parlementaire d’Ennahdha, s’est livré à une évaluation approximative, me semble-t-il, du système éducationnel de notre pays, en prenant pour base la dégradation du niveau de notre enseignement.

Quand je dis « évaluation approximative », je n’entends pas une incompétence de l’intéressé à la faire ; au contraire il me semble maîtriser parfaitement son dossier sur la base de la plateforme idéologique de son parti. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que cela coïncide avec la proposition de son président, Rached Ghannouchi, appelant au retour des aouqaf, et le chargeant de le faire à l’ARP. Au-delà, on peut inscrire tout cela en réaction aussi à la proposition du président de la République de repenser la question de l’héritage et celle du mariage dans le sens de l’équité entre les deux sexes.

En arrière fond de la pensée politico-religieuse d’Ennahdha, il s’agirait d’une action en profondeur pour un projet de société passéiste jamais abandonné, quoi qu’on ait dit dans la famille politique, un projet bien développé, on s’en souvient, devant le fameux Wajdi Ghnim par le principal orateur d’Ennahdha, en l’occurrence Abdelfettah Mourou, qui est devenu le vice-président de l’ARP. La démarche n’est pas sans rapport, non plus, avec le conflit radical entre les islamistes et Bourguiba, quoi qu’on ait déclaré dans moult circonstances pour un dépassement de ce conflit.

N. Bhiri part de l’hypothèse que la précarité des conditions sociales des Tunisiens a pu justifier, à l’aube de l’indépendance, la politique bourguibienne de la gratuité de l’enseignement. C’est certes un facteur qui est entré en jeu, mais il n’est évoqué ici que pour camoufler l’objectif majeur de cette politique, en l’occurrence la démocratisation de l’enseignement pour l’égalité des chances de tous sur la voie du savoir, de la connaissance et de l’ascenseur social. C’est d’ailleurs pour cela que la gratuité de l’enseignement était doublée de son caractère obligatoire, fixé jusqu’à l’âge de 16 ans avec Ben Ali. Et même concernant la précarité des citoyens, peut-on omettre de signaler que la classe moyenne tunisienne, qui regroupait les « forces vives de la nation » sous Bourguiba et Ben Ali », représentant plus que 80% en 2010, a vu son « niveau de vie se détériorer gravement depuis la révolution [tirant] désormais le diable par la queue », a écrit Jeune Afrique en novembre 2016 ?

Il y a donc tous lieux de craindre que la demande nahdhaouie de renoncer à cette gratuité ne soit motivée par d’autres objectifs inhérents à la stratégie proposée par A. Mourou à Wajdi Ghnim. A croire aussi que toutes les démarches entreprises en vue de la prise en main, par la Nahdha, du ministère de l’Education, s’inscrivent dans cette stratégie intégrale. En ferait partie, par ailleurs, l’appel à un retour des Aouqaf dans la mesure où ceux-ci permettraient la conduite du système par une gestion parallèle, et au besoin contradictoire, de la politique de l’Etat.

N. Bhiri rappelle, à ce propos, le rôle des aouqaf, par le passé, et les compare aux fondations dans certains pays développés. Il importe alors de distinguer le rôle des fondations modernes, à caractère strictement civil, des aouqaf qui revêtaient un aspect social mais dont l’état d’esprit était foncièrement religieux, lié à l’idée de charité plutôt qu’au concept de citoyenneté. Leur rôle était bénéfique en temps de colonisation, mais avec un état national indépendant, les choses doivent être perçues autrement. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant qu’un parallèle soit établi avec le rôle de cette pratique dans la construction des mosquées.

Pour tout dire, n’importe quel Tunisien démocrate peut s’enorgueillir de voir l’islamisme politique muter vers la pratique civile de la politique, seul cadre propice à la démocratie au sens large et non exclusif. Ennahdha a montré ces derniers temps quelques indices d’une mutation civile, peu convaincants sur le plan pratique et disproportionnés par rapport à l’ampleur médiatique et propagandiste qui les a accompagnés. Mais à chaque fois que les choses sérieuses commencent, Ennahdha, par ses représentants les plus en vue, à part peut-être le président du conseil de la choura, Abdelkarim Harouni, en passe de devenir le porte-voix de l’ouverture légaliste et institutionnelle. Cela n’aide pas beaucoup parce que cela maintiendra vivace, chez plusieurs citoyens, le soupçon du double langage.

Plus que jamais donc s’impose la mise au clair de la plateforme civilisationnelle du modèle de société en Tunisie, dans le cadre strictement civil, qui ne contredit en rien le préambule de la constitution spécifiant que l’Islam est notre religion et que l’arabe est notre langue. C’est à y adhérer de façon sincère, explicite et pratique qu’Ennahdha donnera assez d’arguments pour convaincre ses concitoyens de son inaliénable tunisianité. Sans cela, tout ne serait que littérature. 

Economique Jawhara FM

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