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Chronique30/03/2017 à 10:16

Gloires et déboires de la politique du livre

Gloires et déboires de la politique du livre

Par Mansour M’henni 

 
En cette fin du mois de mars et en marge, peut-être, des débats politiques ayant conquis presque la totalité des espaces des échanges de tous genres, le livre semble susciter un certain intérêt dont on ne saurait dire s’il est essentiellement intellectuel. L’occasion en est évidemment la Foire Internationale du Livre.

De fait, un vrai débat sur le livre est toujours important et devrait être entretenu régulièrement de façon à maintenir les consciences en éveil et les volontés en alerte. Ce débat devrait être également aussi élargi que nécessaire afin de revêtir le caractère « démocratique » qu’on lui voudrait. De ce point de vue, les principaux acteurs de l’industrie du livre et de sa politique engageraient leur responsabilité autant que leurs droits afin d’infléchir la gestion de la dynamique livresque aux exigences de la transparence, du réalisme et de l’objectivité. Ces acteurs sont au nombre de cinq : L’Etat, l’éditeur, le distributeur, le public et l’auteur. Oui, l’auteur en dernier et il n’y a pas de raison de s’en étonner.

Tout Etat prend position, dans sa politique culturelle, à l’égard du livre et cela se concrétise surtout par ce qu’on appelle la politique d’encouragement à l’écriture et à l’édition, mais aussi celle d’acquisition des livres. Or, contrairement à ce qu’on entend parfois sur certains plateaux, l’encouragement n’est pas uniquement en matière de papier ; il est rarement en termes d’appui direct aux auteurs, mais en achats de livres. Il est à rappeler également que, depuis longtemps, la Tunisie est l’un des rares pays à assurer constamment une politique d’acquisition en la matière. Là-dessus, c’est les éditeurs qui en profitent le plus et c’est les auteurs qui n’en tirent pratiquement rien, tout au plus des miettes charitablement « offertes » par l’éditeur au pied d’un mur de lamentation sur les malheurs de la « fonction ».

Au résultat, les éditeurs se plaignent toujours mais ne cessent de se multiplier (même en pleine crise économique du pays) et ne pensent pas à fermer, sauf cas rares. C’est qu’ils ont l’art de monter leurs stratégies de façon à ne jamais manquer de ressources (et c’est de bonne guerre, sans doute) et à tirer le meilleur profit des opérations éditoriales engagées, grâce d’ailleurs à des termes contractuels bien consignés et régulièrement cosignés. A la fin, un bon commerçant, c’est surtout cela et un éditeur est avant tout un commerçant, quand il ne l’est pas exclusivement. En conséquence, je dirais qu’il n’y a pas trop à se soucier des petites guerres que certains d’entre eux mèneraient contre l’Etat, car ils le vanteraient pour la première lueur d’avantage à acquérir et le diaboliseraient pour le petit retard ou la moindre modulation de l’appui qu’ils en attendraient.

En bons commerçants qu’ils sont ou qu’ils sont censés être, les éditeurs devraient être les derniers à se plaindre de l’Etat. Ils devraient d’abord veiller à monter leur business plan de façon à assurer convenablement aussi bien leurs bénéfices que les intérêts de leurs partenaires. Ce qui est dit ici ne plaira sans doute pas, mais tout le monde sait qu’il n’y a rien d’erroné.  

D’un autre côté, il y a la distribution et celle-ci constitue la grande faiblesse du système. Malheureusement, il n’est pas de grande raison de la voir assurer par l’Etat. Ce dernier l’encourage en favorisant la participation de notre pays aux foires internationales d’autres pays, mais ne saurait s’occuper de ce service. D’ailleurs l’histoire montre que les entreprises étatiques qui avaient été crées pour cette tâche avaient été conduites à la faillite par ceux-là mêmes qui s’en occupaient et qui s’étaient convertis en éditeurs ou en distributeurs. L‘essentiel aujourd’hui est de trouver le bon cahier de charges qui permet la prolifération des distributeurs à grande portée internationale pour favoriser la diffusion de nos livres en dehors de nos frontières, et d’accompagner leur tâche par un appui relationnel, partenarial et médiatique conséquent. Que dire alors quand on sait que la distribution n’est même pas généralisée à l’intérieur du pays !

Pour le public, la question est plus complexe, car il y a le public du livre en tant que matière marchande et le public du livre en tant que matière intellectuellement consommable. Le premier est bibliophile et le second est lecteur. La société civile devrait travailler davantage sur ces deux catégories en même temps, de façon à en multiplier le nombre et surtout de façon à entretenir la régularité de leur rapport à l’acquisition livresque. Cela se cultive aussi dans les écoles, les universités et les espaces culturels. Cela se donne aux enfants avec les premiers pas qu’il commence à faire dans la vie, et cela, tout le monde en est responsable.

Quant aux auteurs, ils sont les derniers bénéficiaires pécuniaires des encouragements et des appuis consentis à l’industrie du livre. Sauf peut-être ceux-là qui ont acquis l’art du commerce avec des lobbies cherchant, grâce à des stratégies biaisées parfois car souvent dirigées par des manières dont ils ont le secret, à tirer profit des services des intellectuels pour d’autres intérêts plus substantiels (publicitaires, médiatiques et même politiques). Cela aussi n’est pas spécifique aux Tunisiens et l’on ne peut que vivre avec, sans doute. Il y a donc deux sortes d’écrivains, indépendamment de la qualité des écrits : ceux qui sont intégrés dans la machine de production, à n’importe quel prix, et qui n’auraient pas à se plaindre, pouvant même devenir des écrivains à la commande. On les appelle les écrivains professionnels. Les autres, confinés au statut d’amateurs ou d’occasionnels, n’ont qu’à assumer cette posture, ô combien noble par ailleurs, et continuer d’écrire dans l’attente de jours meilleurs ou d’un regard qui leur serait jeté par-dessus le pont reliant la vie au trépas. 

Economique Jawhara FM

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