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Chronique26/08/2014 à 11:22

Les vents et les auvents du voyage de Ghannouchi en Algérie

Les vents et les auvents du voyage de Ghannouchi en Algérie

Par Mansour M’henni

Comment s’empêcher de parler encore de Rached Ghannouchi, sous les différents statuts qu’on peut lui voir ou sous les différentes casquettes qu’il paraît avoir ? En parler autant c’est tout simplement s’inscrire dans la pleine mouvance de l’actualité politique et médiatique.

Ce n’est donc ni par une quelconque animosité ni par une gratuite curiosité, mais juste par un légitime souci de s’inscrire dans le débat national et international avec une icône du mouvement qui, qu’on le reconnaisse ou non, mobilise autour de lui toutes les attentions.

La preuve ? C’est au moins toutes les spéculations qui ont porté sur le dernier voyage du président d’Ennahdha en Algérie, sur invitation du président Bouteflika en personne.

 

Rappelons, pour l’occasion, la première entrevue de Bouteflika avec le Ghannouchi, le 20 novembre 2011, dans la foulée du succès d’Ennahdha aux élections du mois d’octobre et dans l’indifférence des Tunisiens, surtout les médias, par trop concentrés sur la composition du gouvernement en formation.

Cette visite s’inscrivait alors dans la perspective d’un nouvel accordage des violons, après la rupture des années 90, les années d’extrême et cruelle violence en Algérie. Force était, pour Rached Ghannouchi, de souligner trois données de base :

+ «La révolution tunisienne n’est pas exportable, et si elle l’est, elle ne serait pas vers l’Algérie qui dispose d’un héritage révolutionnaire.»

+ «Notre modèle est fondé sur un mariage entre l’islam et la démocratie et la modernité. Nous voulons présenter un modèle serein qui serait un bien pour tout le monde.»

+ La nécessité de lancer une coopération entre les deux pays, stratégiquement condamnés à faire face, ensemble, à la menace terroriste aux frontières.

 

La seconde entrevue de Bouteflika avec Ghannouchi a eu lieu le 10 septembre 2013, quand le leader d’Ennahdha est allé « féliciter le chef de l'Etat algérien de son rétablissement », selon un communiqué du Mouvement. Il était alors le premier dirigent étranger reçu par le président convalescent. Evidemment, autant que la circonstance le permettait, on aborda « les relations bilatérales ainsi que le défis que rencontre la région ».

De fait, Ghannouchi allait s’expliquer de sa déclaration de soutien à la candidature de Abderrezak Makri, leader du parti MSP à l’élection présidentielle de 2014, pour s’assurer encore du soutien de l’Algérie en période de doute sur l’avenir après ce que son mouvement considère comme un « complot en Egypte », contre l’islamiste Morsi, et après la tension bipolaire reliant les événements en Libye et le terrorisme à Chaambi.

On s’en souvient, contrairement à la première, cette seconde visite a suscité les commentaires et les rumeurs les plus contradictoires, surtout que Rached 

Ghannouchi en était revenu tout transformé, avec un langage nouveau, une souplesse inaccoutumée et des concessions inattendues ayant provoqué des mécontents dans les rangs du mouvement et un certain cafouillage dans les rapports entre les différents niveaux de la hiérarchie. A moins que cela ne fût que simple spectacle offert au public par une structure politico-religieuse où la discipline est une règle dont la transgression est inadmissible ! Hechmi El Hamdi en sait bien quelque chose.

Bref, l’essentiel de l’interprétation de cette seconde visite, c’est qu’une mise en garde franche et appuyée, dossiers des services secrets à l’appui, a été sévèrement formulée par le président algérien quant à toute implication ou tout soutien d’Ennahdha aux groupes terroristes.

 

Sans doute est-ce pour ces raisons que la dernière visite de Ghannouchi en Algérie, celle du 24 août 2014, a d’abord été accompagnée de petits commentaires ironiques parlant plus de « convocation » que d’invitation, pour une mise au point concernant la prochaine échéance électorale, un peu à la manière de ce que les Américains semblaient avoir fait avec Hamadi Jbali et Béji Caïd Essebsi avant les élections d’octobre 2011. Ces commentaires sur la dernière visite étaient trop rapidement avancés par des gens montés contre le mouvement islamiste jusqu’à l’exaspération, et chargés d’une telle animosité contre lui qu’ils ont des difficultés à voir la réalité en face. Pour eux, Bouteflika aurait « convoqué » Ghannouchi pour le rappeler à l’ordre et le sommer de laisser réussir la transition électorale (arrêtons de parler de « transition démocratique », car il est de fait que la démocratie n’est pas seulement élections), dans la meilleure des régularités et de la sécurité, en s’écartant de toute manipulation dans laquelle il s’impliquerait par un quelconque encouragement à la violence et au dysfonctionnement de la gestion des affaires de l’Etat.

Evidemment, ces analyses un peu trop simplistes pour le cas de figure, ont vite changé de perspective après ce qu’on appellerait « l’indice du tapis rouge » devant Ghannouchi. Là, notre interprétation serait la suivante :

Le président algérien, qui n’est  pas né de la dernière pluie, ne se hasarderait pas de façon hégémonique et directive dans des questions de politique intérieure d’un pays, fût-il un pays frère et de bien étroite proximité. Son équipe non plus. Ce qu’il y aurait, c’est une conviction quasiment assurée pour eux du prochain succès d’Ennahdha dans les élections tunisiennes de 2014 et son inéluctable destin à conduire la prochaine étape de la gouvernance de la Tunisie (Va savoir pour combien de temps !). Du coup, cette dernière invitation, qui sonne déjà comme un plébiscite, aurait eu pour objet et pour objectif d’engager déjà les modes de coopération et de solidarité géostratégiques de façon à se respecter dans la spécificité respective de chaque partie et à fédérer les efforts et les moyens pour conduire le destin partagé et les intérêts réciproques.

Cette conviction algérienne serait l’étude minutieuse et bien fournie des conditions de l’émulation politique dans la Tunisie actuelle. Tous les partis ne seraient en fait que des particules satellitaires courant aveuglément vers un petit strapontin à ravir à

un adversaire de même dimension. Même celui qui passait pour le principal contrepoids à opposer à Ennahdha, en l’occurrence Nidaa Tounès, ne paraît plus résister solidement à ses divisions internes dues aux maladresses répétées de ses dirigeants et à l’incertitude de ses militants, sauf les plus passionnés, donc les moins à même de rationaliser les faits, leurs causes et leurs effets.

Le « geste algérien de la dernière heure » serait donc, à mon humble avis, un acte d’opportunisme politique, rationnel et réaliste ; mais il serait, en même temps, le miroir dressé devant l’opposition tunisienne, toutes tendances confondues, pour lui faire voir les marques attestées de son manque de maturité.

Tout semble indiquer, en effet, que « la démocratie des progressistes », souvent désignés comme des laïques, n’est pas encore d’actualité. Il lui faudrait d’abord se créer les conditions objectives de faisabilité, ce qui est loin d’être le cas.

Economique Jawhara FM

jmc
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