A quand un vrai débat autour de la culture et autour de sa gouvernance ?


Par Mansour M’henni
C’est sans doute l’été qui suscite les plus grands débats autour de la gestion de la culture, laissant les débats foncièrement culturels à d’autres périodes de l’année où des événements se concentrent particulièrement sur des questions de pensée, de création, de littérature et d’éducation.
Peut-être est-ce dans la logique de cet état d’esprit que se situent les questions posées dans l’assemblée de l’ARP à la ministre de la Culture, en cette fin de juillet 2025.
Rien d’étonnant donc à ce que cet « interrogatoire » soit davantage marqué de la couleur politique que de la couleur culturelle, et rien de surprenant à ce que certains commentateurs des médias concluent à la juste routine des choses où les poseurs de questions, toujours les mêmes ou presque, s’acquittent de leurs questions et où les interrogés fournissent leurs réponses, toujours les mêmes ou presque.
L’année politique est ainsi close et tout le monde s’en va comme il en va, pour un bon mois de vacances bien méritées. De fait, le débat autour de la politique culturelle est encore à concevoir tant dans sa forme que dans son contenu. Il n’est possible qu’en posant les vraies questions et qu’en s’appliquant sincèrement à trouver les réponses les plus efficientes et les plus constructives, en dehors de toute personnalisation, de toute prise de parti sectorielle ou de toute manipulation idéologique.
Parmi les questions en cours ces derniers temps, et depuis un certain temps déjà, il y a celles portant sur certaines directions générales sectorielles dont on relève certains dysfonctionnements liés à des décisions suspectes et à des intentions douteuses, laissant croire à la fois à l’incohérence de leur création et à la contestabilité de l’adéquation de leurs objectifs et de leur gestion.
Il en est ainsi surtout du CNCI dont le dysfonctionnement est aggravé par sa relation souvent problématique avec la cinémathèque. Mais il y a en plus tout le procédural administratif qui, au lieu d’œuvrer à dynamiser le secteur, ne fait que le pousser à l’immobilisme et à la tension, interne et externe. C’est à se demander s’il est vraiment bon d’avoir doublé la direction générale du cinéma par un Cnci, comme d’ailleurs de plusieurs autres doublures du genre tant dans le secteur des arts plastiques que dans celui du patrimoine, etc.
Il y aurait à poser également la question du statut et du fonctionnement de l’Etablissement National pour la Promotion des Festivals et des Manifestations Culturelles et Artistiques, qui semble avoir choisi la politique de promotion de quelques festivals particuliers, ceux du spectacle fût-il de la plus banale qualité, contre tout encouragement sincère des manifestations culturelles et artistiques qui cherchent à s’inscrire pleinement dans la conscience et dans la pensée de la culture des profondeurs et des valeurs.
Les initiateurs de ces manifestations culturelles n’ont souvent même pas droit, par respect des procédures, à une réponse signifiant le rejet de leur demande de soutien et le refus de leur accorder une quelconque subvention.
A ce propos, peut-être est-ce encore et toujours d’actualité la question de dissolution de cette DG au profit des Directions régionales des affaires culturelles ? Question à creuser mais non à adopter dans la précipitation ! Pour finir, disons que la culture et sa politique sont, comme tout le monde le répète, des nerfs moteurs de la citoyenneté et du développement sociétal.
De ce point de vue, la vraie question est : « A quand un vrai débat ouvert, conversationnel dans le vrai sens du mot, autour de la culture en général et autour de sa gouvernance ? ».



