Accord russo-américain, à propos de la Syrie…!
Pr. Khalifa Chater
Troisième visite en douze mois, le Secrétaire d'Etat John Kerry s'est rendu à Moscou, le 14 et le 16 juillet, pour relancer le processus de paix, en Syrie.
Washington demande à Moscou, d'exercer des pressions sur son allié Bachar al-Assad, pour une reprise des négociations à Genève. en vue d'une transition en Syrie Les discussions ont duré plus de douze heures; Les deux parties avaient intérêt à signer l'accord, les Russes par ce qu'ils souhaitent restaurer leur coopération avec Washington, Kerry a besoin de faire valoir sa position, sur les intransigeants de son administration.
A l'issue d'une longue journée de négociations, le vendredi 15 juillet, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est adressé à la presse, en compagnie du ministre russe des Affaires étrangères et a annoncé que les Etats - Unis et la Russie sont parvenus à un accord de principe sur les mesures à prendre pour relancer le processus de paix en Syrie. Il reste toutefois du travail à accomplir pour qu'elles puissent être mises en œuvre, a-t-il dit, précisant que Washington et Moscou n'étaient pas venus à bout de leurs divergences sur le rôle du président Bachar al Assad. ‘‘Il est possible, dit-il, de rétablir la cessation des hostilités, de réduire les violences de façon importante et de contribuer (...) à une transition politique véritable et crédible’’. Confirmant l'accord, Sergueï Lavrov s'est lui aussi félicité des progrès accomplis lors de ces discussions : ‘‘ Nous avons trouvé une position commune sur ces mesures concrètes que la Russie et les Etats-Unis, en, tant que coprésidents du Groupe international de soutien à la Syrie, peuvent prendre pour améliorer l'efficacité de leur travail’’, a-t-il déclaré (Reuters, Moscou, 16 juillet 2°16).
Les points d'accord n'ont pas été dévoilés. Mais les deux diplomates sont apparus confiants. John Kerry explique sa discrétion par un souci par un souci d'efficacité : ‘‘Les mesures concrètes sur lesquelles nous nous sommes entendus, dit-il, ne seront pas dévoilées publiquement sous la forme d'une longue liste parce que nous voulons qu'elles marchent et parce qu'il faut encore y travailler pour cela. Mais cet accord pourrait changer la situation’’.
La concertation ne s'est d'ailleurs pas limitée à la question syrienne. L'objectif affiché par l'administration d'Obama est de renforcer la coopération militaire, entre les deux puissances, pour faire face au défi de Daech. On évoqua la création d'un commandement conjoint et d'un partage de renseignements, à cet effet. On s'est mis d'accord aussi sur la création d'un centre de coordination, basé à Amman, en Jordanie. Mais cette initiative "mettrait les Russes, dans une position délicate vis-à-vis de leurs partenaires iraniens, avec lesquels ils partagent un centre concurrent à Bagdad". Cette proposition impliquerait l'accord de Bachard al-Assad, pour limiter les frappes de l'aviation syriennes (Marc Semo, "Syrie : Américains et Russes s'accordent", Le Monde, 18 juillet 2016). Notons que la coopération entre Washington et Moscou, en Syrie, se limitait à la "déconfliction", c'est-à-dire un échange d'information minimal, pour éviter des collusions en vol. Russes et occidentaux n'ont certes pas les mêmes visions stratégiques au Moyen-Orient. Mais ils sont désormais persuadés qu'une solution militaire est exclue, en Syrie. Ce qui rapproche les points de vue, dans le contexte d'une prise de distances des mouvances radicales et de leur stratégie du chao. Pouvaient-ils ouvrir les horizons de la paix ?
