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Chronique26/05/2014 à 11:31

Adieu Sultan Brahim ! Le peuple mort a toujours peur de mourir !

Adieu Sultan Brahim ! Le peuple mort a toujours peur de mourir !

par Mansour M'henni

 

Aujourd’hui, mes amis, je vous parle d’un autre concitoyen qui vient de partir, à l’âge de 84 ans, semble-t-il. Je ne sais à quel âge (le sien ou le mien) j’ai dû prendre conscience de son existence ! Je sais seulement qu’il a toujours été un personnage exceptionnel dans le roman de ma vie. Sans doute est-ce pour cela qu’il a souvent été dans mes écrits jusqu’à occuper une bonne partie de mon roman La Nuit des mille nuits ou Le Roi des pendus. Il s’appelle Brahim.

Qu’importe son nom de famille, d’autant plus que ce ne sont pas les homonymes qui manquent ! Sachez que tout le monde l’a connu sous le nom « Brahim Tnagnag », « Brahim Essayadi », ou tout simplement « Tnagnag ».
Gare à le confondre avec le personnage du « fou du village », à moins de reconnaître d’abord que pour vous, nos fous sont nos meilleurs philosophes :

« Nos fous ont des noms de prophètes
Or un prophète n’est pas fou
Nos fous sont donc un peu poètes »

Il est mort célibataire parce que, dit-on, il aurait aimé une femme qu’on lui avait refusée. Il avait donc élu domicile dans une petite boutique d’à peine une dizaine de mètres carrés, où il avait son métier à tisser, jusqu’au jour où il n’a plus pu y entrer (« descendre », dit-on dans notre jargon), mais il faisait aussi du petit commerce des mollusques. Sa boutique donne sur la petite place centrale de la médina, quand celle-ci n’était constituée que de « deux maisons et une boutique », comme s’il voulait donner la preuve, par ce placement, qu’il est le centre de la ville et son pilier central, qu’il est son origine et son aboutissement.
Il l’était vraiment de par l’ambiance qu’il y avait créée, de par la mobilisation collective autour de ses dits et de ses parodies, de par son rire sarcastique dont les cascades donnent parfois l’impression de faire crouler le ciel sur la terre et ses habitants.
Les formules les plus célèbres, qui étaient sorties de sa bouche comme des « langues de feu », s’étaient propagées un peu partout dans le pays et même à l’étranger. Faute de droits d’auteur sur ces produits, certaines personnes en manque de génie s’en sont attribué quelques-unes, sans remords ni vergogne.
Deux d’entre elles sont restées indélébiles. La première date du milieu des années 80, quand la Tunisie était sous la menace d’un éclatement généralisé. Brahim se promenait alors dans les rues de sa ville natale et des villes environnantes, scandant comme un scandale : « Le peuple, déjà mort, a toujours peur de mourir !».

« Peuple c’est vrai est un hibou comme un seul homme
Démembrement serpent de boue de rampement

Le peuple déjà mort tremble encor de mourir »

La seconde date de « l’aube du changement du 7 novembre 1987 » : toujours aussi riant, aussi errant et aussi criant, Brahim haranguait la foule de ces propos : « On a changé de mulet, mais la charrette est la même ! »

Brahim est donc la preuve que la sagesse qui devrait nous commander n’est pas toujours là où nous la croyons, et encore moins chez ceux qui se prétendent de grande sagesse. Il aura marqué notre ville, et peut-être une société plus large, plus que prévu et plus que souhaitable pour certains. Que son âme repose en paix pour toutes les douleurs de ce monde qu’il a portées dans son cœur et qu’il a sculptées dans sa tête !
Mon voisin d’enfance est parti et la nouvelle de sa mort m’est parvenue tardivement comme celle du départ d’autres disparus aussi importants ou de moindre importance. Ma seule consolation, c’est d’en avoir fait et de continuer d’en faire un compagnon de l’écriture, à même d’ouvrir mon esprit sur les lumières de l’existence.

Comme mot de la fin, et dans le prolongement des deux morceaux poétiques extraits de mon recueil Mots d’amour, je dédie à son âmece paragraphe tiré de mon roman La Nuit des mille nuits ou Le Roi des pendus:

« Brahim était seul face à sa navette qui allait et venait comme une démenée, ne contrôlant rien de son mouvement, ni de son statisme dès que le tisserand déciderait de la reposer. Il se demanda en quoi, lui qui se croyait fort de son audace et de sa liberté, était différent de cet objet. Les sentiments ? Il n’en avait plus, ou n’en avait plus assez pour prétendre à une vraie humanité. La raison ? Les gens le prenaient pour un fou et arguaient de cela pour lui éviter la colère du Palais et de ses sbires chaque fois que l’un de ses propos paraissait tellement sensé qu’il incommodait la haute autorité. »

 

Economique Jawhara FM

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