Chronique30/08/2023 à 09:33
Ce train-train des choses ne peut pas continuer
Par Mansour M’henni
Le mois d’août 2023 se clôt sur un signe d’adieu ou d’au-revoir à peine perceptible tant la vie continue toujours dans un certain sens de l’accommodation avec ce qui se vit dans le sens du loisir, des vacances, de l’errance, comme autant de manifestations du farniente.
Le mois d’août s’en va donc avec la plupart de nos concitoyens rentrés chez nous pour leur pèlerinage estival ; il s’en va avec tous les touristes venus de plusieurs pays gardant encore de l’amitié ou de la nostalgie pour notre Tunisie difficile à dénaturer ou à travestir, quoi que fassent certaines âmes en peine de la voir dans un heureux et séduisant profil. Ce dernier est évidemment ainsi considéré en dehors de tous les tiraillements, les différends et les conflits qui puent souvent des politiques mal semées, mal cultivées et mal exploitées.
Le mois d’août s’en va également avec les incendies qui semblent adorer s’exhiber annuellement dans nos forêts comme pour fêter l’été à leur manière ou à celle de leurs auteurs. Il s’en va avec les morts, apparemment plus nombreux que de coutume, soit d’accidents de la circulation ou de l’inattention aux risques mal calculés en pleine mer, soit à des maladies de saison, particulièrement aggravées par les différents variants du coronavirus SRAS-CoV-2 depuis trois ans, voire même de réveil d’un instinct criminel secoué par une illusion de liberté.
Autant dire à la fin que le mois d’août s’en va avec ce qu’il a de bon et de mauvais et que son départ annonce l’automne et ce qu’on en attend. Mais les faits marquants qui s’annoncent sont d’un certain goût de déjà vu, surtout en matière politique. En effet, si celle-ci a fonctionné en veilleuse pendant l’été, elle semble se préparer à reprendre son souffle en aiguisant ses lames et en attisant ses flammes. Chacun à sa manière, pour ses propres intérêts et ses calculs spécifiques, tout en bradant l’intérêt général. Avec en perspective les prochaines échéances électorales…
On y est déjà avec toutes les prophéties : les uns pensent que la présidentielle 2024 n’aura pas lieu, mais en même temps, ils appellent tous les opposants à s’unir pour les élections ! D’autres cherchent déjà à boycotter des élections au profit d’autres élections ! Il y a un effet de balance pour certains entre des élections en référence à la constitution de 2014 et des élections en mode 2021. On discute aussi de priorités : les municipales ou la seconde chambre ? Bref, il y a de tout et beaucoup de flou. Finalement, « Rien de plus légitime, dirait-on, du point de vue de la fonction des mouvements politiques » ! A la bonne heure, pourvu que le citoyen sache distinguer le bon grain de l’ivraie ! Pourvu que les activistes politiques aussi, y compris les syndicats, sachent distinguer d’un côté ce qui est l’objet de leur lutte, de l’autre ce qui relève de l’intérêt du droit des citoyens tunisiens.
Il y a évidemment une dynamique de repositionnement de l’UGTT, surtout après tout ce qui a été dit à son propos et à propos de son Secrétaire général. Mais la question se pose alors de nouveau quant à la technique de prise en otage pour renforcer l’impact d’une action syndicale. Nous avons vécu la retenue des notes dans l’enseignement, jusqu’à l’aboutissement que l’on sait. Maintenant, le syndicat des distributeurs de carburant réapparaît avec une menace de grève ayant relancé la discussion entre les concernés ; mais la menace persiste pour une date fort symbolique : les 14 et 15 septembre ! Est-il question de bloquer la rentrée scolaire ? L’école en otage ?
Tout cela est à repenser ! Tout cela est à discuter ! En toute conscience et en toute responsabilité. Car ce train-train des choses ne peut pas continuer.