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Chronique03/08/2016 à 13:31

Chronique : Bourguiba, cette intelligence à toujours interroger

Chronique : Bourguiba, cette intelligence à toujours interroger

Par Mansour M’henni 

Il peut paraître paradoxal de s’arrêter encore une fois sur le jour anniversaire du défunt Bourguiba pendant que la plupart des Tunisiens sont déchaînés, qui en panégyriques pompeux et qui en violentes diatribes, autour du nouveau chef du gouvernement proposé par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, dont l’attachement et la reconnaissance à Bourguiba ne sont plus à prouver. Sauf peut-être quand il s’agit de sa coalition politique avec Ennahdha. 

Pourtant, en ce moment de grande débandade qui sonne comme une insensibilité irresponsable à l’intérêt de la patrie, c’est de Bourguiba que je voudrais me souvenir, prêt à lui pardonner certains de ses défauts et même certaines défaillances de la génération qu’il avait conduite au pouvoir ! En effet, le Combattant suprême, qui n’avait pas volé ce titre, avait une vision cohérente de la conduite de la chose publique, avec des principes éthiques inaliénables : avoir les mains propres, éclairer les esprits, asseoir les fondements de la création de la richesse, refuser l’extrémisme comme la peste, et inscrire la diplomatie dans la gestion pacifiste et légaliste des rapports avec les pairs. Cela paraît simple aujourd’hui, mais cela n’était du tout pas évident en son temps.


Qu’il ait eu, par moments, une attitude répressive à l’égard de ses opposants, cela est certes regrettable concernant un certain nombre d’entre eux, surtout les opposants de gauche qui, il faut l’avouer, n’ont jamais été dans l’opposition « meurtrière », mais cela peut se comprendre à l’égard de ceux qui avait comploté contre lui et ourdi des stratégies, non réussies, pour se débarrasser de lui. A méditer la situation actuelle de la Turquie et certains faits d’Histoire, il y a tout lieu de penser que le crime est peut-être inhérent à la politique par trop politicarde, et de se demander jusqu’à quel point ce qu’on appelle « la démocratie », avec souvent une modulation très relative et peu scrupuleuse, a pu ou peut encore changer quelque chose dans cette étroite relation entre le pouvoir et le crime.



Autant dire que dans cette façon d’être et de faire, Bourguiba reste un ange et son projet demeure foncièrement humaniste, sauf ce qui en a été travesti par certains de ses collaborateurs. C’est d’ailleurs pourquoi je salue, personnellement, la restauration des statues de Bourguiba dans des lieux symboliques, non seulement pour la valeur de la personne, largement méritoire, mais pour la profondeur civilisationnelle de son projet politique. Je crois aussi que toute méconnaissance de ce mérite est contraire à une perception rationnelle et à une conception moderniste de la Tunisie, dans le sens de l’Histoire tout en demeurant fidèle à sa nature intrinsèque, rebelle à toute tentative de déformation de ses caractéristiques fondamentales.

Force est de souligner que, dans l’hystérie « révolutionniste » de l’après 2011, on a beaucoup nui à Bourguiba, qui par trop de mépris sentant la rancune et la revanche et qui par un nouvel héroïsme mensonger pouvant peut-être aider à camoufler un engagement antérieur jugé répréhensible et hors de saison. Du haut du ciel où il doit les observer, les uns et les autres, Bourguiba doit rire à gorge déployée comme il riait sous cape de ceux qui croyaient profiter d’un manque de discernement attribué à sa maladie. Une anecdote me revient à ce propos et je ne peux manquer de la raconter comme conclusion de cette chronique :

En août 1986, à l’occasion de son anniversaire, Bourguiba reçut, à Skanès en présence de son conseiller Mansour Skhiri, un chef d’Etat africain venu lui  présenter ses vœux. C’était en ces temps où l’on propageait la rumeur d’une maladie mentale contractée par le Président.
De sa voix balbutiante conduite par la courbure tremblante de son majeur, un geste devenu depuis si peu vulgaire, Bourguiba dit à son invité :
« Vous savez, pour mon anniversaire, tous les présidents du monde m’ont envoyé un télégramme, même le Général De Gaulle m’a envoyé un télégramme ! »
Le Général De Gaulle ?! Mort depuis seize ans !! L’invité a dû se rendre compte qu’on avait eu raison de le prévenir contre les délires de son hôte. Et Bourguiba d’ajouter à l’intention de son conseiller : « N’est-ce pas Monsieur Skhiri ? »
--Bien sûr Monsieur le Président. --Allez chercher le télégramme !
Que pouvait faire le pauvre conseiller sinon s’éclipser sous prétexte d’aller chercher le télégramme.
A peine sorti, Bourguiba se retourna vers son invité et dans toute sa lucidité raisonnable, marquée d’une note de triste ironie, lui dit : « Je leur fais faire tout ce que je veux. »

Economique Jawhara FM

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