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Chronique29/03/2014 à 21:12

Chronique : Kateb Yacine revient en Tunisie, nous a-t-il jamais quittés ?

Chronique : Kateb Yacine revient en Tunisie, nous a-t-il jamais quittés ?

Par Mansour M’henni

Ce samedi 29 mars 2014 à El Teatro (Tunis), Le Cercle algérien de Tunis a pris l’initiative de programmer un spectacle théâtral pour le 20° anniversaire de l’assassinat de Abdelkader Alloula, que l’obscurantisme et l’intolérance ont tué froidement, à Oran, en mars 1994, et sans doute, à travers lui, rendre plus largement hommage à l’ensemble des hommes de culture et intellectuels qui ont été éliminés au cours de la terrible décennie 90, durant laquelle le terrorisme s’est abattu sur l’Algérie. Heureuse initiative au centre de l’actualité qui semble rendre aussi pesante la menace de ce terrorisme aveugle, dans les pays mêmes où, au nom d’un prétendu printemps, on croyait pouvoir faire régner la liberté, la tolérance et la dignité.

Le spectacle programmé s’intitule : Le Cœur entre les dents ou Kateb Yacine revient, à partir d’un texte de Benamar Mediene et d’une mise en espace et une représentation de Sid-Ahmed Agoumi.

Pertinente à plusieurs propos est l’expression « Kateb Yacine revient », surtout doublée de celle empruntée au livre de B. Mediène, « Le cœur entre les dents ». Car Kateb nous a-t-il jamais quitté et nous quittera-t-il jamais, lui toujours vivant en nous dans nos instants d’amour et de révolution, l’amour tel qu’il le sens, capable de couvrir l’humanité entière, et la révolution comme il la voit, la juste mesure du mouvement de l’univers et de la circulation du sang cosmique.

Kateb revient donc dans l’être humain que chacun de nous est, avec ses besoins d’humanité et ses devoirs d’humanité : telle est notre condition qu’il importe de savoir positiver. En cela au moins, Kateb et Camus sont voisins.

Mais Kateb revient en Tunisie dans ce pays qui est un peu le sien et dont il aurait pu être exclu pour un exil de dissidence. En effet, Kateb a vécu en Tunisie et y a vu jouer son premier théâtre, Le Cadavre encerclé. Dans les années soixante-dix, un groupe amateur d’enseignants lui a rendu hommage en jouant La Poudre d’intelligence. Pourtant, il avait écrit entre-temps La Gandourie sans uniforme (1976) où il ne ménage pas Bourguiba, le désignant du pseudonyme « Bourre-Qui-Bat ».

Les ennemis de Bourguiba, eux-mêmes des ennemis acharnés de Kateb, seraient capables aujourd’hui d’enticher la mémoire de l’un par les propos de l’autre. Ils ne savant pas ce qu’aurait dit Kateb s’il revenait parmi nous.

Que dis-je là ? Kateb est là, bien de retour chez nous grâce à l’initiative de Lotfi Madani, au texte de Benamar Mediène et au montage scénique de Sid-Ahmed Agoumi. Il vient réanimer devant nous des scènes de vie qu’on croirait d’un autre temps et qui sont on ne peut plus actuelles. Il vient prévenir du danger dont on risque de ne pas prendre la juste mesure. Il vient dépoussiérer une méthodologie de la conscience qui est la seule voie pour la délivrance.

 

Le Cœur entre les dents ou Kateb Yacine revient ! « Joué, dans une version courte, au théâtre du Vieux Colombier de la Comédie française, le 7 décembre 2003, ce spectacle a été présenté, en version intégrale, à l’Institut du Monde arabe, le 9 décembre 2009, avec la participation de Mohamed Fellag, Marianne Epin, Sid-Ahmed Agoumi et Fettouma Bouamari (pour le chant).

Spectacle en deux tableaux naquît à la mort de Kateb Yacine, le 28 octobre 1989, quand un muphti d’Alger prononça, en guise d’oraison funèbre à la radio nationale algérienne, un anathème contre l’écrivain, le déclarant apostat et proposant que sa sépulture soit rejetée par toute terre d’islam. Benamar Médiène, ami du poète et dernièrement consacré à Guelma par le Prix spécial Kateb Yacine pour l’ensemble de son oeuvre, s’en est saisi pour composer le premier tableau de ce spectacle en deux temps : il imagine un face à face entre l’autorité religieuse et l’écrivain, exilé ad-aeternam des territoires musulmans. Quant au deuxième tableau : c’est au sommet d’une montagne, lieu d’une rencontre quasi hallucinée, que Kateb Yacine, poète exfiltré par des syndicalistes, dialogue avec un vieil ex-maquisard désabusé, Ammi Arezki, revenu de tout ce qui avait pétri ses idéaux de combattant pour l’indépendance, et racontant sa vie, avec le talent d’un conteur éblouissant et iconoclaste, dans un style plein l’humour et de la dérision, truculent et impitoyable envers et contre tout hypocrite.

L’humour est la politesse du désespoir, dit-on ? Le rire est ici le personnage principal du spectacle, auquel Sid-Ahmed Agoumi prête sa voix, un rythme et une gestuelle pour accomplir une performance inouïe. »

Quelques phrases quand même pour présenter Mediène et Agoumi :

Ecrivain et universitaire de renom, né dans l’Ouest de l’Algérie, Benamar Mediene est sociologue, également titulaire d’une thèse en histoire de l’art.

Il a enseigné à Oran, Alger puis à Aix-en-Provence, en France, quand la « décennie noire » (ou rouge, c’est selon), l’a contraint de quitter son pays dans les années 90, où il a vu nombre de ses amis intellectuels assassinés.

Benamar Mediene a continué de franchir les frontières, convié à participer à de nombreux colloques et conférences à travers le monde : à Tunis notamment, mais aussi à Cornell et Columbia aux Etats-Unis, à Moscou, à Milan, Bologne, Madrid, Amman, Rabat, au Caire, à Vienne, Leipzig, Bonn…

Membre du Conseil national de la Culture en 1990, Il a mis également son expertise au service de la Commission nationale des Patrimoines en Algérie, avant de devenir expert auprès de l’UNESCO.

Ce grand ami et compagnon de route de l’écrivain Kateb Yacine et du peintre Mohamed Issiakhem, amoureux d’art et de littérature - algérienne, certes, mais pas seulement -, a commis plusieurs ouvrages, dont quatre consacrés à ces deux monuments de la culture et de l’art.

Il vient d’obtenir le Prix Spécial Kateb Yacine 2014, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion du Forum international Kateb Yacine à Guelma (Algérie, 15-18 janvier 2014).

 

 

Quant à Sid Ahmed Agoumi (alias Sid Ahmed Méziane), né en 1940 à Alger, formé au Conservatoire de la capitale, il est l’un des comédiens les plus populaires d’Algérie. Entamant sa carrière dans les années 1960, sous le nom de scène de Sid Ahmed Agoumi, il se fait connaître dans des téléfilms, au théâtre, et au cinéma – il compte à son actif plus de 50 long-métrages, dont le fameux Z de Costa Gavras.

Sid Ahmed Agoumi a également marqué de son empreinte quelques-unes des institutions culturelles majeures d’Algérie : les théâtres régionaux d’Annaba et Constantine qu’il a dirigées dans les années 1970, après avoir conduit la belle aventure de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, en Kabylie. En 1993, il prend la tête du Théâtre national d’Alger (TNA), en des temps troublés pour les hommes de culture et d’art.

Contraint à l’exil, comme tant d’autres de ses pairs, Sid-Ahmed Agoumi a poursuivi sa carrière de comédien en France, pour l’essentiel sur les planches de théâtre. Il a notamment prêté son talent à des textes de Jean Sénac, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Rachid Mimouni, Abdelkader Alloula, Benamar Mediène et Kateb Yacine.

Ces dernières années, Sid Ahmed Agoumi a joué dans plusieurs comédies, diffusées sur les écrans algériens et tunisiens.

 

M.M.

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