Chronique : La référence africaine …!

Pr. Khalifa Chater

Fait significatif, l'institut arabe des Droits de l'homme, la faculté des sciences sociales et les archives nationales ont organisé  une rencontre, en vue de promouvoir la citoyenneté africaine (Tunis, 22-23 juin 2016). Cette collaboration d'une institution de la société civile, d'une structure universitaire et d'une direction gouvernementale  a pour objectif de faire valoir la dimension africaine de la Tunisie, comme un enjeu d'avenir. Dans ce cadre, trois rapports élaborés par des universitaires ont été présentés à la réflexion générale :

  1- La dimension africaine de la politique étrangère tunisienne,
  2- La présence africaine, dans les journaux,
  3- La Tunisie et le système africain des droits de l'homme.

La discussion qui s'en suivi, durant les deux journées, devait identifier des plans d'avenir, pour promouvoir la dimension africaine du pays, redynamiser les relations et développer les échanges.
La conférence tunisienne, a lieu dans le cadre de l'Etat de l'Union qui est "une coalition des sociétés de la société civile, des organisations œuvrant pour engager les gouvernements africains à la ratification des décisions de l'Union Africaine".
Rappelons que l'Etat de l'Union regroupe actuellement dix pays, à savoir l'Afrique du Sud, le Cameroun, le Kenya, le Ghana, le Malawi, le Mozambique, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie.
Mais l'objectif transgresse le thème fondateur de l'appui aux décisions de l'Union Africaine, dans la mesure où il fait valoir l'enjeu africain, comme donnée de base.

Dans ce contexte, l'initiative tunisienne a pour objectif de développer et de redynamiser les relations entre les différents africains. Le gouvernement de l'indépendance s'est d'ailleurs mobilisé pour soutenir les mouvements de libération de l'Afrique et a combattu avec énergie l'apartheid en Afrique du Sud.
De fait, la Tunisie de Bourguiba a tissé un réseau de liens avec les grands chefs d'Etat d'Afrique : Citons, entre autres : Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët-Boigny, Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré. En dépit de la pesanteur de la conjoncture postcoloniale, la Tunisie a pu développer ses relations avec les pays frères et cofondé avec eux l'institution africaine. 

Cette dimension africaine s'est d'ailleurs illustrée lors des journées cinématographiques de Carthage, qui a permis notamment l'émergence du grand réalisateur africain Sembène Ousmane.
Rappelons aussi, que le Centre Culturel d'Hammamet a présenté, comme première africaine, la pièce Kaïdara, récit initiatique peul, d'Amadou-Hampâté Bâ, en juillet 1979).
Position d'avant-garde, la Faculté des sciences sociales de Tunis a organisé des cours d'histoire sub-africaine (département d'histoire).  Espérons que l'initiative de la société civile tunisienne soit un appui, pour un retour aux normes, par une meilleure prise en compte de notre enjeu africain d'avenir.