Chronique : L’Indépendance est ineffable et sa logique est notre Histoire

Par Mansour M’henni

Cessera-t-on de tergiverser sur l’Indépendance de notre pays et sur toutes les dates symboliques qui commémorent des moments fondateurs de son Histoire ? Il en est au moins trois dates incontournables pour toute personne qui se reconnaisse de cette patrie, ne serait-ce que pour une goutte pure de son sang : la date de la promulgation du Code du Statut Personnel, celle de l’Indépendance et celle de la proclamation de la République.

On a bien vu un président provisoire essayer d’en contester les deux dernières, on a bien vu un mouvement politique chercher à délégitimer la première, mais ces acrobaties ont fait long feu du fait même de leur caractère insensé. Car les poumons de la Tunisie ont soufflé de toutes leurs forces, provoquant une tempête qui aurait pu coûter cher à certaines gens.

Certes, de tous côtés, on semble s’accommoder du fait accompli et de la réalité inaliénable ; mais d’aucuns s’entêtent vicieusement à laisser paraître ces dates symboliques sous des couleurs de dissension entre les citoyens d’un même peuple, en procédant à des réquisitions de lieux de festivités afin de les interdire aux autres, en brandissant des slogans et des signes qui n’ont rien à voir avec la terre qu’on célèbre, et en essayant de réduire l’importance de ces moments fondateurs de notre Histoire moderne et le rôle joué par des militants et des patriotes de grande valeur.

Le pire dans tout cela, c’est quand l’ignorance ou la mauvaise foi poussent de petites intelligences à ironiser sur la notion même d’indépendance, pour reconduire les clichés qu’ils n’ont jamais cessé de mâcher comme un chewing-gum de mauvais goût : suivisme, dépendance économique, néoimpérialisme, etc. Ne se hasardant pas, évidemment, à évoquer leurs maîtres à penser et leurs bailleurs de fonds, un peu partout dans le paysage confus des idéologies, des services secrets et des forces d’influence.

Qu’ils le veuillent ou pas, la Tunisie a bien eu son indépendance et a construit son Etat moderne et indépendant, dans le sens de l’Histoire, dans l’esprit de modernité et sur une plateforme fondamentalement sociale : émancipation de la femme, édification d’une république dotée d’une des meilleures constitutions de son temps, démocratisation de l’éducation et de la santé, et construction d’une économie nationale.

Que des gouvernants aient cependant manqué à leur devoir de pousser le développement dans le sens de la démocratie politique, tout le monde en convient et la force citoyenne semble prédisposée à réparer cette lacune et à rattraper le temps perdu, et cela ne peut se réaliser sans la conscience qu’on a toujours les gouvernants qu’on mérite.

Or, malheureusement certains de nos gouvernants ou des prétendants au pouvoir nous donnent plus l’impression qu’ils restent dans l’ancienne logique du peuple inculte en politique, pouvant vite devenir léthargique. Alors ils manigancent tout avec l’esprit du « tout faire pour y arriver, car après, j’y suis, j’y reste ».

Gare à l’Histoire quand on ne se rend pas compte qu’elle a changé la donne ! A bon entendeur salut !