Chronique05/09/2016 à 15:21
Clinton et Trump, vers le sprint final
Pr. Khalifa Chater
Le compte à rebours est enclenché de l'élection présidentielle du 8 novembre :
A prés de deux mois du scrutin, et à une vingtaine de jours de leur premier débat, Clinton et Trump, préparent le sprint final. Trois débats sont censés les départager les 26 septembre, 9 et 19 octobre. La ligne d'arrivée étant déjà en vue, les deux candidats affirment leurs visions, révisent leurs programmes et mobilisent leurs équipes. Hillary Clinton et Donald Trump s'affrontent désormais dans un duel historique : d'abord parce que pour la première fois, une femme est en mesure de remporter des élections présidentielles américaines, ensuite, parce que jamais des candidats investis par leur camp n'ont été aussi impopulaires. Les pronostics donnent Hilary Clinton gagnante (avance de 6,5 % des voix, d'après Nate Silver, site Five Thirty eight, 6 % d'après RelClair Politics). A la même époque, il y a quatre ans, Barack Obama devançait son rival de 5%. Est-ce que les dés sont déjà jetés ? Huit semaines peuvent changer beaucoup de choses, dans un marathon culturel qui a défié les pronostics.
Lors de son investiture à Cleveland dans l'Ohio Donald Trump a insisté sur le "danger de l'immigration", réitérant sa volonté de faire construire "un grand mur à la frontière mexicaine". Et d'ajouter en direction de "ceux qui ne sont pas entendus" : "Je suis votre voix". Hillary Clinton n'a pas tardé à réagir. Sur Twitter, elle a adressé ces deux messages à son rival : "Oui, nous construirons un mur - entre toi et la présidence, Donald Trump", "Vous n'êtes pas notre voix, Donald Trump", lui répondit Hilary Clinton. Conscient de la nécessité d'élargir sa base électorale pour espérer succéder à Barack Obama en 2017, le candidat républicain à la Maison Blanche multiplie, depuis quelques semaines, les appels à la communauté noire, qu'il avait rarement évoquée jusqu'ici mais qui représente environ 12% de l'électorat aux Etats-Unis. Abordant la dernière ligne, Donald Trump a lance samedi 3 septembre à Detroit, dans le Michigan, une offensive de charme envers cette communauté, massivement acquise à Hillary Clinton. A l'appui de son argumentaire, il invoque, entre autres, l'attitude des démocrates face à l'immigration, affirmant sans détours que sa rivale démocrate préfèrerait "donner un emploi à un réfugié plutôt qu'à des jeunes noirs au chômage". Or, l'électorat noir est traditionnellement très favorable aux démocrates. En 2012, 93% d'entre eux ont voté pour Barack Obama, selon les sondages de sorties des urnes. Hillary Clinton a elle-même démontré son immense popularité auprès de cette communauté lors des primaires, recueillant jusqu'à 90% des voix des électeurs noirs.
Par ailleurs, Hillary Clinton a tenté de se relancer, mercredi 31 août 2016, en exposant sa vision de la politique étrangère et de la sécurité nationale américaines. Pour reprendre l'initiative, Hillary Clinton a disputé la vedette à Donald Trump, au moment où il s'apprêtait à rencontrer le président mexicain Enrique Pena Nieto. Elle a défendu une vision optimiste de la puissance américaine et brossé son portrait comme l'antithèse de son rival. «Nous somme la nation indispensable dans le monde», a-t-elle déclaré, décrivant les Etats-Unis comme un pays «exceptionnel», «champion inégalé de la liberté et de la paix» porté par «la force de ses valeurs et de ses rêves». «Les peuples du monde nous regardent et nous suivent. C'est une lourde responsabilité. Les décisions que nous prenons, ou que ne prenons pas, affectent des millions de vies. L'Amérique doit montrer le chemin. La question est de savoir comment.» L'ancienne secrétaire d'Etat a, d'autre part, mis en avant son expérience pour tenter de rallier à sa cause les républicains modérés. «Ceci n'est pas une élection normale, j'espère que vous écoutez attentivement mon adversaire», en particulier lorsqu'il décrit une armée américaine «dans un état désastreux».
Comment appréhenderont les Américains, leurs élections ? Opteront-ils pour Hilary Clinton, qui représente le système, conforté par l'innovation, puisqu'elle met à l'ordre du jour l'élection d'une femme, après un président noir ou votera-t-elle pour un candidat hors de l'Establishment et hors du système ?