Chronique08/04/2024 à 10:07
De la commémoration des dates bourguibiennes
Par Mansour M’henni
La commémoration de la date du décès de Habib Bourguiba lui rend dignement hommage en tant que leader du mouvement national et fondateur de la Tunisie moderne.
Elle rappelle certes les valeurs dont est chargée la mémoire de cette personnalité exceptionnelle, autant par ses succès que par ses erreurs, mais invite également à en tirer les enseignements idoines pour ne pas mettre en péril le sort de notre pays et ne pas compromettre l’avenir de ses citoyens.
Il faut dire aussi que cette commémoration nous change de ces attitudes politiquement frivoles, ingrates même du point ve vue moral, parce qu’elles cherchaient à enterrer la mémoire d’un Phare de notre histoire soit par dépit personnel, soit par aliénation idéologique.
Cependant, loin de toute mythification fanatique, de toute appropriation exclusive et de toute manipulation opportuniste du souvenir de Bourguiba, il nous paraît important de penser et de repenser la vision et le parcours politiques de cet homme, pour en raisonner les implications variées et les prolongements envisageables dans notre conscience du présent et dans notre prospection de l’avenir.
Il ne nous revient pas ici d’énumérer ses mérites et ses réalisations avant-gardistes, cela a été suffisamment souligné à plusieurs reprises et nul ne saurait remettre cela en question sans s’entraîner le discrédit des esprits lucides et des intentions constructives.
C’est pour cela que le travail sur le patrimoine bourguibien gagnerait aujourd’hui à prendre ses distances à l’égard des différents tiraillements politiques et à s’inscrire dans une dynamique intellectuelle de la pensée et de la recherche scientifique, avec une conception rationalisée de ses interactions culturelles.
Mais rien n’empêche de se reconnaître de la pensée bourguibienne, ni les personnes ni les groupements politiques ou autres, car Bourguiba appartient à la Tunisie et la représente honorablement au-delà même de sa mort. Que les hauts responsables de l’État prennent la peine de commémorer sa mémoire, cela relève de leur responsabilité et ils ne sont ni à remercier ni à blâmer pour cela.
Mais que les sociétés scientifiques et les associations culturelles s’activent à réactualiser le débat sur la vision bourguibienne de la société, c’est une tâche méritoire et toutes les parties honnêtes ne sauraient qu’encourager leurs efforts et leur apporter le soutien nécessaire à l’épanouissement de leurs actions.
Force est alors, à l’occasion, d’insister sur l’effort colossal d’un noyau constitué, en partenariat durable avec l’Université de Sousse, sans exclusion des partenariats occasionnels, pour l’étude des questions fondamentales de la Cité dont un volet privilégié est consacré à l’étude et à la promotion adaptée du patrimoine bourguibien, en vue d’une meilleure intelligence de la gestion de la Cité de demain.
Rappelons, à ce propos, le succès du colloque international « Habib Bourguiba, mémoire d’avenir », des 8 et 9 novembre 2023. Une partie des Actes de cette rencontre importante a été publiée dans le numéro 30 de la revue Thétis, après moins d’un mois, et l’ensemble des Actes sont en état de finalisation éditoriale, pour une parution attendue avant la seconde édition du colloque international qui se tiendra, les 9 et 10 novembre 2024, sous le même intitulé général, « Habib Bourguiba : mémoire d’avenir », mais avec à chaque édition un sous-titre y attenant qui, pour l’édition 2024, sera « Bourguiba, l’éducation et la culture ».
Espérons le meilleur succès et l’inébranlable perduration des actions de cette équipe et de toutes celles qui, comme elle, agiraient pour les mêmes objectifs et avec la même hospitalité intellectuelle autour des questions essentielles.