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Diplomate marocain "agressé" : La tension monte entre l'Algérie et le Maroc


La tension monte depuis deux jours entre Rabat et Alger, après que le Maroc a dénoncé l'agression d'un de ses diplomates par le numéro trois du ministère des affaires étrangères algérien lors d'une réunion d'un comité onusien dans les Caraïbes.
Imbroglio diplomatique dans les Caraïbes entre l'Algérie et le Maroc. Les autorités algériennes ont convoqué, samedi 20 mai, l'ambassadeur marocain, Lahcène Adlekhalek, pour dénoncer le harcèlement dont aurait été victime un diplomate algérien lors d'une réunion d'un comité onusien à Saint-Vincent-les-Grenadines. Des faits qu'Alger a immédiatement démentis, évoquant des "informations inventées et infondées".
Tout débute le jeudi 18 mai. "Le Comité spécial des 24, un comité de l'ONU sur la décolonisation, tenait ce jeudi une réunion sur l'île de Saint-Vincent-et-les-Grenadines", a déclaré à l'AFP un haut responsable marocain. "Depuis ces dernières années, à chacune de ces réunions se pose le problème de la représentativité pour nos provinces du sud [Sahara occidental], où nos représentants élus contestent la présence du Front polisario", a expliqué ce responsable. "Au cours de la réunion, Soufiane Mimouni, directeur général du ministère des Affaires étrangères algérien (MAE), a agressé physiquement l'adjoint de notre ambassadeur à Sainte-Lucie [l'île voisine de Saint-Vincent]", a accusé cette source.
Le Sahara occidental est depuis 1975 en grande partie sous contrôle du Maroc, qui le considère comme partie intégrante de son territoire. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, en réclame l'indépendance. Avec le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA) début 2017, la rivalité entre Rabat et Alger s'est exacerbée autour de cette question du Sahara, et donne lieu à une sourde lutte d'influence au sein des organisations et rencontres internationales.
"Notre diplomate a dû partir à l'hôpital, la réunion a été interrompue, une plainte a été déposée", a ajouté le même haut responsable, photo à l'appui. Sur ces clichés, on peut voir un homme en costume sombre, allongé sur le sol et auquel une secouriste porte assistance.
Interrogé par l'AFP, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a confirmé l'incident : "Arriver ainsi à transgresser tous les us et coutumes diplomatiques, de la part d'un haut diplomate, troisième personnage du MAE algérien, c'est grave. Ce genre d'extrême, jusqu'à l'agression physique, c'est unique dans les annales".
"Cela traduit une extrême nervosité de la diplomatie algérienne : qu'un représentant algérien se déplace jusqu'à Sainte-Lucie, et énervé par la demande de nos représentants, en vienne ainsi aux mains. C'est d'autant plus surprenant de la part d'un pays [l'Algérie] qui se dit simplement observateur" au Sahara, a-t-il remarqué, appelant Alger "à plutôt contribuer à une solution et à assumer sa responsabilité dans ce dossier".
L'Algérie a qualifié vendredi ces informations de "piètre mise en scène". "Les informations rapportées par des médias marocains (...) au sujet d'une prétendue agression physique qui aurait été commise par un diplomate algérien de haut rang sur un membre de la délégation marocaine (…) sont des informations inventées, infondées, fausses et mensongères et sans aucun lien avec la réalité", a déclaré le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. Selon lui, "la réalité des faits tels qu'ils se sont déroulés est à l'antipode de la version avancée".



