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Chronique14/10/2016 à 10:03

Ennahdha et Nidaa entre l’attraction et la répulsion

Ennahdha et Nidaa entre l’attraction et la répulsion

Par Mansour M’henni 

S’il est vrai que l’Histoire de la Tunisie, depuis plus de deux siècles au moins, semble se résumer à l’éternel duel entre les ancêtres des islamistes et ceux des modernistes, après 2011 ce duel a pris un nouveau tournant qui a pratiquement condensé les différentes tendances conflictuelles du passé en moins de six ans.

Les premières années de cette seconde décennie du 20ème siècle ont restauré l’islamisme dans toute sa force jusqu’aux dérapages les plus périlleux pour la société et ont réhabilité ses militants jusqu’aux compensations matérielles les plus généreuses, indépendamment des effets fâcheux que cela pouvait avoir sur le fonctionnement des finances de l’Etat. On a donc pu voir s’exprimer, jusque par la violence, des volontés de refaire la société tunisienne et de la couler dans un moule anachronique. Cela a fini par mobiliser toutes les forces vives contre cette démarche et pour la sauvegarde du « modèle tunisien ». Ennahdha a compris alors que pour perdurer activement en Tunisie, elle doit revoir ses références et ses repères, sans doute ses objectifs aussi, à en croire ses discours qui n’arrivent pas encore à obtenir une fiabilité attestée auprès d’une large part des Tunisiens.

En face de l’islamisme, les premières années de cette seconde décennie du 20ème siècle ont montré, chez les acteurs politiques du modernisme, une timidité manifeste et une désunion caractérisée à tel point que d’aucuns n’hésitent pas à affirmer, avec raison d’ailleurs, que sans la société civile la Tunisie aurait sans doute sombré dans de ténébreux modèles qui l’auraient peu ou prou dénaturée. En effet, le symbole de la modernité tunisienne, qui a fait en fait la synthèse politique et civilisationnelle d’au moins un siècle et demi de pensée réformiste, en l’occurrence Bourguiba, a vu ses alliés se terrer pour échapper aux conséquences perverses d’une hystérie révolutionnaire dans l’air du temps.

Quant à la gauche, la plus proche de Bourguiba comme la plus éloignée, elle s’est enthousiasmée et s’est mobilisée pour une nouvelle constitution, dans l’intention de nier le passé proche d’un demi-siècle, s’alignant ainsi sur les objectifs islamistes. Ses militants croyaient en tirer le meilleur profit ; mais les élections leur ont donné la preuve encore que, pour intellectuellement attrayantes que soient leurs idéologies, son effet sur le terrain reste de bien peu de chose. En définitive, ils ont fait tout le boulot pour Ennahdha et ses partenaires opportunistes.

De fait, il a fallu attendre le retour de Béji Caïd Essebsi, et son initiative de Nidaa Tounès en 2012, pour que se concrétise à la fois un projet politique autour du modèle sociétal tunisien et un contrepoids au surdimensionnement inquiétant de l’islamisme en général et d’Ennahdha en particulier. Il est reproché aujourd’hui à Béji Caïd Essebsi d’avoir manqué à cette vision de base qui lui avait valu d’être élu à la présidence après une majorité relative obtenue par son parti à l’issue des élections législatives. Ce détail s’est amplifié autour des problèmes de la coalition avec Ennahdha, des calculs de certains de ses leaders de base et d’une gestion du parti condamnée par son caractère improvisé et inconstant, depuis le départ du président fondateur à Carthage. Pourtant, ces problèmes auraient pu se résoudre, à l’analyse et à l’évaluation objective et concertée au sein du parti, loin des médias et des courants d’air de toutes natures. Il faut espérer, aujourd’hui encore et malgré les dommages évidents, que ce parti retrouve ses principes de base, sa cohérence initiale, ses anciens militants et d’autres, nouveaux, bien nombreux encore, par adhésions personnelles et par coalition ou fusion avec des structures constituées, car c’est ce Nidaa de base et sa fougue de 2012 à 2014 qui pourront, lors des prochaines échéances, rivaliser sérieusement avec Ennahdha pour un équilibrage nécessaire à la pérennisation du « modèle sociétal tunisien ».

Cette « rivalité politique » n’est pas à prendre pour « une guerre civile », comme certains veulent la présenter, mais comme une émulation démocratique. En effet, la coalition actuelle entre Ennahdha et Nidaa restera toujours tributaire du réalisme politique et des rapports de force, sinon les deux partis sont bien différents, radicalement et structurellement. Par ailleurs, Ennahdha allie bien la stratégie foncièrement islamiste et les accommodations conjoncturelles, profitant de ses militants soigneusement répartis dans les nerfs moteurs de la société. C’est à la limite son droit, dans une société démocratique, ou c’est au moins de bonne guerre. Il est donc du même droit et de la même bonne guerre qu’un autre parti en fasse autant pour se replacer toujours au moins au même niveau de concurrence, et qu’il soit encouragé et appuyé dans cet élan par les citoyens tenant à leur identité tunisienne et à leur esprit de modernité que certains, de mauvais conseil pour des raisons politiques, veulent présenter comme antinomique de l’islamité.

Rappelons-le encore, cela ne se fera pas dans la logique conflictuelle de l’exclusion, mais dans la dynamique démocratique de l’émulation. Ainsi, les partis issus de malentendus internes au Nidaa (Après El-Machrou, un autre serait en constitution par Tahar Ben Hassine), ceux de toute la mouvance destourienne, dont l’idéologie de base toute bourguibienne est un pilier central de l’idéologie nidaïste, d’autres petits partis de grande proximité, à gauche et à droite, avec un vrai centrisme politique et civilisationnel, tous sont appelés à se regrouper autour d’un nouveau Nidaa de la Tunisie conçu comme un projet durable et efficace. Cela n’est pas impossible, pour peu que certains égos retrouvent une bonne dose de modestie et réduisent leur fougue démesurément opportuniste.

Economique Jawhara FM

jmc
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