Fallouja, une bataille décisive …!
Pr. Khalifa Chater
Les forces irakiennes sont entrées ce vendredi, 17 juin 2016, dans le centre de Fallouja et contrôlent désormais la quasi-totalité de la ville.
Elles ont également repris le QG du gouvernement, où le drapeau national vient d'être hissé. ‘‘ Nos forces de sécurité contrôlent la cité à l'exception d'une petite part qui doit encore être sécurisée dans les prochaines heures’’, a déclaré le jour même le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, lors d'une brève déclaration à la télévision publique irakienne. Aux mains de Daech, depuis 2014, Fallouja est la deuxième plus grande ville d'Irak encore sous le contrôle de l'organisation extrémiste, après Mossoul, dans le nord. La bataille annonce le repli effectif de Daech et le recouvrement par l'Irak, de sa souveraineté, en tant qu'Etat-nation.
La reconquête de Fallouja, a débuté lundi 23 mai par l’entrée d'un millier d'hommes de la Division d'or. Cela fait plus de deux ans, que cette division irakienne d'élite est au front. Elle a été la première à entrer dans les villes qui étaient tenues par Daech : Tikrit, Ramadi, Routba. Ses combattants sont appuyés, dans les airs, par les avions de la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis. D'autre part, un millier de soldats de l'armée et de policiers de la province d'Al-Anbar les suivent. Ils sont chargés de tenir le terrain conquis par la division d'or. ‘‘Il suffit que nous prenions pied dans un premier quartier du centre de la ville et ce sera plus facile. Nous nous accrochons et nous ne repartons plus. Nous gagnons une rue après rue’’, prévoyait le 29 mai, à la veille de l'assaut, le major Dhiya Thamer, commandant du premier bataillon de la Division d'or. Des milices chiites et de la « mobilisation populaire » qui participent aux combats, dans les villages voisins, ont rejoints les forces spéciales. Elles suscitent, plus que l'armée, la peur des populations sunnites, vivant dans la région et parfois accusées hâtivement de sympathie, sinon de complicité avec Daech.
Soldats, policiers et miliciens irakiens avaient réussi, le 27 mai, à encercler totalement la ville et à reconquérir les quartiers périphériques. Mais ils peinaient ces derniers jours à avancer en direction du centre-ville en raison des engins explosifs placés par l'ennemi et des craintes pour les milliers de civils bloqués avec les djihadistes dans la zone. A la faveur d'une attaque de diversion, le 4 juin, l'armée irakienne atteignit la première zone d'habitation de Fallouja, à environs cinq kilomètres de la ville. Depuis lors, les forces gouvernementales avancent, comme des tortues, mètre après mètre, pour reprendre la ville (voir la description de la bataille, par Jacques Imbert, "entre les mines, la marche sur Fallouja", le Monde, 10 juin).
C’est une percée offensive très importante. La bataille n'est certes pas terminée: Outre le centre de la ville, les troupes gouvernementales occupent le sud. Mais les troupes Daech, qui n'ont pas fui, par le pont sur l'Euphrate, sont désormais concentrées au Nord. Mais agissant dans les marges, elles ont désormais perdu l'initiative. Si elles perdaient entièrement Fallouja, il ne leur resterait que Mossoul comme grande ville sous son contrôle en Irak, après en avoir été chassé des autres cités par les forces irakiennes. Devant les offensives des troupes gouvernementales et non-gouvernementales en Irak et en Syrie, les troupes de Daech ont perdu du terrain. Est-ce à dire que les Etats- nations du Moyen-Orient réussissent à mettre en échec la stratégie du chao ?
