Il y a anguille sous roche par Boubaker BEN FRAJ


Je vais me risquer dans ce billet, et surtout m’efforcer, à écrire à propos d’un certain Bahri Jelassi : un énergumène burlesque de notre scène politique, qui a réussi ces derniers jours à défrayer de nouveau la chronique, et à s’attirer l’intérêt des médias.
Comble de l’absurde me diriez-vous! Je sais même que beaucoup d’entre vous se hâteront par dégout, à se boucher le nez et à détourner le regard de ce texte. Je les comprends ; comment me justifier alors?
A vrai dire, , je n’aurais pas imaginé un instant que je puisse un jour trouver un brin d’intérêt, à consacrer une seule ligne pour parler de cet abominable personnage et de ses louches affaires : ce faux dévot, grossier, et de surcroît fort antipathique ; aussi répugnant qu’une vermine nauséabonde, brusquement sortie des ténèbres moisis d’on ne sait quel trou perdu.
Voilà en quelques adjectifs comment je vois personnellement le bonhomme ! En fait, s’il ne s’agissait que de la personne dans cette affaire, Bahri Jelassi n’aurait été qu’un désagréable épiphénomène, futile de ce « printemps révolutionnaire » tunisien, plutôt trouble que serein. Ce mauvais tartuffe, on aurait souhaité ne plus l’entendre ou en entendre parler.
On aurait aimé qu’il fût classé parmi les mauvais souvenirs du grand cataclysme politique vécu par notre pays tout au long de ces trois dernières années. Malheureusement , notre prière de voir ce pitre s’éclipser de la scène ne semble pas prêt à être exaucé, puisqu’on le retrouve aujourd’hui occupant l’épicentre d’un retentissant et lugubre scandale, qui risque, au cas ou les faits sont avérés, d’entrainer dans la boue une bonne dizaine de « représentants du peuple » ; et de maculer dans leur sillage, l’image déjà ternie de notre indéfiniment légitime assemblée constituante, jusqu’ici considérée par ceux qui s’y accrochent encore, la quintessence de la révolution, son expression la plus authentique et sa plus noble réalisation.
Les rumeurs persistantes à propos de l’achat de députés, des louches transactions souterraines qui s’y rattachent, des sommes d’argent qui circulent pour débaucher tel « représentant du peuple » ou tel autre ; les transhumances fréquentes, soudaines et surprenantes de certains membres de la constituante que nous voyons émigrer d’un parti vers un autre tels des gens du voyage : Toutes ces rumeurs qui circulent depuis longtemps , avions-nous vraiment des raisons valables pour ne pas croire en leur véracité ? si ce ne fut notre duplicitéAujourd’hui, grâce aux aveux de Bahri Jelassi, et aux preuves qu’il a déballées au grand jour ; preuves dont il proclame haut et fort assumer toutes les conséquences, cette sordide affaire est sortie, telle une sournoise anguille, du dessous de sa roche.
On sait désormais que Bahhri Jelassi, cet imposteur qui n’a pas hésité à prôner la pédophilie, à appeler à la légalisation de la polygamie et à l’achat des concubines, n’est au final qu’un arnaqueur voyou, qui s’est laissé arnaquer par ceux-là même, dont il croyait avoir acheté l’âme et la loyauté pour servir ses sinistres desseins. Tel un apprenti malfrat, furieux de s’être fait rouler lui-même, Bahri Jelassi n’a pas hésité à dégainer les armes qui lui restent, pour dénoncer la trahison des siens, après avoir découvert à ses dépens, que ces perfides faux-amis, ne sont en définitive que des mercenaires au rabais, qui n’ont pas hésité à le laisser tomber, pour offrir leurs loyaux services, à d’autres partis, qui leur ont offert un pécule en plus.Après cette sale affaire, oserait-on encore demander aux Tunisiens de garder confiance Ou de consentir encore des sacrifices, au-delà de ce qu’ils ont déjà vu et consenti ?



