L'homme qui a inventé le cœur par Boubaker BEN FRAJ


« Le cœur fait tout, le reste est inutile »Jean de la Fontaine à l’échelle du monde, c’est incontestablement de France, qu’est venue, cette semaine la nouvelle la plus importante et la plus sensationnelle: il s’agit de l’implantation chez un être humain, d’un cœur totalement artificiel !
L’opération menée par une équipe médicale de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, sur un patient de 75 ans, arrivé au stade terminal d’une défaillance cardiaque, qui devait le mener à une mort imminente, s’est terminée avec succès.
Une prouesse médicale historique !Et voila qu’une semaine après l’opération, l’appareil ultrasophistiqué - ou disons moins prosaïquement, le nouveau cœur - patiemment conçu par le génie d’un homme : le Professeur Alain Carpentier, au terme d’un quart de siècle de labeur sans répit, continue à battre, au rythme régulier d’un cœur sain et naturel.Quant au premier homme, miraculé, qui le porte à l’abri de son thorax, il continue son chemin de vie. Une nouvelle vie qui s’est obstinée à ne pas s’arrêter aux limites de celle qui était sur le point de finir, s’il n’y avait pas eu l’ultime secours de cette invention.
Plus ! Le miraculé encore convalescent, semble n’avoir rien perdu des sentiments et des émotions qui emplissaient son ancien cœur fatigué. Il paraît même, que grâce à son nouveau cœur, l’homme a gagné, en plus d’un sursis de vie, en moral et en espérance, après avoir été dans le désarroi et l’abattement d’un condamné à mourir.
Le cœur ! Cet organe vital par excellence, mais aussi l’organe le plus mythique chez les humains, siège réel ou imaginaire de tous nos sentiments, indissociablement associé à nos passions qui oscillent entre l’amour et la haine, le courage et la peur, la bravoure et la lâcheté……..Ce cœur qui vibre à tous nos états d’âme, et qui fait vibrer plus que tous, les amoureux et les poètes, dans tous les temps et toutes les cultures.Est-ce que ce cœur totalement fait de main d’homme, va aussi battre à nos émotions ? Va-t-il réagir à nos joies et à nos peurs ? Va-t-il savoir être joyeux ou triste, attendri ou endurci, illuminé ou aveuglé, serein ou troublé, dur ou brisé, emporté ou chagriné.
Pourrait-on dire désormais d’un porteur de cœur artificiel, s’il a du cœur ou s’il n’en a pas ?Je ne m’étendrai pas plus sur la double portée existentielle et les retombées symboliques de cette incroyable prouesse technico-médicale ; je clos ce chapitre, pour réserver les mots qui me restent à dire à son inventeur : le Docteur Alain Carpentier - 80 ans -, un homme d’exception, que je placerai sans hésiter sur le haut piédestal de ceux qui ont changé vers le meilleur, par leur génie, leur charisme et leur générosité d’âme, la vie de l’humanité toute entière.Ces hommes et femmes, qu’ils fussent des scientifiques comme Galilée, Avicenne, Einstein, Pasteur ou Marie Curie ; des penseurs comme Aristote, Confucius, Ibn Rushd, Ibn Khaldoun ou Pascal ; des artistes, des écrivains et des poètes tels que Virgile, Al-Moutanabi, Cervantès, Mozart ou Picasso ; des hommes politiques tels qu’Alexandre le Grand, Gandhi ou Mandela ; ces grands, qui n’ont pas vécu en même temps, et qui ne partagent entre eux ni religion , ni culture , ni pays, appartiennent à l’humanité entière ; et de ce fait, est-on obligé, pour les reconnaitre des nôtres, de savoir s’ils parlent ou pas notre langue, s’ils professent ou pas notre religion, ou s’ils portent ou ne portent pas notre nationalité ? Des surhommes ? Je n’y crois pas ; néanmoins, ils ont su grâce à leur génie et leur labeur, transcender toutes les frontières que les humains ont arbitrairement dressées.



