La cinéaste Kalthoum Bornaz n'y est plus: Une autre étoile s'éteint dans le paysage culturel tunisien

La grande cinéaste Kalthoum Bornaz nous a quitté ce matin, Samedi 03 Septembre 2016.

Réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma, Bornaz est auteur de plusieurs courts métrages depuis les milieux des années 90.
Elle est aussi connue comme une grande militante progressiste, une intellectuelle...
Voici quelques témoignages recueillis sur Facebook, d'amis et proches de la défunte:
"Adieu Kalthoum ou plutôt à bientôt de te retrouver parmi les étoiles ! Le sort s'était acharné sur toi , maladie, accidents de voiture multiples .. mais ce qui te minait le plus sans pourtant jamais te décourager, ce dont tu me parlais longuement, c'était ces refus répétés de subvention que tu essuyais auprès du ministère de la culture, ce qui ne te permettait pas d'exercer ton art depuis des années. Pourtant , tu étais souvent invitée dans les festivals à l’étranger comme membre de jury, voire même présidente du jury comme l'an dernier à Bejaia. Nul n'est prophète en son pays." Hassouna Abdelmalek
" Notre amie et camarade, sœur de notre camarade Alia Bornaz Baccar et parente de notre camarade Salma Baccar, la grande réalisatrice Kalthoum Bornaz vient de nous quitter. Une très grande perte pour nous, pour le cinéma, pour la Tunisie! Qu'elle repose en paix!! " Hichem Skik (coordinateur général du parti d'Al Massar)
"Kalthoum est partie découvrir "l'autre moitié du ciel" (qu'elle y repose en paix)" Najla Chaar (Consultante en communication et stratégie)
"Kalthoum est partie. Mon amie est partie. Ton départ noircit tout de tristesse ce matin, mais fait revenir aussi des images d'un temps heureux et partagé. Ce qui s'imprime et reste en nous de l'amitié comme de l'amour, ce sont souvent des images obliques et anodines, qui nous émeuvent des années plus tard. Celle de ma fille par exemple, toute petite et émue, tenant un oisillon dans la paume de sa main dans l'herbe de ton jardin et ton regard sur elle amusé et aimant. Ou celles de ton élégance à toute épreuve et en toute circonstance et ce sourire qui t'illuminait. Je suis allé revoir ton visage ce matin sur ta page que tu as voulue associer aux étoiles et j'ai vu que ta dernière publication était une pétition qui appelait à ce que les tunisiennes puissent choisir leurs conjoints. Avoue tout de même que tu pousses la cohérence un peu loin là. Toi qui a été l'une des rares à avoir assumée, contre l'ordre moral, social et religieux, de choisir ton conjoint, l'homme de ta vie, parmi nos concitoyens juifs. Et d'affronter avec un courage inouïe toutes les conséquences familiales et sociales de ce choix et les bassesses de certains "artistes et intellectuels" et leur racisme atavique. Certains font semblant de te regretter aujourd'hui. Je ne trahis rien d'intime ni de privé en parlant de cela le jour de ta mort. Car ceux qui t'ont connue savent à quel point tu as toujours voulu mettre en cohérence tes choix de vie, les grands comme les petits, même dans les gestes les plus simples, avec tes convictions et tes valeurs. Même s'il fallait en souffrir. Même si tu voyais beaucoup de ta génération renoncer, se compromettre, jouer avec les différents pouvoirs pour en tirer profit ou pour qu'on leur foute la paix. Cette obstination à être fidèle à toi-même t'a même isolée, mais tu as tenu bon. De toute manière, tu ne pouvais pas faire autrement. Tu étais comme ça. Adieu Kalthoum, adieu mon amie, c'est horrible comme tu es partie si vite et je ne peux rien faire que te pleurer." Lotfi Achour (réalisateur)
Certaines étoiles qui illuminent notre ciel sont éteintes depuis longtemps, ainsi pour ceux qui laissent un héritage culturel. "Serait elle entrain de faire danser les étoiles, ou de les émerveiller?" pour paraphraser Patrick Dupond.
Qu'elle repose en paix.