La culture est la priorité des priorités
Par Mansour M’henni
Recevant, le week-end dernier, un couple ami d’universitaires marocains, en l’occurrence les Professeurs Abderrahman Tenkoul et Farida Bouhassoune,
je ne pouvais pas trouver de mieux à leur programmer, à l’orée du mois du patrimoine, qu’une visite à des monuments symboliques et des lieux représentatifs de notre culture.
Oudna, alias Uthina, l’ancienne cité romaine, a été notre première destination : un site bien entretenu, avec un personnel accueillant et serviable. D’abord l’amphithéâtre exploré à ses trois niveaux, l’arène centrale, ensuite la galerie souterraine et enfin les gradins, étage après étage jusqu’à la sortie supérieure vers le temple.
Ce dernier est déjà impressionnant par ce qui en reste, notamment ses chambres souterraines et les colonnes solidement dressées à sa façade. Au-dessus de la tour à droite du temple, un haut de minaret (un couronnement constitué d’un simple balcon surmonté d’un petit campanile ; ni pinacle ni faîteau) est surajouté, contrastant par sa couleur blanche, avec la couleur ocre de l’ensemble. J’ai vu personnellement, dans ce qui paraîtrait à d’autres comme une fausse note, un symbole de coexistence et même de bonne connivence entre les différences fondatrices et enrichissantes de la tunisianité.
La visite des thermes et autres ruines de la cité étaient aussi impressionnantes par les beautés qu’il y avait à admirer, en mosaïques (celles de la maison d'Industrius et de la villa des Laberii ! Personne n’a eu le soupçon qu’il s’agissait de copies) et en ingéniosité architecturale, sans doute aussi par les enseignements que les humains d’aujourd’hui auraient à tirer des traces du passé. A croire que chaque mètre carré de notre pays est un parchemin à relire et à repenser pour mieux édifier l’avenir.
Par la suite, cap est mis sur Zaghouan, avec une escale nourricière à l’entrée de la ville et une promenade à la Maison de Zaghouan qui donne la preuve que là où on peut être dans le pays, on peut entreprendre : il suffit juste de trouver l’idée du projet adapté. Le Temple des eaux est superbe, avec un environnement de grand bonheur pour les visiteurs et le commerce des locaux. On y entre pour libérer l’imaginaire et prendre conscience de la valeur de cette terre que d’aucuns ternissent et trahissent même. On s’y désaltère sans boire et on s’y abreuve sans déboires. On est loin des vicissitudes et des cacophonies de certains politiques qui n’ont plus rien d’humain, de noblement humain.
Au retour, mes invités voulaient revoir l’avenue Bourguiba. Le Père de la Tunisie indépendante et moderne est à présent là où il était, là où il doit être, faisant face au non moins représentatif du génie tunisien, Ibn Khaldoun, afin qu’à eux deux ils maintiennent inaliénable, la conversation vitale, pour une Tunisie toujours moderne, entre tous les pans de son Histoire qui font sa cohérence dans la plurielle différence.
Et comment clore ce périple sans passer par l’un des rares lieux à représenter l’espoir d’un avenir meilleur pour notre pays, un haut lieu de culture. On l’a deviné, il s’agit de la Cité de la Culture qui a impressionné mes compagnons, profondément sensibles à sa valeur et à son rôle fondateur. C’est pourquoi je finirai ce propos par la traduction du commentaire rédigé en arabe par le Pr. Tenkoul sur une page du livret ouvert aux impressions des visiteurs, « Livre d’Or », dirions-nous, à la sortie de l’espace d’une exposition enrichissante intitulée « Une modernité tunisienne » :
« Malgré les crises, la Tunisie n’a pas perdu de vue que la culture est la priorité des priorités en tant qu’elle est l’élévateur de la modernité en renouvellement, garantissant la propulsion des défis du développement et l’innovation de l’avenir.
Et cette exposition est la meilleure preuve de ce choix. Félicitations à la Tunisie. Félicitations au génie tunisien.
15-04-208 / Professeur Abderrahman Tenkoul du Maroc / Au nom de Farida, Morsi, Sihem, et feu Jad, à lui la Clémence de Dieu, lui qui avait adoré la Tunisie du premier coup. »
