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Chronique28/04/2014 à 14:54

La mort de notre bibliothécaire et le devoir de mémoire

La mort de notre bibliothécaire et le devoir de mémoire

Par Mansour Mhenni

Il y a quelque temps, ici même, j’ai fait une sorte d’oraison funèbre personnelle de notre premier facteur, dans la ville de Sayada, Si Ahmed Aïssa, Dieu ait son âme et lui fasse don de sa miséricorde, quand j’ai appris tardivement la nouvelle de son départ. J’ai su alors que plus personne, ou presque, ne se soucie d’informer de la disparition des concitoyens. D’autres après sont partis dans un pesant silence et j’en suis à me demander si nous avons encore dans le cœur le sentiment de partager nos malheurs. Comme j’ai toujours le cœur à pardonner, comme tous ceux qui n’ont pas l’esprit à calculer, j’excuse donc ceux qui ne cherchent plus à informer les concitoyens lointains, eux qui avant le faisaient systématiquement ou presque.

Qu’importe ! Nous savons que le temps n’est plus le même, au point de croire que les gens aussi ne sont plus les mêmes !

Excusez ces propos pleins d’amertume, mais sans dépit, car aujourd’hui j’ai appris, qu’il y a huit jours, un ami concitoyen avait disparu, lui aussi, trop tôt pour son âge et je voudrais lui rendre un hommage pareil à celui rendu à notre facteur. Je crois même que les deux avaient deux fonctions semblables, et peut-être jumelles.

Mohamed Naceur Chaalab, Dieu ait son âme et lui fasse don de sa miséricorde, était le conservateur de notre bibliothèque publique qui a voyagé du sous-sol de la maison de la culture à un petit bâtiment qui lui est consacré à côté du lycée, presque les pieds dans l’eau.

Quand un bibliothécaire s’en va, c’est un peu une bibliothèque qui brûle, car celle-ci n’est pas seulement des étagères de livres : elle est aussi un ensemble de souvenirs étroitement liés aux livres, aux personnes qu’on croise, comme des lectures croisées, et aux rencontres culturelles où des auteurs sont présentés, où des poèmes sont lus et où des sujets variés sont discutés, souvent avec des intermèdes musicaux et sur un fond d’exposition de peinture ou du lointain de la mer.

Avec son petit handicap au pied, qui lui imposait un léger boitement, Mohamed Naceur était aussi vif qu’un sportif, aussi passionné qu’un combattant, mais plus souriant qu’un matin de printemps, tel ce printemps qui l’a vu partir, toujours courtois quand il se doit, sans une ombre de bassesse.

Il avait la passion du livre et s’il avait pu, il aurait donné à sa bibliothèque locale le rayonnement d’une bibliothèque nationale, car il avait aussi la passion des activités culturelles. Rare est la structure culturelle sayadienne où il n’ait agi avec une mobilisation soldatesque : l’Union sportive de Sayada, le Comité culturel local, le Festival national de la pêche, l’Association pour la sauvegarde de la Médina, l’Association pour l’environnement, etc.

En ces jours où le débat national sur l’avenir du livre est ouvert dans notre pays en quête de nouveaux repères et de nouvelles stratégies, l’expérience de Mohamed Naceur aurait enrichi l’échange et son enthousiasme aurait servi d’exemple. Mais personne ne choisit l’heure de sa mort et notre bibliothécaire parti, il y a à craindre que le livre ne reste orphelin dans ma ville natale qui, il n’y a pas longtemps, était un lieu de pèlerinage des grands noms de la culture internationale.

J’ose croire que non, car finalement, j’ai confiance en la jeunesse de cette ville comme j’ai confiance dans la jeunesse de mon pays. Je sais que, après la secousse vertigineuse et la nouvelle conscience qui en naîtra, après l’amnésie de circonstance et le réveil qui la clora, ils vont savoir convenablement cultiver leur jardin, dans la conviction qu’une nouvelle culture (dans les deux sens du mot) ne peut éclore qu’à partir des graines de cultures précédentes.

Pour l’occasion, ayons une petite pensée au moins au grand Tahar Chériaa, le fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage, déçu dans sa mort par ses concitoyens, comme il n’aurait jamais imaginé. Qui sai ? Un jour peut-être, on lui rendra les honneurs qu’on lui doit !

Economique Jawhara FM

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