La raison de l’Algérie est supérieure aux raisons de Sarkozy

Par Mansour Mhenni

Il faut reconnaître que là où il va, Sarkozy fait le buzz, d’une manière ou d’une autre, le plus souvent d’ailleurs en déchaînant contre lui réactions critiques, 

voire même d’animosité manifeste, pour tout ce qu’il dit ou fait, en passant. Il faut dire aussi qu’il ne fait rien pour éviter cela, comme s’il en faisant une composante de sa stratégie médiatique et de communication.

Il a donc encore fait la bourde qu’il ne fallait pas, sans le penser peut-être, diraient certains sympathisants, juste par maladresse ou par inadvertance. Evidemment, la réponse adverse ne tarde pas : Quand on a été président de la France et qu’on se prépare à essayer de le redevenir, on a besoin de soigner sa communication !

De fait, Sarkozy pense que la Tunisie n’a pas choisi son voisinage ? Quoi de plus naturel, la France non plus et son histoire à double tranchant avec l’Allemagne le montre bien. Cela, le Sarkozy le sait, lui qui s’est fait souvent corrigé par la confrère germanique Angela Merkel, notamment sur son projet pour la Méditerranée. Il le sait aussi du fait qu’il est un descendant politique de De Gaulle qui a écrit un jour : « La France et l’Allemagne sont comme deux adversaires de lutte, une fois fatigués, ils s’appuient l’un sur l’autre pour se reposer ; mais une fois reposés, ils reprennent la lutte. » (Cf. Ch. De Gaulle, Pour une armée de métier, 1936).

Quant à la Tunisie et l’Algérie, en attendant de voir plus clair en Libye, elles n’ont pas d’autres problèmes aujourd’hui que de conduire leur destin partagé de façon solidaire pour un meilleur avenir commun, pourquoi pas dans une vraie et bonne structure régionale méditerranéenne où les rapports seraient paritaires.

De ce point de vue, Sarkozy avait raté le projet de sa vie pour la région, « l’Union Méditerranéenne », mais l’Allemagne a infléchi ce projet, à sa avantage, en une « Union Pour la Méditerranée », devant l’impuissance caractérisée du président français de l’époque. Donc jamais les problèmes de l’Algérie, ni ceux d’aucun pays de la région, ne seraient effectivement et efficacement résolus dans l’UPM, qui nous paraît à revoir, voire même à dissoudre pour une nouvelle structure appropriée.

Maintenant, à l’intérieur de nos frontières, la cabale déchaînée contre la visite de Sarkozy a peut-être servi ses intérêts médiatiques et les objectifs de sa campagne. Par ailleurs, on s’étonne que des personnalités et des sensibilités politiques de chez nous appellent à un « Dégage » devant Sarkozy (décidément, ils ne sont pas sortis de cet instant historique et de son slogan qui ne peuvent plus être de mise aujourd’hui), alors qu’hier ils appelaient à maintenir les relations les moins tendues avec les belligérants libyens, quelles que soient leurs motivations politiques et/ou religieuses ! Sarkozy est à la tête du parti, peut-être, le plus fort en France, actuellement. Il peut revenir à la tête de la magistrature suprême du pays en 2017. Pourquoi donc insulter l’avenir, comme dirait De Gaulle encore ?

Sans doute devrions-nous prendre leçon sur nos frères algériens, responsables et citoyens, qui, bien que les premiers concernés par les propos du Français, se sont contentés, pour répondre aux questions posées, d’un commentaire banal et marginal, réduisant l’effet de l’incident et du même coup l’intérêt médiatique que le personnage politique pourrait en tirer.

Au contraire, certains gestes concomitants ont souligné de nouveau le caractère inaltérable de leurs rapports solidaires avec leurs frères tunisiens.


NDLR : Cet article d'opinion libre est publié sous la responsabilité de son auteur et n'engage pas la rédaction de Jawhara FM.