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Chronique19/09/2016 à 11:16

La Tunisie et la logique des deux partis

La Tunisie et la logique des deux partis

Par Mansour M’henni 

Sans doute la logique dualiste domine-t-elle notre existence et nos rapports réciproques. Aussi décide-t-elle souvent de l’ultime aboutissement des divergences et des oppositions politiques, perçues ainsi en termes de pouvoir et d’opposition.  

Dans un régime autoritaire, le pouvoir essaie de réduire l’opposition à sa plus petite dimension et à son moindre effet ; dans un régime dit « démocratique » (avec un grand flottement dans la définition de celle-ci), l’opposition cherche souvent à remettre en question le pouvoir et, autant que faire se pourrait, à vider de sens ses faits et ses idées.

La Tunisie d’aujourd’hui, en régime démocratique après le régime autoritaire, s’est affublée de plus de deux cents partis qui ont bloqué, par moments, une évolution constructive de l’idée de démocratie, si bien que d’aucuns ont parlé plutôt d’anarchie et ont souligné le risque certain d’un délabrement du tissu politique par trop de morcellement et de tiraillements. D’autres y voyaient au contraire un passage obligé, aussi nécessaire qu’heureux, pour accompagner l’éducation de la société au cheminement démocratique. Certains d’entre eux semblaient dire qu’on pouvait sacrifier la plupart des acquis et perdre tout le temps requis pour atteindre une configuration, bien vague il faut le reconnaître, de la démocratie.

En définitive, dans un moment de transe collective, on a failli oublier que la démocratie est une culture, un état d’esprit et une façon d’être, qui s’acquièrent partout où l’on peut apprendre à discerner et à raisonner, loin de toute manipulation et de toute idéologie radicale. Quant à la gestion courante du débat et de l’émulation politique, une autorégulation de la société devrait s’imposer face à la réalité présente, marquée par un inévitable dualisme.

En moins de six ans, la Tunisie a vécu le dualisme identitaire ! Qui l’aurait cru, voilà seulement quelques années ?! On y a mis les Musulmans et les Mécréants, les Authentiques et les Vendus, les Légitimistes et les Laïques, etc. On y a même inséré les sexistes et les « anti-discriminationnistes ».  Heureusement, on s’en est tiré mais avec une plus-value de terrorisme qui a résorbé un extrémisme religieux frustré dans ses ambitions réactionnaires. On en a hérité également un parti fort, Ennahdha, malgré ses tensions internes, mais formaté, au moins en apparence, à l’école tunisienne. Pari gagné ou non, l’avenir proche le dira, car un lien ombilical ne serait pas encore rompu.

La Tunisie vit aussi le dualisme des riches et des pauvres après avoir été marquée par une prépondérance relative de la classe moyenne (80 %) : les anciens riches ont été formatés, eux également, au logiciel du nouveau partage des richesses ; la classe moyenne a été majoritairement compactée à la rigueur ; et la classe des pauvres a été plus paupérisée encore. Le malheur dans tout cela, c’est que ces derniers sont devenus plus un instrument qu’un objectif entre les mains de ceux qui prétendent défendre leurs intérêts.

Finalement, la réalité est là, plus frappante que jamais : la Tunisie est centriste ou elle n’est pas, et de tous points de vue. C’est historique et c’est de sa nature même. C’est ce qui fait qu’en bonne démocratie, c’est le parti le mieux structuré et le plus crédible, de par son assise politique sincèrement et efficacement centriste, qui aura le plus de chance de conduire la marche du pays. Mais en bonne démocratie aussi, une opposition est nécessaire pour assurer l’équilibre et l’alternance régulatrice.

Notre analyse personnelle de l’instant présent de notre pays, un moment déterminant de la prochaine évolution de son vivre politique, nous permet d’avancer, avec les précautions qui se doivent et la relativisation de règle, que le dualisme politique en Tunisie va devoir reprendre autour des deux grands partis actuels, Ennahdha et Nidaa, le premier restera de droite malgré les petites concessions centristes, le second s’affirmera forcément comme Le Parti Centriste, malgré certaines accommodations avec la géostratégie et les contraintes du marché international.

La Gauche restera sur ses positions trop dogmatiques pour s’accommoder du réalisme politique, donc un mouvement (front ou partis) d’animation de l’opposition plus qu’un parti de propositions adaptées.

Autour du Nidaa, il y a les autres dont Machrou-Tounès qui reste Nidaïste et réintègrera la politique générale du Nidaa (en fusion ou en coalition stratégique), une fois colmatées certaines brèches dans l’édifice commun. Il y a aussi les Destouriens qui n’ont montré, jusqu’à présent, que des égos maladivement amplifiés et des vues de portée très limitée. Il importera un jour d’étudier ce phénomène ; en attendant, ils n’auraient pas d’issue pouvant aboutir à la sphère de décision que par une alliance (par fusion ou par coalition) avec le Nidaa. La gauche centriste aussi, dont la figure la plus représentative semble être Samir Taïeb, après les déboires de Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaafar, n’aurait pas d’autre option dans l’état actuel des choses.

Reste alors la droite libérale, représentée par l’UPL et Afek. Le parti de Slim Riahi, trop aliéné à son patron et à son argent, reste d’avantage un label de la personne qu’un projet pour la patrie et on se doute bien de l’improbable impact politique qu’il aurait dans l’avenir. Mais Afek peut très bien s’affirmer en tant représentant de la droite libérale, sensible à une accommodation sociale, incontournable de toute action politique dans le monde moderne. Cependant, de par son idéologie, il doit savoir qu’il ne peut pas être premier ni même second parti, mais il peut prétendre au statut d’une pièce influente sur l’échiquier politique tunisien, moyennant une meilleure rationalisation de son action et de la logique trop personnelle de son patron.

Qu’on le veuille ou non, les autres formations politiques sont plus de l’ordre du nouveau décor que de celui d’une structure assez durable du paysage politique tunisien. Les gesticulations désordonnées et mal pensées de certaines d’entre elles, ainsi que leurs provocations spectaculaires, ne constitueraient qu’un signe prémonitoire de leur auto-marginalisation.

Pour l’heure alors, les élections municipales étant pour un avenir proche et constituant une avant-première des élections de 2019, il importe de mettre à l’épreuve cette logique réaliste des deux partis, afin d’éviter le monopole du pouvoir local par un seul, qui ne serait qu’Ennahdha, selon les premières estimations. C’est pourquoi les centristes devraient déjà mettre en place la structure de leur convergence engagée (par fusion ou par coalition assurée) et les stratégies de leur action sur le terrain, à partir d’un programme de base et d’objectifs convenablement étudiés et clairement précisés.

Post-scriptum : Cette démarche, strictement partisane et hors du champ nahdhaoui par trop spécifique, ne contredirait nullement le principe de gouvernement d’union nationale dont Ennahdha fait partie. 

Economique Jawhara FM

jmc
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