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Chronique12/02/2016 à 09:36

L’art de faire son devoir et de mourir en silence, Néjib Ayed !

L’art de faire son devoir et de mourir en silence, Néjib Ayed !

Par Mansour M’henni

Jeudi 11 février 2016, la nouvelle de la mort de Néjib Ayed (à ne pas confondre avec son homonyme du secteur cinématographique) secoua de nombreuses personnes qui ne savaient pas que l’homme s’en allait discrètement vers une mort lente et discrète, soudain précipitée par une déprime caractérisée due à des raisons profondes et diverses.

 

Ceux qui l’avaient côtoyé de près ou même simplement au hasard de certaines rencontres ne pouvaient manquer de retenir son caractère amusé et plaisantin qui ne nuisait guère au sérieux et à la rigueur nécessités par la conduite et la gestion des situations et des questions graves et déterminantes. Même quand il était au plus douloureux de son quotidien, il n’hésitait point à ponctuer son propos et à agrémenter sa compagnies de nombreuses blagues dont on le soupçonnait d’être l’auteur, tellement il en était inépuisable. Elles alternaient alors avec les analyses les plus profondes et les commentaires les plus perspicaces qui émanaient d’une riche connaissance, d’une solide formation et d’une large culture. Comment s’en étonner quand on sait qu’après treize ans en France, Néjib Ayed n’en avait ramené que ses diplômes et une bibliothèque de plus de deux mille livres. Ni voiture FCR, wa la hom yahzanoun !

Mais le grand mérite de cet homme était ailleurs ; il était dans cet engagement pour sa patrie sans le calcul des épiciers intellectuels des temps modernes, dans une attention peu portée sur ses propres conditions et dans une concentration sans modération sur la cause commune entendue comme un labeur quotidien pour l’évolution et la construction.

Il a été nommé à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan, l’année même de l’ouverture de ses portes et il y a fondé le département d’arabe. Deux années plus tard, la conscience d’un certain isolement de cet établissement des humanités, logiquement interdépendant des espaces et des conditions de promotion de la culture et de la pensée, nous a poussés à présenter au nouveau ministre du nouveau régime amené par le changement du 7 novembre 1987, une pétition à ce propos, lue publiquement et remise au premier responsable du secteur par N. Ayed.

Au mois d’août 1989, le président de l’Université du Centre, feu Chedly Bouzaccoura, un autre homme exceptionnel, convoque N. Ayed (qui vient de se marier) et lui demande s’il est prêt à lancer un projet de faculté de lettres à Sousse et s’il peut avoir avec lui une équipe assez dévouée et volontaire pour conduire, avec des sacrifices certains, ce projet qui est appelé à connaître des conditions de démarrage difficiles et précaires. Néjib nous réunit alors, à peine une demi-douzaine au début et il obtient vite notre accord. Un département d’arabe, la première année (1989-1990) avec 120 étudiants, coordonné par Ahmed Hizem. Un département de français et un autre d’anglais dès l’année 1990-1991, respectivement coordonnés par Mansour M’henni et Jamel Youssef. Un engagement dans la dynamique de la recherche est rapidement initié par l’organisation en avril 1992 d’un important colloque international sur « la crise du moi dans la littérature moderne ». Puis successivement il y a eu les autres départements que comprend aujourd’hui cette faculté devenue un immense établissement universitaire, dont l’effectif pédagogique, scientifique et administratif et les outils scientifiques et logistiques ont été consolidés par l’intégration en son sein d’une large partie du patrimoine de l’Ecole Normale Supérieure finalement ramenée à Tunis. L’intégration s’est réalisée certes dans une tension caractérisée et dans des malentendus mal entendus, mais finalement dans un processus logique et finalement heureux dont les nouvelles générations sauront mieux, sans doute, évaluer les tenants et les aboutissants. Ils apprécieraient alors à sa juste valeur le rôle majeur de cet homme qui vient de nous quitter comme pour secouer de nouveau une conscience en somnolence.

Sur un autre plan, celui de l’éducation « de base », en sa qualité de directeur général de la recherche pédagogique, N. Ayed est devenu dans l’esprit des gens le « Monsieur Compétences de Base », avec les hauts et les bas, les raisons et les déraisons d’une démarche qu’il importe peut-être de revoir de plus près aujourd’hui qu’on parle d’une réforme du système éducatif. Car, il faut toujours regarder le passé pour éclairer l’avenir.

Voilà quelques éléments brefs à même de rafraichir la mémoire collective quant à certaines personnes qu’il serait honteux de jeter dans le cercle de l’oubli. Quant à Néjib Ayed, Dieu ait son âme, il était peut-être au fond de ces gens dont Vigny disait :

« Gémir, pleurer, prier est également lâche / Fais énergiquement ta longue et lourde tâche / Dans la voie où le sort a voulu t’appeler / Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » (La Mort du loup)

Economique Jawhara FM

jmc
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