Le Festival de Carthage, le nouveau souffle de 2016 ?

Par Mansour M’henni

La conférence de presse de la 52° session du Festival International de Carthage s’est tenue mardi 28 juin 2016 à l’Acropole de Carthage, sous le signe de l’innovation.

Pas de table d’honneur faisant face à des journalistes peu ou bien confortablement assis sur des chaises. Une vraie soirée de fête avec des représentations musicales et chorégraphiques de qualité, toutes exécutées par des jeunes.

On l’a assez tôt compris, la 52° session chercherait à mettre à l’épreuve et à consacrer la volonté et la créativité de la jeunesse, en articulation à l’autre pilier conceptuel du festival 2016 : la Patrie pour tous et tous pour la Patrie. On voit là une philosophie, au moins une vision, qui est à la base de la programmation actuelle et peut-être des orientations d’avenir pour cette manifestation de grand rayonnement.

Ce n’est cependant pas la révolution au sens classique du terme, et nulle intention il y aurait de dénigrer le passé. Le Festival a des acquis certains, sur tout le parcours réalisé et la direction actuelle a cherché à tirer le meilleur profit de ces acquis qu’elle entend d’ailleurs mettre en valeur comme il se doit. Mais le festival a aussi des insuffisances, qu’il conviendrait d’essayer de combler, au moins partiellement, et des adaptations au temps, qu’il serait bon d’essayer d’initier pour le futur.

Telles sont les données premières, annoncées par le Professeur Mohamed Zinelabidine en guise d’introduction, lors d’une première pause entre les paragraphes d’un spectacle convenablement animé par Hamza Belloumi. Il importe de relever aussi, dans cette allocution, l’insistance sur la transparence qui a présidé et présidera à toutes les opérations de la session, aussi bien pour ce qui concerne l’aspect technique et artistique que pour ce qui concerne l’aspect financier. D’ailleurs, au terme de la programmation, toutes les données seront à la disposition de ceux que cela intéresserait.

L’objet de cette chronique n’est certainement pas de commenter la programmation, cela sera fait de la meilleure façon par les travaux de reportage de nos collègues. L’idée est ici de souligner le besoin en innovation, en aventure raisonnée et étudiée, pour la nouvelle Tunisie. La conception de la conférence de presse en constitue une concrétisation éloquente et un avant-goût de l’esprit de fête qui doit toujours guider les pas de ce festival chargé d’Histoire, d’espoirs aussi.

Néanmoins, d’autres innovations sont à saluer et devraient être appréciées à leur juste valeur. D’abord la délocalisation de certains spectacles qui vont entrer à l’intérieur du pays, comme à Sbeïtla. Certes la Télévision tunisienne, un des importants sponsors du festival, va jouer son rôle de vecteur de proximité par la diffusion de la soirée d’ouverture, la soirée de clôture et quatre autres soirées. Mais la proximité physique a son charme et le festival n’entend pas en priver nos concitoyens hors de Tunis.

On retiendra aussi cette programmation culturelle parallèle, baptisée « Les Matinales de Carthage », où des rencontres avec des artistes et des intellectuels nationaux et internationaux, donnant au festival une plus-value culturelle dont le pays a grand besoin s’il veut se maintenir dans la course ininterrompue vers le développement humain, l’enrichissement des intelligences et l’affinement des sensibilités. Au fond de cette orientation, il y a sans doute un projet plus grand qui retiendrait l’attention du ministère de tutelle, mais en rapport avec tous les autres intervenants dans la dynamique du développement intégral, celui de la pérennité de l’action culturelle plurielle, si bien que toute manifestation, au-delà de la dominance qui fait sa spécificité, jouerait son autre rôle de fédération culturelle multidimensionnelle et pluridisciplinaire.

« Le tout culture, tout le temps », voilà bien un slogan à même de dynamiser une société pleinement inscrite dans la logique de la modernité. Avec ce nouveau souffle qu’on sent battre au cœur de la 52° session du Festival International de Carthage, on peut considérer que l’engagement est pris pour concrétiser au mieux ce slogan, surtout qu’à sa base, il y a, rappelons-le, la Patrie et la jeunesse.