Le tsunami américain


Pr. Khalifa Chater
L'élection de Donald Trump fut perçue comme un "tsunami". Au-delà de l'alternance gouvernementale ordinaire, elle semble annoncer un bouleversement de la politique intérieure et étrangère.
Au cours de sa campagne électorale, le milliardaire, qui effectue son entrée en politique, prit ses distances de la politique traditionnelle, rejeta ses normes et annonça une révision de la gestion de ses alliances."Faire redorer la grandeur de l'Amérique", ce slogan, résumant son discours fondateur, affirme son nationalisme identitaire; il estime que les USA devraient se recentrer sur elle-même, et annonce une politique étrangère isolationniste et protectrice. Dans ce cadre, il demande la révision des accords avec l'Iran, sur le nucléaire, souhaite réviser la participation américaine au financement de l'Otan et esquisse un rapprochement avec la Russie. Occultons cependant son discours de surenchère, sur les migrants, sur les populations hispaniques et sur les musulmans et sa dénonciation de la politique d'ouverture vis-à-vis de Cuba.
La candidature de Donald Trump semblait être l'objet d'un rejet. Des dirigeants du parti républicain rejoignirent ses adversaires démocrates. Et pourtant, il assura son triomphe, démentant les sondages. Son élection révéla le profond malaise américain. Les experts n'ont pas pris la mesure de la colère qui s'exprima et mobilisa les électeurs. Des analyses hâtives et approximatives affirment qu'il a été soutenu par les populations rurales, des blancs pauvres, des populations défavorisés, alors que les partisans de Hilary Clinton se recrutaient parmi, la population urbaine, les blancs de la classe moyenne, les Afro-américains et le hispaniques. D'une certaine façon, la consultation électorale remettrait à l'ordre du jour la fracture entre la campagne et la ville. L'analyse de la donne électorale aussi complexe devrait être cependant approfondie.
Annoncerait-elle un "printemps américain", puisqu'elle remet en question l'Establishment politique, transgresse les grands acteurs, et redonne la parole à la population silencieuse. Alors que les chaînes de télévisions étaient acquises à Hilary Clinton, la candidature de Trump a été défendue par les réseaux sociaux, qui ont, été judicieusement instrumentés dans le "printemps" arabe. Le discours inaugural du nouveau président américain corrige le tir et fait valoir le rassemblement. . Cette prise en compte des attentes globales des Américains permettrait de transgresser la fracture, comme simple fait de conjoncture. Wait and see.



