Observations et suggestions tirées de la première Foire nationale du livre tunisien
Par Mansour M’henni
L’expérience vécue dernièrement dans l’initiation, par la ministère des Affaires culturelles, de la première Foire Nationale du Livre Tunisien (du 19 au 28 octobre 208, à la Cité de la culture de Tunis), a permis de constater combien la Tunisie est riche et prolifique de bons citoyens soucieux de l’intérêt de leurs enfants dans une large configuration culturelle pouvant porter leur projet de société, et supporter même les aléas des conjonctures et leurs difficultés.
On a pu remarquer également que l’industrie du livre en Tunisie n’est ni aussi pauvre ni aussi médiocre que certaines voies, de bonne ou de mauvaise foi, ont pu le laisser croire. Il y a un sérieux labeur pour développer, améliorer et promouvoir cet outil culturel, le livre, qui reste et restera, quel que soit son support, un pilier fondamental de tout projet culturel digne de ce nom. Cela se fait certes grâce à la bonne volonté des actants de la matière livresque, en l’occurrence les auteurs, les éditeurs et les lecteurs, mais aussi à la faveur d’un appui fourni par l’Etat, toujours croissant et de différentes façons.
La Foire Nationale du Livre Tunisien était un rêve, elle est désormais une réalité qui met tous les concernés devant d’lourdes responsabilités dont la plus importante est sans doute la pérennisation de l’événement en articulation sur les vacances scolaires de l’automne. Pour se faire, une préparation préalable est nécessaire, longtemps à l’avance, peut-être dans une stratégie annuelle où l’heureuse initiative ministérielle de déplacer la foire, au cours de l’année, dans les régions servirait de mise en train de l’édition annuelle couronnant ainsi une étape du processus dynamique d’une politique culturelle intégrée et démocratique. De ce point de vue, la non moins heureuse initiative des « Cités des lettres et du livre » trouvera dans l’itinéraire régional de la foire nationale un partenaire opportun et important et permettra aux acteurs culturels des régionaux non seulement un accès facile et étendu à la production livresque nationale, mais aussi la participation active à l’organisation et à l’animation des escales régionales de la foire.
Les festivals locaux ou régionaux aussi trouveront dans cette initiative l’occasion propice de coordinations fructueuses et à impact de haute valeur ajoutée sur les plans économique, social et culturel.
Quant à la Cité de la Culture de Tunis, elle devrait rester le cadre idéal de cette foire, car elle est à même de la contenir quel que soit son développement, grâce à une juste prévision des choses et une étroite collaboration des instances directement impliquées, en l’occurrence la direction générale de la Cité de la culture, la direction générale de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturels et artistiques, ainsi que la direction générale de la Foire nationale du livre tunisien. En effet, cette foire et la Cité ont des destins liés à présent, tant par l’année de leur naissance effective qu’à l’intérêt qu’elles peuvent tirer l’une et l’autre de leurs apports réciproques.
En définitive, les Tunisiens ont d’emblée couronné cette réalisation du titre d’une excellente initiative à l’acquis du ministère et de ses partenaires, une action à portée culturelle diversement bénéfique ; ils la revendiqueront certainement dans un aspect et un fonctionnement nettement améliorés et ils répondront à son appel comme ils l’ont fait cette année. Ceux d’entre eux qui ont rempli les pages des réseaux sociaux de remerciements, d’encouragements, de félicitations, de critiques sont tous des acteurs du succès de cette foire et de sa pérennisation. Même les commentaires paraissant relever davantage de la « critiquerie », ne sont pas à négliger et encore moins à ignorer, car autrement perçus, ils peuvent s’avérer porteurs d’autres critiques non moins constructives.
