Pour ce rêve du Maghreb, encore et toujours !
Par Mansour M’henni
Le 30 juillet le Maroc célèbre, annuellement depuis 1999, la fête du trône qui marque l’intronisation du Roi Mohammed VI.
A cette occasion, le Discours du Roi constitue pour le pays et pour ceux qui s’y intéressent une référence de base pour l’évaluation du parcours et pour la prospection des voies de l’avenir. Pour ce qui nous concerne dans le présent propos, c’est la réitération, par le Roi, de son désir de voir se normaliser les relations de son pays avec son environnement géographique, surtout avec l’Algérie.
On le sait, entre ces deux pays d’important voisinage, de fraternité historique même, il y a souvent eu des tensions et des tiraillements, sans doute pas forcément pour les raisons explicitement annoncées. Le dernier « conflit » en date a même vu la Tunisie s’y impliquer, maladroitement à notre avis car ce pays a toujours été une acteur d’apaisement des tensions et un incitateur au rapprochement, voir à l’union maghrébine, au moins entre les trois pays du noyau central du Maghreb, jusqu’à l’aboutissement aux conditions objectives du Grand Maghreb. Récemment, nous parlions ici même de doter d’une valeur « symbolique la crise entre le Maroc et la Tunisie, des suites de maladresses et de malentendus attenants au Sahara Occidental, avec en arrière-fond le soupçon d’une influence algérienne ». Nous nous félicitions également de discussions officieuses au niveau ministériel pour essayer de dépasser ce malencontreux malentendu. Mais rien d’officiel n’a encore filtré de ces démarches.
Nous voici donc en situation de ballottage géostratégique, malgré certaines apparences qui pourraient inciter à des interprétations contraires et qui risquent de s’avérer trompeuses ! Lourdement trompeuses ! Nous voici près de perdre le nord, celui de cette Afrique du Nord comme un ensemble cohérent prenant appui sur une histoire profonde à même d’informer l’avenir commun et d’éviter que son soleil ne se couche avant terme. De là l’importance de cette nouvelle (elle n’est pas la première) déclaration du Roi Mohamed VI en faveur du rétablissement des bonnes relations de voisinage entre son pays et l’Algérie !
Le tout bien considéré, nous ne pensons pas que les autorités politiques en Algérie soient contre cette démarche ; il y aurait certainement des conditions à discuter, mais elles nous semblent pouvoir être concertées dans le sens de l’entente plus que dans celui du dépit. La Tunisie peut s’y associer de par au moins son appartenance au noyau central de la famille du Maghreb et de son unité de principe ! Dans ce cas, elle se joindrait au conseil tri-fraternel de la famille, mais sans des aprioris pouvant fausser les conditions d’une conversation sereine et constructive.
D’aucuns diront encore que la politique a des raisons que la raison ne comprend pas ! Mais dans ce cas, à quoi servirait la politique, si elle tendait à creuser des fossés au lieu de consolider l’union solidaire entre des peuples historiquement, culturellement et géographiquement habilités et voués à s’unir ?
