Chronique29/09/2016 à 09:39
Pourquoi les gens s’acharnent contre Oussama Mellouli ?
Par Mansour M’henni
Certains commentateurs sur les réseaux sociaux et même dans des conversations particulières sont sévèrement dépités par l’impression qu’Oussama Mellouli a laissée après son passage dans l’émission de Samir El Wafi, « Liman yajroo faqat ». D’aucuns ont trouvé justifiée cette réaction, parfois très agressive ; pendant que d’autres restaient entre une neutralité apparente et la défense nostalgique d’une figure représentative du sport individuel en Tunisie.
Il faut reconnaître que le jeune homme a montré certaines limites et a paru perdre pied sur les sables mouvants du dialogue qu’il a eu avec l’animateur de l’émission. Quand on sait qu’il s’est activé à convoiter un poste de ministre, on est en droit de saluer la sagesse des responsables politiques qui ont su éviter un ratage certain.
Pourtant nombreux sont les jeunes qui ont été propulsés dans l’équipe gouvernementale, laissant jusqu’à présent des impressions satisfaisantes et gagnant déjà un préjugé favorable à même de leur permettre d’entreprendre leurs projets et de gérer leurs dossiers sans trop d’obstacles. Ce qui donne la preuve qu’il est bon de beaucoup compter sur la jeunesse, mais qu’il faut prendre pour cela les précautions qu’il faut à ne pas prendre n’importe qui, quelles que soient les raisons.
Ce n’est donc pas le cas avec l’actuel gouvernement, et si on le sent heureusement, ce n’est vraiment pas par animosité pour O. Mellouli, mais pour la pédagogie de la citoyenneté responsable. En effet, il importe d’apprendre à nos jeunes à assumer leur passé pour qu’ils puissent contribuer positivement à l’édification de l’avenir : le leur propre, mais celui de leur société aussi.
Après 2011, O. Mellouli s’est emballé avec tous ceux qui se sont mis à trop crier pour essayer de faire oublier, ne serait-ce qu’un moment, leur passé qui, bien analysé et pleinement assumé, ne devrait leur donner aucune raison de le condamner. Ils avaient servi le pays comme ils avaient cru devoir le faire et, s’ils ont les mains propres et s’ils ne sont pas rongés par un opportunisme morbide, ils doivent avoir la conscience tranquille et savoir que tôt ou tard l’Histoire leur rendra justice.
Mellouli s’est donc laissé entraîner par l’hystérie de masse et a prétendu n’avoir eu aucun soutien du gouvernement de son pays, dans sa carrière sportive, alors qu’il a dû avouer devant Samir El Wafi avoir été assisté (pour ne pas dire choyé par rapport à d’autres) depuis 1999. Nous ne parlons pas, non plus, de l’accueil présidentiel qui lui a été réservé en 2010, pour qu’il déclare en 2011 aller pour la première fois, en homme libre, participer aux compétitions arabes du Qatar. Résultat : il a presque tout raté !
Finalement, en un court laps de temps, les Tunisiens peu informés se sont retrouvés avec un ancien gendre potentiel de Ben Ali, happant au passage un joli cadeau présidentiel, un important lot de terrain aux Jardins de Carthage, etc. De notre point de vue, tout cela, à la limite, peut être considéré comme anecdotique et peu important si le jeune homme avait eu le courage qu’il faut pour assumer, telle qu’elle, une tranche de sa vie, sans s’interdire, par ailleurs, toute révision imposée ou assumée par le nouveau contexte.
De fait donc, ce n’est pas Mellouli l’homme qui a engendré la campagne de son dénigrement, c’est l’éthique qui a présidé au comportement vacillant et calculateur de la part de quelqu’un qu’on aurait souhaité présenter comme un exemple à suivre par une enfance et une jeunesse dont on entend faire de vrais patriotes responsables, capables de sacrifice pour que la Tunisie ne perde ni ses repères ni ses valeurs.
Je pense que la leçon est prise et j’invite, désormais, à laisser Oussama face à ses interrogations profondes et à son for intérieur pour en tirer les réponses idoines à la question de sa responsabilité.
Après il pourra penser au ministère et faire ce qu’il faut pour le mériter.