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Chronique24/03/2022 à 15:52

Ramadan entre la foi et la politique

Ramadan entre la foi et la politique

Par Mansour M’henni


Ramadan est à nos portes et, comme tous les ans depuis un certain temps, des polémiques sont engagées à son propos, plus à la façon d’y être en société qu’à la manière de le vivre intérieurement dans un rapport spirituel avec Dieu.

On y est déjà tant dans des discussions diverses, sans doute ni spontanées ni sans calcul, que dans divers médias chacun s’exprimant en fonction de ses convictions ou de sa ligne éditoriale.
Tout le propos et toutes les divergences tournent alors autour de l’ouverture ou de la fermeture des lieux publics de loisir et de consommation tels les cafés, les restaurants et autres locaux du genre.
Qu’il me soit permis d’emblée de donner une précision importante et de conter une petite anecdote me concernant, en rapport à ce que j’écrirai ci-dessous.
Je dis sans détours que je suis musulman, sincèrement croyant, traitant mon rapport à ma religion comme une communion spirituelle entre moi et Dieu.
Avec Lui, je suis en incessantes interrogations à tous propos débouchant sur des conversations au plus profond de moi, me conduisant vers une façon de voir que j’assume en toute responsabilité, ici et ailleurs.
J’accepte donc de discuter de tout mais ne tolère aucune contrainte pour ce qui est de ma foi et de ma façon de la vivre, convaincu que pour les êtres humains, mes semblables, mes frères, je ne peux rendre compte que de mes devoirs civils et éthiques, rattachés à mon devoir et à mon plaisir de socialité.
Dieu a dit à son prophète Mohammed : « Tu ne guideras pas qui te voudras ; mais Dieu guidera qui voudra ». J’entends la fin de ce verset dans le sens : « … ; mais Dieu guidera qui voudra (être guidé) », car de cette façon, l’être humain est responsable de sa voie qui, une fois choisie et assumée, pourra profiter de l’appui divin pour perdurer.
Quant à mon anecdote, elle remonte à près de quarante ans, une année où ramadan coïncidait avec une chaleur torride du mois de juillet. J’avais rendez-vous dans un hôtel de l’avenue Bourguiba avec deux amis universitaires et collaborateurs de presse, comme moi.
Eux ne jeûnaient pas et moi je le faisais, ayant pris cette habitude depuis mon âge de dix-ans. Ils s’amusaient à me provoquer, fumant souvent devant moi qui était grand fumeur en ce temps-là, et commandant tour à tour des jus frais et des cafés-express.
Ils s’étonnaient de ma passivité. Je leur ai répondu que le principe du jeûne est une motivation intérieure indépendante de l’environnement extérieur et soutenue par une volonté profonde insensible à toute tentation ou provocation, une volonté sans laquelle le jeûne de Ramadan perdrait toute sa valeur symbolique et initiatrice.
 J’en viens ainsi à l’essentiel de mon propos. Je crois pouvoir affirmer, au-delà ou en-deçà de toute interprétation forcée, qu’il n’y a ni dans la seule fois où Ramadan est nommé dans le Coran, ni dans les nombreuses occurrences où est évoqué le jeûne, une quelconque interdiction de fermeture de locaux ou un quelconque irrespect d’autrui pour inobservation du jeûne, celui-ci étant toujours présenté comme une foi profonde et une voie de communion avec Le Seigneur, ainsi qu’une pratique sociale de solidarité et d’assistance aux pauvres et aux démunis. Le texte coranique va jusqu’à autoriser ceux qui ne « supportent pas » le jeûne de le remplacer par des dons charitables (وَعَلَى الَّذِينَ يُطِيقُونَهُ فِدْيَةٌ طَعَامُ مِسْكِينٍ).
Il appuie cette souplesse par une caractéristique divine de clémence, cherchant à mettre les croyants à l’aise avec leur foi et dans la facilité de ses pratiques plutôt que de les mettre en difficulté (يُرِيدُ اللَّهُ بِكُمُ الْيُسْرَ وَلَا يُرِيدُ بِكُمُ الْعُسْرَ). A plus forte raison, Dieu n’a pas autorisé des tiers d’intervenir entre lui et ses sujets, parce qu’il est le seul juge de leur foi, de leurs intentions et de leurs actes.
Le seul intermédiaire attitré est le Prophète, défini comme un être humain comme tout le monde ; tous les autres sont des rapporteurs, avec toute la relativité caractérisant le discours rapporté et son rapporteur. Bref, tout le reste est donc de l’ordre de la socialité, devant être géré selon les règles du vivre-ensemble, de façon civique et conformément aux règles civiles.
Or la socialité est fondée sur le respect réciproque : respect des individus, des catégories sociales, des religions, des cultures et des spécificités civilisationnelles. Mais une société qui ferme les lieux publics ne s’inscrit pas dans le principe du respect, parce que fermer, c’est priver.
Le jeûne étant une abstention à boire et à manger par et pour la libre volonté de foi ; il constitue une épreuve évaluable à la juste mesure de la patience endurée, dans une vie censée continuer normalement. Que font les musulmans dans les pays non musulmans où tous les lieux publics sont ouverts ? Que faire dans un pays musulman où il y a des citoyens d’autres religions appelés à jeûner hors du mois de Ramadan, va-t-on fermer les lieux publics par respect de leur jeune ? Et que faire des musulmans autorisés par le Coran à ne pas jeuner ?
Sans parler des incidences économiques de la fermeture des commerces de tous genres, pour un pays qui peine à redresser sa balance budgétaire et ses moyens de relance du développement.Ne mêlons pas les registres et n’autorisons personne à se proclamer représentant de Dieu sur terre.
Chaque être humain l’est pour soi, mais pour l’ensemble, la vie civile gère les affaires et commande les rapports. Et c’est tant mieux ainsi.

Economique Jawhara FM

jmc
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