Chronique26/10/2023 à 14:22
Refaçonner le monde à l’ordre de ses patrons
Par Mansour M’henni
Il y a vraiment de quoi se demander si les intervenants, dans la situation internationale actuelle, sont vraiment à la recherche de la paix et si même ceux qui n’arrêtent pas d’en affirmer l’intention ne le font pas dans un rôle à jouer pour manipuler les faits et les mentalités, en vue de parvenir à des objectifs cyniquement, voire sadiquement, convoités.
On a beau cogiter les discours et les gestes de ceux qui gouvernent sous le label de la démocratie, on n’arrête pas de les surprendre dans des contradictions et dans des sophistications qui n’ont rien à envier à celles explicitement détenues par les maîtres de la dictature et de l’autoritarisme.
C’est à se demander s’ils ne sont pas tous, ou presque, à loger à la même enseigne, celle d’une folie du pouvoir avide de l’exercer à tout prix, à coup des plus pernicieuses supercheries comme des plus ignobles ignominies, qu’importe qui, comment et combien en souffrirait.
Je suis vraiment désolé d’entamer mon propos avec cette surcharge de dépit et d’indignation ! Qu’on me dise surtout pas que la politique ne se ferait pas sans cela ! A quoi sert la politique sinon à préparer et à œuvrer à la mise en fonction des meilleures conditions du vivre- ensemble ? Et quand nous parlons du vivre-ensemble, il serait honteux de n’y songer qu’à la dimension de notre espace particulier : personnel, familial, ethnique, confessionnel, idéologique, ou autre.
Le vivre-ensemble est à penser en terme d’humanité, donc dans la lignée de l’humanisme approprié, non d’un humanisme monté sur mesure pour une plus ou moins petite société. Où qu’il soit, qui qu’il soit, un être humain est à considérer et à traiter en termes d’humanité non sélective ni discriminatoire, autrement, ce ne serait qu’un vivre- en-clan et en conclave.
J’ai peur que les deux dernières guerres, celle en Ukraine et celle à Gaza, toutes deux susceptibles de s’étendre davantage, ne nous aient encore une fois montré que l’homme est plutôt un animal de guerre, ce qui fait de lui un ennemi de l’homme ! A preuve, vous avez deux belligérants, tous deux diabolisés d’un côté ou de l’autre, et vous avez tous les responsables qui cherchent à se situer par rapport au soutien de l’un ou de l’autre, de l’un contre l’autre, mais jamais à se positionner en vrais acteurs de conversation, de conciliation et de pacification.
Cependant, pendant que ces acrobates des mots et des chars jouent leurs tours de passe-passe pour accompagner la passe d’armes de leurs représentants dans le combat, personne ou presque ne se soucie vraiment de la mort et de la douleur des enfants qui se voient mourir sans savoir pourquoi ? Même quand la société civile (dont il faut parfois tester la sincérité) intervient pour sauver les innocents, elle ne rencontre qu’obstacles et parfois incriminations, sous prétexte de prendre parti dans le conflit en cours !
Combien de morts il y a eu pendant le temps que j’écrivais ces quelques mots ? Qui le saurait avec précision ? La seule vérité qui plane, c’est que la guerre continue parce que d’aucuns ont encore besoin qu’elle dure, parce qu’en durant encore, elle va refaçonner le monde à l’ordre de ses patrons.