Chronique23/09/2022 à 15:40
Sage décision concernant la Foire Nationale du Livre
Cela fait un bon bout de temps que je voulais écrire un article oujuste une chronique sur la Foire Nationale du Livre Tunisien, mais jeme retenais de peur d’être incompris ou de voir mes propos malinterprétés de par mon statut de directeur général de l’éditioninaugurale de cette foire, en 2018. J’y viens cette fois pour ce qui meparaît important en vue de pérenniser cette réalisation culturelleimportante et d’améliorer ses rendements, tous ses rendements :surtout ceux intellectuels, culturels, économiques et sociaux.
D’abord, force est d’insister sur le caractère intelligent et perspicacede la décision d’instituer cette sympathique et fructueusemanifestation.
Pour rendre à César ce qui est à César, la propositionvenait de l’Union des éditeurs tunisiens, elle a été soutenue par laDirection générale du livre et a trouvé un écho favorable auprès duministère.
L’Union des écrivains des tunisiens a alors revendiqué sondroit de se joindre à l’équipe fondatrice et, me semble-t-il, justice lui aété rendue en l’associant à cette réalisation historique.
D’où l’intérêt àmon humble avis, aujourd’hui et demain, de ne pas laisser rompre,de quelque côté que ce soit, cette triple articulation entre le ministère,qui devrait en garder la tutelle, et ses deux partenaires dotés d’unpartenariat effectif et entendu, leur permettant une vraie participationpartagée et solidaire, sans stratégies de rapports de force ni demarginalisation.
Cela nous conduit à la dernière décision des éditeurs de boycotter leministère des Affaires culturelles. Ne nous y trompons pas, leséditeurs ne rompront jamais leur lien vital avec l’autorité de tutelleconcernant la politique du livre ; leur menace n’a de ce fait que l’effetd’une sensibilisation, ou même d’une pression à même de favoriserla discussion, la conversation, l’échange constructif à propos desintérêts partagés.
C’est pourquoi nous saluons la dernière décisionministérielle de reporter la date de la foire et d’inviter tous lesconcernés à y prendre part, dans leurs pleins droits et devoirs.
Cette décision, sereinement conduite, assurera à cette importantemanifestation culturelle, mais à tout le reste des interactions demême nature, un esprit sain, un corps sain et un rendement moral etmatériel conséquent.
Elle instituerait également une nouvelleintelligence de gouvernance que nous osons inscrire dans lecheminement de la démocratisation souhaitée.
Enfin, sans doute en guise de contribution à l’échange des idéesautour de la démocratisation de la gouvernance culturelle, j’oseapporter quelques remarques qui seraient à prendre davantagecomme une invitation à la réflexion que des critiques dans le sensclassique du terme.
On a pu voir, depuis la première édition et jusqu’à ce qu’on a pu voirde l’actuelle, une sorte de changement radical dans les critères deprogrammation et d’organisation interne tant dans les prix que dansd’autres volets comme les hommages et autres centres d’intérêt.
Comme si chaque manifestation collective, et non la foireuniquement, devait se conformer à la vision propre du premierresponsable ou d’un petit noyau directionnel, indépendamment d’unevision générale et concertée de l’événement ou de la structure ! A cepropos, l’idée générale que je soutiendrais, c’est de s’entendre surdes piliers fondamentaux qu’on éviterait de changer à tout bout dechamp, parfois à la tête du client, et qui constitueraient la plateformeéthique, politique et économique de la foire.
Cela conduirait le regardcritique aux remarques suivantes :¤ Pourquoi, par exemple, avoir renoncé au Prix de la traductionquand nous savons combien cet exercice est capital dans toutepolitique culturelle et académique ? Il serait pertinent, me semble-t-il,conformément au statut de chacune de nos deux foires en la matière,la nationale et l’internationale, de maintenir l’exclusivité de lacompétition de traduction aux nationaux pour la foire nationale, etd’ouvrir cette compétition à la dimension internationale soit après ledénouement de la crise économique soit en partenariat avec unorganisme international qui sponsoriserait ce prix.
Cela ajouteraitbeaucoup au rayonnement international de notre foire internationaleet donnerait plus de cohérence et de pertinence à notre foirenationale.
¤ Pour rester toujours dans la question des prix, peut-être convient-ild’annoncer les critères de dénomination des prix quand on décide deleur donner le nom d’un auteur ou d’un penseur ou d’unepersonnalité d’un autre ordre ? Faut-il, par exemple, se limiter auxpersonnalités décédées de chaque genre ouvert à la compétition oufaut-il s’ouvrir sur les vivants ? Dans ce dernier cas, il conviendraitveiller à une indiscutable crédibilité du choix.
D’autres détails mériteraient discussion, réflexion et échange ; nousosons espérer que les débats et les coordinations à venir apporterontassez d’ajustements à la démarche de cette importante manifestationet à sa gouvernance.
Il y a assez de bonnes intentions etd’engagement sincère dans les personnes et les structuresconcernées pour y veiller et y contribuer.En attendant, disons « bonne continuation » à tous ceux qui ont laresponsabilité de réussir une action à intérêt commun !
Par Mansour M’henni