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Chronique07/10/2014 à 10:08

Tunisie, le défi économique

Tunisie, le défi économique

par : Khalifa Chater


La transition - tous acteurs confondus, pouvoir et opposition - n'a pas réussi à assurer la relance économique tunisienne, pour répondre aux attentes.  Depuis 2011, la Tunisie n'a plus de plan de développement. Elle est à la recherche d'une thérapie de choc.

Le défi n'est d'ailleurs plus la compréhension des enjeux mais le choix des programmes et des modalités de leur application. La précampagne électorale a mis à l'ordre du jour une confrontation de projets de sortie de crises. Beaucoup de lieus communs, d'ébauches de programmes, de scénarios de prospectives et d'utopies. Les partis ont-ils des visions politiques et socio-économiques partagées ? Le rapprochement concerne davantage le postulat du libéralisme.  Le temps révolu des grandes théories socialistes, l'échec des mobilisations tiers-mondistes et d'une façon générale  la rupture avec l'idéologie, limite la pensée politique au libéralisme pragmatique, sinon sauvage, que le contexte accommode, par la prise en compte de l'argumentaire social, l'exigence de la conjoncture. Pouvait-on échapper à  la "tyrannie de l'immédiat" et au court-termisme des médias?


Le récent rapport de la Banque Mondiale intitulée «Tunisie, la révolution inachevée», présente des pistes de relance, en relation avec un sévère diagnostic (rapport élaboré par Antonio Nucifora et Bob Rijkers, 17 septembre 2014). Son ambition, vu le contexte actuel, est certes démesurée : "créer des opportunités, des emplois de qualité et de la richesse pour tous les Tunisiens". Les auteurs estiment que la Tunisie est "un paradoxe économique" : Elle réunit toutes les conditions pour devenir un « Tigre de la Méditerranée ». Mais  ce potentiel économique semble ne jamais se matérialiser. D'autre part,   les disparités régionales persistent. En fait, leur explication de la révolution tunisienne, par une crise économique surestimée est réductrice et simpliste. Par définition, les révolutions sont le produit de la nécessité et du hasard. Elles se déclenchent souvent suite à une colère politique, un sentiment d'injustice et de frustration. La contestation tunisienne, - révolution plutôt silencieuse et en tout cas non-violente - traduit une prise de conscience de la jeunesse tunisienne, une affirmation de droits politiques, une quête de dignité, confortées par la colère des chômeurs diplômés et une exaspération des régions défavorisées. Cependant des situations économiques pires n'ont pas suscité de telles réactions. Ce qui atteste le rôle des acteurs, de la conjoncture, de l'environnement géopolitique et parfois, du jeu de l'ombre des partenaires internationaux. De toute façon, la révolution tunisienne a révélé les défaillances économiques, alors que la transition politique a suscité un blocage, dû à la peur des investisseurs, devant la revendication des citoyens libérés de la pesanteur de la soumission.


Diagnostic postulat: La Tunisie "n'a pas réussi, affirme le rapport,  à dépasser le stade d’une économie à basses qualifications et bas salaires parce qu’elle n’a pas ouvert son économie (aux investisseurs nationaux ainsi qu’à l’international) et qu’elle n’a pas changé son modèle économique sous-jacent de contrôle par l’Etat. C’est ce manque de changement, dans une situation de bombe à retardement démographique avec les jeunes diplômés, qui a fait que le modèle économique est devenu de plus en plus inadapté". Les péchés originaux sont rappelés, mis en évidence, surestimés : " le manque de concurrence et le lourd fardeau bureaucratique". Le rapport estime, en outre, que "la réglementation du marché du travail encourage l’exploitation et l’insécurité de l’emploi".  A juste titre, il souligne que la transition post révolutionnaire représente donc "une opportunité unique pour les Tunisiens de revoir leur système économique et de se mettre d’accord sur des changements radicaux, pour ouvrir des opportunités économiques à tous, accélérer la croissance partagée, créer des emplois de qualité et promouvoir le développement régional". Opinion pertinente, le rapport  souligne le besoin de la Tunisie de "passer d’un modèle où la compétitivité était basée sur des salaires bas à un nouveau système économique qui permette aux sociétés d’être concurrentielles grâce à leur productivité, tout en assurant un partage équitable des bénéfices de cette croissance". Peut-on, d'autre part, supprimer facilement "les trois dualismes tunisiens, identifié par le rapport, c’est-à-dire la division onshore-offshore, la dichotomie entre les côtes et l’intérieur du pays et la segmentation du marché du travail" ?


Le rapport dénonce "l'Etat paternaliste qui engendre l’inefficacité et qui a entraîné le copinage" et demande "le soutien de l'initiative privée, dans l’ensemble du pays et pas seulement le long des côtes, et en accompagnant d’une manière efficace les populations pauvres et vulnérables". Mais est-ce que l'entreprise privée, qu'il faut, bien entendu, soutenir, est en mesure de financer une politique sociale, en faveur des populations vulnérables et d'investir dans les régions où l'infrastructure est encore insuffisante ? La synergie entre les entreprises publiques et privées doit effectuer un nécessaire  partage de rôle. La période de transition, qui continue après les élections serait handicapée par le manque de confiance des investisseurs nationaux et étrangers. Ce qui requiert, un nécessaire mouvement de compensation de l'Etat. Le rapport souligne, par ailleurs, qu'une forte politique sociale est également nécessaire. Mais comment la réaliser dans une vision de moins d'Etat possible ? Fait éloquent, le rapport estime que "la plupart des réformes prévoit l’ouverture des secteurs des services à la concurrence et doit être prise d’une manière unilatérale dans l’intérêt de la Tunisie, sans attendre des négociations de réciprocité commerciale". Une telle ouverture unilatérale ne serait-elle pas préjudiciable à la Tunisie ? D'autre part, une ouverture du marché agricole tunisien conforterait les relations asymétriques puisque toutes les agricultures des pays riches (Union Européenne, Amérique du Nord etc.) sont fortement protégées et subventionnées. Faisant valoir le rôle des entreprises, le rapport estime que celles du secteur privé accusent un retard de croissance, une productivité stagnante, peu de création d’emplois et des performances à l’export limitées.  Fait d'évidence, "l'intégration économique concerne essentiellement l’assemblage de produits pour la France et l’Italie". Mais comment échapper à cette pratique de sous-traitance, alors que les bailleurs de fonds d'Europe sont les décideurs de projets et dans une large mesure, maîtres du jeu économique.


Conclusion de l'analyse : «L'amélioration de l'environnement des affaires, la simplification de la bureaucratie, la restructuration du secteur financier, sont les réformes que le gouvernement doit mettre en place d'urgence, dans les mois, voire les semaines à venir".  Le rapport occulte cependant la primauté de la réforme du pouvoir politique, à l’origine de tous les blocages économiques. Ne faut-il pas, d'autre part, transgresser, dans le cas tunisien, l'approche gestionnaire, que privilégie le rapport. Les attentes sociales de la révolution tunisiennes défient la vulgate "plus de marché et moins d'Etat", que ce rapport fait valoir implicitement. Par sa philosophie sous-jacente, ce diagnostic s'inscrirait dans le libertarianisme qui préconise une réduction drastique de la taille et du rôle de l'État, en faveur du privé. Les libertariens se distinguent, en effet, des socialistes ou socialisants, par leur attachement à la liberté de marché et des libéraux, par leur conception très minimaliste de l'Etat (Pierre-Antoine Delhommais, Le Point, 26 juin 2014, p. 9). Ce rapport de la Banque Mondiale qui offre des pistes de relance de l'économie tunisienne, suscite l'intérêt des analystes et il faut l'espérer des hommes d'affaires, pour réussir le défi de la transition économique tunisienne. 

Economique Jawhara FM

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