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Chronique12/06/2015 à 10:37

Turquie : Erdogan et le sens d’une défaite

Turquie : Erdogan et le sens d’une défaite

Mansour M’henni

Recep Tayyip Erdogan était sans doute parti trop confiant dans ses moyens et dans son poids politique, 

ou celui de son parti, pour oser engager des élections législatives sur la base d’un projet de pouvoirs étendus en faveur du président de la République. Ce n’est pas étonnant, idéologiquement et peut-être psychologiquement, car le président turc est animé par une incommensurable volonté de puissance et une intense passion du pouvoir qui le font plier le dos, ou juste le cou, sous les contraintes de la démocratie politique, à peine le temps d’entrer dans l’enceinte décisionnelle et d’y implanter ses piliers, pour mieux préparer ses nouvelles assises et pour reprendre de l’élan, indifférent à ce que d’aucuns appellent chez nous « un complot blanc ».

Dans ses dernières manœuvres en politique intérieure, Erdogan a souvent rappelé Vladimir Poutine et son coup de la puissance présidentialiste via un parcours convenablement négocié en tant que premier ministre ; mais il n’aura peut-être pas été aussi bon joueur d’échecs que l’homme fort du pays des échecs, au propre et au figuré, en tout cas pour cette partie. C’est que, d’abord, la notion de soumission inconditionnelle à la discipline partisane n’a, en Turquie, ni les traditions ni les mécanismes qui la rendent largement fonctionnelle en Russie, un digne héritier des URSS dont le souvenir, et peut-être l’idéal, sont encore aussi indélébiles dans l’esprit de l’homme fort du pays que le sont le souvenir et l’idéal de l’Empire ottoman pour le président turc. Sans parler que, de fait, si une autocratie en Russie est possible, moyennant une intelligente fonctionnalisation des moyens et des outils de la démocratie, ou d’une certaine démocratie, l’idée d’un empire ottoman à la « Harim Soltan » est aussi anachronique et saugrenue que le sixième khalifat de Hamadi Jbali.

Ensuite, du point de vue des stratégies d’action et de manipulation, si Poutine n’a pas de conflit latent ou déclaré avec l’armée, Erdogan ne peut maîtriser la machine militaire turque pour plusieurs raisons dont la plus importante est que celle-ci est la principale garantie institutionnelle du pouvoir civil dans le pays, avec les actifs de la société civile. C’est d’ailleurs pour cela que toute tentative d’islamisation à outrance de l’Etat turc a fait long feu et que le pays a gardé, dans ses structures profondes et malgré les péripéties et les violences de plus d’un demi-siècle, au moins une part importante des réalisations de Mustapha Kamel Atatürk.

Par ailleurs et un peu en conséquence, le succès relativement fracassant du parti kurde dans les dernières élections a consacré la marche du pays et de la société vers un recouvrement de l’éthique et de la politique du vivre-ensemble, malgré les différences et malgré la mort de trois Kurdes après les résultats des élections , ainsi que vers la consécration du pluralisme et de la « diversalité », sans atteinte aucune à l’unité de la patrie et à ses chances de jouer un rôle géostratégique déterminant dans la région.

Erdogan l’a vite compris qui en appelle aujourd’hui, de toutes ses forces, à un gouvernement de coalition et à l’attachement à l’unité nationale. Le premier maire islamiste d’Istambul en 1994, le fondateur d’un parti (AKP) qui en un an est devenu le premier parti du pays, le Premier ministre qui éclipsa la présidence onze ans durant, de par le régime parlementaire, le premier président élu en Turquie au suffrage universel en 2014, cet homme-là a peut-être réactualisé une idée d’empire et un statut d’empereur dans sa tête. Il va devoir à présent revoir son ambition à la baisse, au point pour le temps qu’il lui faudra avant de trouver d’autres moyens, et s’adapter un tant soit peu à l’ambition de son peuple pour doter son pays des meilleurs moyens de son rayonnement, de son influence et de sa prospérité.

De ce point de vue, la Turquie est appelée à repenser ce rôle en dehors de toute ingérence et de tout néo-impérialisme vulgairement et arrogamment affiché contre tout bon sens approprié à la politique régionale. Il est vrai que le pays est soumis à plusieurs tractations, à plusieurs orientations de cet ordre ; c’est d’ailleurs ce qui l’avait amené, pour un temps, à tourner le dos à son identité logique et historique, sa méditerranéité. Il s’en est rendu compte à temps, mais, avouons-le, à son cœur défendant : rejeté par l’Europe, l’investissement méditerranéen (plutôt qu’un investissement dans la méditerranéité) a été un stratagème pour essayer de reprendre poids dans les négociations en vue de « l’européanité » convoitée.

Telle était l’autre erreur de calcul d’Erdogan, trop confiant dans l’ancien régime libyen et le marché juteux qu’il en avait tiré aux dépens de la Tunisie et des Tunisiens, même si c’est économiquement de bonne guerre. De là le caractère obsolète, voire farcesque, du Prix Kadhafi des Droits de l’Homme dont la Libye d’hier avait cocardé Erdogan. De là aussi cet hégémonisme passé de mode dans la supercherie d’un « printemps arabe » dont l’homme fort de la Turquie tenait à maîtriser les tenants et les aboutissants pour l’infléchir à sa volonté et à son commerce multidimensionnel.

Mais en définitive, il est difficile de lui en vouloir : ainsi va le mécanisme machiavélique de la politique politicienne ; mais intelligent comme je le crois, il devrait sans doute revoir sa politique à l’aulne de l’humilité, à l’éthique du respect et à la logique de l’échange paritaire dans ses nouveaux rapports à autrui, pays, partis et personnalités politiques confondus. En effet, la région méditerranéenne a besoin d’une nouvelle philosophie, d’une nouvelle stratégie et d’objectifs conséquemment définis. La Turquie devrait y jouer un rôle essentiel, mais dans une parité conversationnelle et dans une solidarité de coresponsabilité aves ses partenaires, ses pairs, pour un destin partagé et un vivre-ensemble de sincère humanité.

Economique Jawhara FM

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