Au-delà de la Saint Valentin, ou de l’amour comme valeur

Par Mansour M’henni
Dans deux heures finira ce samedi 14 février 2015, ce samedi de la Saint Valentin, qui aura été une journée comme les autres, sauf peut-être cette chronique que je lui consacre. Je ne sais vraiment pas pourquoi cette année, particulièrement, l’événement n’a pas eu pour moi un goût festif.

L’âge peut-être ou l’ombre inquiétante de l’incertain. Pas pour moi, mais pour ceux que j’aime, tous ceux que j’aime. Comme je ne sais pas haïr, vous en imaginer le nombre. La minorité restante n’aurait droit qu’à mon indifférence, qui peut se transformer en compassion, en cas de malheur.

Qu’importe si ceux qui m’aiment ne sont pas au nombre de ceux que j’aime ; l’essentiel est d’aimer d’abord, se faire aimer vient toujours après. Car il faut savoir donner pour pouvoir recevoir. L’amour est une valeur qui peut se concrétiser de mille et une manières et qui peut avoir de très nombreux objets.
On aime des personnes, plusieurs personnes, mais chacune d’une façon : on aime un père et une mère, on aime ses enfants, on aime ses amis et ses proches parents, on aime les humains, ceux-là qu’on ne connaît peut-être pas mais qui sont là dans notre affect, ceux-là dont on dirait, comme aurait dit Baudelaire : « Hypocrites amis, mes semblables, mes frères ! ».

On aime des icônes, on aime des idoles, on aime des symboles. On aime des animaux, on aime de la faune, on aime des objets, on aime un paysage, on aime la musique, on aime la beauté, on aime les douceurs et parfois la douleur !
Mais on aime tellement à en oublier de partager.

Et c’est là que les problèmes commencent. On cherche alors à s’attribuer le meilleur amour, contre celui des autres, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. C’est ainsi qu’on commence à creuser des fossés entre soi et les autres, tous ceux qui sont différents, tous ceux qui aiment différemment.
J’ai senti le besoin d’écrire ce que j’écris ici après avoir écouté certains propos dans les différents médias, des propos de gens qui ont été interrogés sur la Saint Valentin et qui ont cru nécessaire de nous blesser les oreilles par des propos démagogiques qui sonnent le retour du fanatisme sous des sourires mielleux qui ont un arrière-goût de venin.

Quand on est interrogé sur la Saint Valentin, ce n’est en principe pas pour en nier l’opportunité et en contester la valeur. Ce n’est surtout pas pour dire que notre religion est celle de l’amour, contrairement à celle des autres. Ce devrait être, logiquement et éthiquement, pour dire que toute occasion de fêter l’amour est bonne et que ce serait tant mieux si toutes les cultures et les religions s’unissaient pour cultiver l’amour et le célébrer comme l’essence même de l’humanité.

Autrement, n’est-ce pas là une manière pour les hommes de détourner, comme toujours peut-être, les messages d’amour que portent toutes les religions pour les canaliser dans les flux des passions haineuses et conflictuelles ? Il me semble que celui dont l’amour particulier ne se nourrit pas du sens de l’amour de l’humanité, restera toujours en-deçà de l’amour comme valeur de l’existence et comme vecteur d’épanouissement.

Encourageons les gens à célébrer l’amour où que cette occasion se présente et veillons à instituer, chez nous, d’autres formes de cultiver la conscience amoureuse pour des objectifs humainement convergents. Ainsi seulement nous pourrons épargner à notre société les pires déboires qu’elle a parfois connus et ainsi nous saurons aspirer à une quelconque exemplarité édifiante et heureuse pour l’ensemble de l’humanité.
 
 (Samedi 14 février 2015 à 22 heures)