Baccalauréat 2015, des résultats différentiels … !
Pr. Khalifa Chater
Les résultats différentiels au baccalauréat, doivent appréhender l'Establishment et les citoyens.
Ils tracent une démarcation grave dans le domaine de l'éducation et traduisent une pesanteur historique significative : Le décalage entre les résultats de l'examen national de fin du cycle secondaire tunisien ne peut être occulté et banalisé. Il constitue une situation anormale, une question qu'il faudrait traiter.
L'analyse des résultats atteste la position privilégiée du Sahel et même de l'ensemble des régions côtières : Sfax : 43 %, Ben Arous, Ariana, Monastir et Mahdia 37 %, Sousse: 36 %, Nabeul : 31 %, Bizerte : 29 % Manouba : 24 %. La cote méridionale obtient également des résultats significatifs : 36 %, dans le gouvernorat de Mednine, 24 % dans le gouvernorat de Gabes (analyse du cabinet Targa Consult, voir son site). Par contre, les régions intérieures de l'ouest obtiennent des résultats plutôt modestes: Kasserine : 11 %, Jendouba et Gafsa :15 %, Sidi Bouzid : 17 %, Tataouine : 18 %, Kebili : 19 %, Tozeur : 20 %. Fut-elle une grande ville, assez proche de la région côtière de Sousse, Kairouan, s'inscrit, par ses résultats, dans les régions du centre ouest : 18 %. Nous retrouvons la dichotomie entre la cote et l'intérieur, le passage de la "Tunisie utile" du Nord Ouest au Sahel, résultant du passage du "cycle des grains" au "cycle de l'huile", à la fin du XVIIIe siècle (thèse de Lucette Valensi). Le protectorat prit acte de cette zone vitale, pour le commerce colonial et la favorisa, dans le domaine de l'enseignement, vu également la présence de colonies européennes depuis l'ère précoloniale. Ce qui contribua à une émergence plus importante d'élites intellectuelles ou du moins de fonctionnaires d'Etat, dans cette région. Les régions qui ont été affectées par la colonisation agricole ont eu des résultats intermédiaires : Zaghouan et Siliana : 23 %, Le Kef : 21 % et Béjà : 20 %. Nous devons cependant faire intervenir dans cette grille de valeurs la démarcation : vie urbaine/vie rurale. Tunis, la capitale, qui constitue par sa complexité sociale, une situation d'exception a obtenu des résultats forts modestes (28 %) et en tout cas, en deçà de la moyenne nationale (27,22 %)
Source : http://www.targa-consult.com
Par quoi expliquer ce décalage des résultats ? Ce problème devrait être traité sérieusement. Ne faudrait-il pas adopter un scénario pour mettre fin à cette anomalie, qui exigerait une prise en compte des insuffisances : moyens et infrastructures et une mobilisation des structures d'encadrement social ?
