De Rome à Vienne, les défis de l'Europe !


Pr. Khalifa Chater
‘‘Les pierres de la maison occidentale, tomberont les unes après les autres. La vague nationaliste qui défie les démocraties est désormais si puissante qu'elle rassemble à un tsunami, qui s'apprête à rayer de la carte l'ordre établi’’(Isabelle Lasserre, le Figaro, 3 décembre 2016).
Ce diagnostic, qui appréhende le référendum italien et le renouvellement des élections présidentielles en Autriche, dimanche 4 décembre, nous parait certes hâtif et exagéré. L'auteur met en valeur le statut des deux pays : ‘‘deux anciennes capitales d'empire, deux pays au cœur de l'Europe, au niveau politique et géographique’’. Inscrivant les risques de deux élections, dans la conjoncture du Brexit et de l'élection américaine de Donald Trump, il évoque une possible illustration de la ‘‘théorie des dominos’’. Qu'en est-il au juste ?
Italie, un référendum à haut risque : Deux grands sujets s'entremêlent : l'un porte sur la réforme de la constitution, l'autre, bien plus politique, concerne le sort du gouvernement de Matteo Renzi. La coalition hétérogène, qui s'oppose au référendum comprend la Ligue du Nord, Força Italia de Silvio Berlusconi, la droite extrême, le mouvement 5 Etoiles, l'extrême gauche etc. Des forces populistes y dominent. Elles s'opposent à la mondialisation, critiquent l'appartenance européenne et dénoncent le mouvement migratoire. Le patronat italien a d'ailleurs affirmé qu'un non au référendum, équivaudrait à une catastrophe, un "Brexir" méditerranéen. En Autriche, la situation est moins complexe, puisqu'elle concerne une possible victoire présidentielle de l'extrême droite, avec l'application de son discours fondateur de rejet du système politique, des alliances européennes et de la promotion des frontières, réaffirmant l'identité nationale. Dans les deux cas, les courants nationalistes et populistes qui y dominent, remettant en question les valeurs libérales.
Echec de l'extrême droite, à Vienne, non au référendum, en Italie. Le non italien met à l'ordre du jour une crise politique, une période d'instabilité et annonce un affrontement sur la question de l'identité. Il s'inscrit dans les mutations européennes annoncées. La question identitaire y a fini par se substituer à toutes les autres. Diagnostic alarmant d'un chroniqueur : ‘‘L'Occident s'st mis à ressembler à Israël : une forteresse assiégée, cherchant des réponses sécuritaires à ses problème politiques’’ (Christophe Ayad, "l'israélisation du monde (occidental)", Le Monde, 2 décembre 2016). Il s'agirait, espérons- le, d'un état d'âme conjoncturel, que la lucidité politique, permettrait de dissiper, lors des prochaines élections en Allemagne et en France. L'Union Européenne est un acquis, difficile à remettre en cause. Elle a besoin d'un développement des relations avec son voisinage sud-méditerranéen. La donne économique et la promotion du statut de l'Europe ferait valoir un retour aux normes.



