Du report de la 37ème édition de la Foire internationale du livre

Par Mansour M’henni

Elle a été rapportée par la TAP à partir de la page officielle de M. Youssef Lachkham, directeur de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques (ENPFMCA), également chargé du Cabinet de la ministre des Affaires culturelles, Mme Hayet Guettat Guermazi.

Certes, certaines parties, à intérêts divers, ont mal accueilli la nouvelle et l’on pourrait comprendre leur attitude peu portée à rompre les habitudes ; mais à y voir de plus près et aussi objectivement que possible, on ne pourrait qu’adhérer à cette orientation qui ne fait que rétablir un état dans sa normalité. Il importe peut-être de rappeler les difficultés endurées par le comité de la 36^ème édition, deux ans durant, pour réussir à l’organiser du mieux possible, en novembre 2021, avec toujours plusieurs aléas. D’évidence, cette perturbation a affecté également l’organisation de la Foire nationale du livre tunisien, une autre manifestation de grande importance pour la promotion du livre et de la lecture dans notre pays. C’est ainsi que sa 3^ème édition a quand même pu se tenir en juin 2021.

Rappelons que le principe de complémentarité entre les deux manifestations est de grande utilité pour une meilleure efficience. L’idée de base, à la création de la foire nationale en octobre 2018, était de doter le livre de deux belles pages de garde, l’une au second trimestre de chaque année (de préférence avril, intégrant la journée du livre), et l’autre au quatrième trimestre (de préférence en novembre, à l’occasion des vacances scolaires). La dernière décision du ministère s’inscrirait ainsi dans le rétablissement logique et rationnel de ce calendrier.

Ce processus est d’autant plus intéressant à accompagner et à soutenir qu’il serait, nous dit-on, doublé d’une réflexion approfondie portant sur le développement de la Foire internationale de façon à lui donner plus d’élan, de rayonnement et de rentabilité morale et financière. Cela inscrirait la démarche dans une politique de prospection de l’avenir et non dans la seule reprise automatique d’une tradition héritée. Plusieurs questions à ce propos ont été soulevées par le comité sortant et le rapport de synthèse en avait sans doute rendu compte. En tout cas, de par son rôle, M. Youssef Lachkham était au su de toutes ces données.

Reste l’autre question, souvent commentée de façon critique, celle portant sur le lieu de la tenue de la Foire internationale, en l’occurrence de Palais des Foires d’El Kram. Elle aussi a été souvent évoquée du fait de plusieurs données : d’abord le calendrier très serré de cet espace d’orientation commerciale, faisant que la foire du livre peut ne pas paraître prioritaire de ce point de vue. Les réservations y sont souvent étendues jusqu’à trois ans à l’avance. Sans parler du prix que cela coûte à chaque édition. L’idée de concevoir une formule de recentrement de la Foire internationale au centre de la capitale ne manque pas d’intérêt parce qu’elle pourrait doter l’événement d’un caractère festif à même d’animer la vie culturelle entre la Cité de la Culture, le Palais des congrès et l’avenue Bourguiba. D’ailleurs, on se demande vraiment pourquoi le lot de terrain mitoyen de la cité et devant contenir une extension possible de cet espace culturel lui a été retiré pour apparemment servir à un autre usage ! Voilà bien une décision à revoir et à corriger.

Bref, il y a du travail en perspective dans le sens de la décision du report de la 37^ème édition de la Foire internationale du livre à Tunis pour le mois d’avril 2023. Si ce chantier est assez rationnellement conduit, dans la coopération avec les parties concernées, il ne pourrait avoir que des résultats probants et des acquis insoupçonnés peut-être.