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Chronique27/05/2025 à 09:14

Du sens profond de la cérémonie d’adieu à Rafael Nadal

Du sens profond de la cérémonie d’adieu à Rafael Nadal

Par Mansour M’henni

Dimanche 25 mai 2025, à l’ouverture de l’édition 2025 du tournoi de Roland-Garros, une cérémonie grandiose a été organisée pour l’adieu de Rafael Nadal aux compétitions officielles, décidé l’année dernière. La cérémonie a été marquée par la participation de trois grands champions du Tennis, en l’occurrence Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray.

Mais pour les intéressés, cette cérémonie a sans doute actualisé celle faite à Roger Federer, à l’occasion de ses adieux au tennis mondial, en septembre 2022 lors de la Laver Cup à Londres. Ce qui avait été souligné ce jour-là, c’était l’émotion aux larmes des deux grands champions du tennis mondial souvent désignés par les journalistes comme « deux ennemis ». Et les mêmes larmes ont coulé lors de la cérémonie faite à Nadal. C’est pourquoi, dans la continuité de ce que j’ai récemment évoqué à propos du colloque « Le Sport, corps physique et corps social », organisé par la Cireb à Paris, j’aimerais m’arrêter aux mots que nous utilisons parfois pour dire improprement les choses.

Sommes-nous vraiment justifiés d’utiliser les mots « ennemis » pour désigner deux sportifs en compétition ? Ne serions-nous pas ainsi des conditionneurs des mentalités pour une conviction que « l’homme est un ennemi pour l’homme », selon l’expression du philosophe Thomas Hobbes ? Qu’importe si certains comportements et états d’esprit nous inspirent souvent ce sentiment ! L’essentiel n’est-il pas de faire de notre langage un porteur de valeurs humanistes et un éducateur à leur importance dans l’esprit du vivre-ensemble ?

Cela me semble devoir se généraliser dans le langage sportif, mais cela devient impératif quand il s’agit du tennis qui me paraît le sport le plus à même de porter l’esprit sain d’une socialité évoluée. A nos commentateurs donc de choisir le mot qu’il faut et de souligner même que dans le tennis, il n’y a pas d’ennemi ; parce qu’il n’y a pas d’animosité, il n’y a que de l’ÉMULATION.

L’animosité, nous dissent les dictionnaires, est un « sentiment persistant de malveillance » et une « attitude agressive ». Elle est étroitement liée à l’idée d’inimitié et d’hostilité. De là le pas franchi, dans le langage d’une certaine presse, pour rejoindre le sens d’ennemi et sa relation au démon.

Au contraire, l’émulation, les dictionnaires nous le disent aussi, est un « sentiment, considéré comme noble, louable, qui pousse à surpasser ses concurrents dans l'acquisition de compétences, de connaissances, dans diverses activités socialement approuvées ». Une saine et noble concurrence qui signifie le don de l’effort pour bien faire. C’est d’ailleurs de ce point de vue que le mot « rival » dans le sport en général et dans le tennis en particulier, vaut son emploi pour dire celui « qui est opposé (à qqn ou à qqch.) pour disputer un avantage (sans recourir à la violence) ». Peut-être serait-il alors plus propre (dans les deux sens de justesse et de propreté) que le mot « adversaire » qui n’est pas nettoyé de l’idée d’hostilité.

Voilà ce qu’il nous faudrait, me semble-t-il, pour que notre langage soit une école de socialité et notre sport aussi ! Par ailleurs, la cérémonie faite à Nadal était bien grandiose et elle était riche de ces grands sentiments de l’humanité que nous devons ambitionner.

 

Economique Jawhara FM

jmc
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