Istichara non… Istichara oui…

Par Mansour M’henni

L’encre et la salive ne vont pas sécher de sitôt à propos de l’Istichara, décidée par le Président de la République, dans la perspective des réformes en vue, supposée à même de sortir la Tunisie du marasme dans lequel elle croupit et se débat depuis plus d’une décennie.

D’aucuns la soutiennent, d’autres la dénigrent et la refusent, pendant que d’autres encore ne savent à quel saint se vouer.
Ce qui est évident, à la veille de la date limite de cette consultation, c’est qu’il y a malentendu sur la question, sans doute du point de vue de son initiation, de celui de sa conduite et de celui de sa communication.
Cela ne serait ni très grave ni irréparable si toutes les intentions étaient bonnes et si elles convergeaient en premier vers l’intérêt général du pays.
Malheureusement trop de calcul politique et plusieurs considérations personnelles ou partisanes ont faussé la démarche et semblent conduire à l’irréparable communicationnel et à l’impossible coopération solidaire du simple service à rendre à la collectivité et à la patrie.Disons-le sans ambages, une consultation est un fait heureux dans une société aspirant à se rapprocher le plus possible de l’idéal démocratique.
Elle peut constituer un repère susceptible d’orienter la pensée et d’enrichir les débats autour de décisions aussi consensuelles que possible.
Quant à en faire le seul amer orientant un navire en naufrage, cela fausserait son esprit, vicierait sa démarche et compromettrait ses objectifs.
D’un autre côté, certaines attitudes à l’égard de cette initiative présidentielle sont souvent chargées d’antagonismes politiques et idéologiques et, plutôt que de chercher à accompagner le processus avec les commodités appropriées et avec le langage conciliant, même et surtout dans les différences et les divergences, elles creusent le fossé et poussent vers la rupture et la dissonance.
Cela atteint les limites de l’absurde quand ces comportements émanent de politiciens ayant exercé le pouvoir et contribué à aggraver le désastre de la dernière décennie, à des degrés divers, par complaisance, par indifférence, voire même par compromission attestée.
 La Tunisie d’aujourd’hui ne saurait supporter encore ces tiraillements et ces déchirements qui compromettent son destin et l’avenir des générations à venir. Elle a besoin que les siens, tous les siens, sachent raison garder et se doter d’un sens éthique de l’engagement et non d’un sens particulièrement politique, très vite distordu par l’égoïsme, le narcissisme et la corruption.
Un peu d’humilité de la part de certaines figures politiques ne nuirait ni à leur image ni à leur avenir politique auprès des citoyens.
Il est heureux de voir l’UGTT, par son secrétaire général surtout, s’appliquer à trouver un terrain de rencontre à partir duquel un vrai échange s’engagerait de la façon la plus large et la plus libre.
Des voies apparaîtraient dont il faudrait écarter le dogmatisme de tous genres.
La Tunisie ne pourrait qu’y trouver son salut et son vrai statut d’un pays exceptionnel, riche de cadres dans tous les domaines et d’un potentiel de base lui permettant d’offrir le bien être à ses citoyens, dans un vivre-ensemble respectueux de toutes les différences et de toutes les intelligences constructives.