Le néo-libéralisme en débat !
Pr. Khalifa Chater
Le président chinois, XI Limping a inauguré le 47em Forum économique mondial de Davos (Suisse).
Le dirigeant d'un régime communiste se présente, en gardien, du libre échange, dans cette "grande messe annuelle de la mondialisation libérale": «Nous n'allons pas fermer la porte au monde, mais l'ouvrir encore plus largement» avait-t-il affirmé, en novembre 2016. Par contre, Theresa May, premier ministre britannique, seul dirigeant d'un grand pays européen à participer au Forum de Davos, a expliqué devant un public de patrons, acquis au libéralisme et au libre-échange, pourquoi l'électorat britannique semble réticent à cette option. Les vues protectionnistes du nouveau président américain confirment ce positionnement. Par contre, dans de nombreux pays du tiers-monde, le libéralisme est assumé, comme doctrine d'Etat, depuis la chute du mur de Berlin. On fait même valoir la stratégie du "développement, à travers le libre échange". Qu'en est-il au juste ?
Ce thème vient d'être débattu, par une pléiade d'experts maghrébins et européens (Fondation Rosa Luxembourg, Tunis, 28 janvier 2017). Il théorise la problématique identifiée par un séminaire précédent, en octobre 2015, qui a été l'objet d'un livre, couronné de succès (Gisela Baumgratz, Khaled Chaabane, Wilfried Telcämper, même titre, édition Peter Lang, Bruxelles, Bern, Frankfort, New York, Oxford). Le séminaire de 2015 s'est tenu, la veille du lancement des négociations entre l'Union Européenne et la Tunisie, sur l'accord de libre échange complet et approfondi (ALECA), visant la libération des services et la commercialisation des produits agricoles, après l'exonération des produits industriels des droits de douane, depuis 2008. Vu le bilan décourageant de l'accord d'association avec la Tunisie, conclu en 1995, des chercheurs revendiquent la création d'un «partenariat politique global", qui dépasserait le libre-échange», l'ALECA n'étant pas « une fin en soi» (Azzam Mahjoub, ibid, p. 45), Conclusion du livre: « les contributions sur les effets de la politique de libre-échange montrent la grande distance qui nous sépare de cet esprit d'ouverture, compte tenu du blocage de la mobilité des personnes. La forteresse Europe réduit la coopération et l'échange, dans le domaine scientifique et culturel, de façon indécente ». L'expert allemand Werner Ruf demande, par conséquent, de «mettre l'U. E. devant sa responsabilité de créer un environnement démocratique, garantissant autant la libre circulation de chercheurs et artistes que celle des acteurs économiques ».
Le Forum de Tunis (28 janvier 2017) a revendiqué une amélioration des termes de négociation, pour traiter la question de "l'échange inégal' et les relations d'asymétrie dominants. Les participants affirment qu'il n' ya pas un pied d'égalité, dans le dialogue, entre l'Union européenne et un pays, Une telle "parodie de partenariat" mettait à l'ordre du jour un "simulacre de développement". Ils estiment que la croissance ne signifie pas toujours le développement. Présentant un argumentaire contre le néo-libéralisme, ils redéfinissent le développement et ils appellent à l'organisation d'un reflexion globale, pour identifier des «alternatives à l'agenda libéral», qui au mieux peut faire valoir une politique de court terme, au profit des capitaux étrangers. Mais peut-on être à contre-courant de la mondialisation libérale ?
