Les attentes des citoyens

Pr. Khalifa Chater

A la veille des élections présidentielles, la campagne est marquée par un  nombre important de "postulants".
Les candidats ont-ils pour objectifs de gagner le pouvoir ou simplement de marquer leurs territoires et d'affirmer leurs présences et celles de leurs partis sur la scène publique ?
S'adaptant aux nécessités de la conjoncture de la révolution technologique, la plupart des candidats ont conforté les réunions publiques, par une campagne ciblée sur les médias et les réseaux sociaux.
La maîtrise médiatique a souvent compensé l'absence de dialogue avec les citoyens-électeurs. Or, il faut retisser les liens avec le pays profonds.
Au cours de leurs campagnes, les candidats ont défendu leurs propositions. Il s'agit d'assurer le sauvetage du pays. Nous ne revenons pas sur les programmes. Ils se ressemblent, plus ou moins. Peut-on se contenter de tels effets d'annonces, d'ambitions, sans relation avec les possibilités du pays ? Les candidats ont-ils pris la juste mesure de la gravité des enjeux  et des défis de leurs charges ?  Or, il faut déclencher "l'étincelle politique",  qui engagerait la reconstruction du pays  et la relance de l'économie. Elle nécessite l'établissement d'un environnement de sécurité et de stabilité, susceptible de redonner confiance.
Il faudrait, par ailleurs, mettre la jeunesse à l'avant-garde, assurer sa participation, se concerter avec elle, pour inventer la Tunisie de demain. Les nouveaux dirigeants  devraient considérer cette priorité. Les élections parlementaires ont été marquées par la défection de la jeunesse, celle qui a porté la révolution. Pessimisme, désillusion, manque de confiance, elle s'est sentie peu concernée par le scrutin. Elle attend un emploi, pour pouvoir s'investir dans les affaires de l'Etat. Il faudrait faire bouger les lignes, pour éviter qu'une génération soit mise à côté, alors que l'avenir lui appartient. 
La renaissance tunisienne nécessite l'accord de tous. Elle exige des sacrifices salutaires, qui ne doivent pas susciter de surenchères.  Mieux vaut un arrangement qu'un grand enlisement. On ne réforme jamais seul. Il faut saluer la volonté  de réconciliation, du parti appelé à réaliser des alliances et à engager des programmes de coopération. Saluons son choix annoncé, du compromis et de la progressivité. Les processus d'exclusion, devraient être condamnés. Ne faut-il pas maintenir le dialogue national, engagé par la troïka, afin de maintenir cette institution du dialogue, au-dessus des partis.

Fait important, "le panier de la ménagère" doit être l'élément essentiel d'appréciation du nouveau gouvernement. La hausse spectaculaire des prix, la chute du dinar et les retenues à la source ont bien affaibli le pouvoir d'achat des citoyens. Les tentatives de remise en cause de la caisse de compensation les inquiètent. Ne faudrait-il pas réviser les graves aléas du marché sauvage, et assurer son contrôle. Il faudrait accommoder le libéralisme à cette exigence, sinon indexer les salaires  aux prix du marché, à l'instar des pays européens. Un tel processus devrait être envisagé, à plus ou moins brève échéance. 

 
NDLR : Cet article d'opinion libre est publié sous la responsabilité de son auteur et n'engage pas la rédaction de Jawhara FM.