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Chronique13/05/2015 à 10:10

Quand l’école va mal

Quand l’école va mal

Par Boubaker Ben Fraj

Notre école publique  va mal, elle est sclérosée,  inadaptée, disqualifiée, non respectée ; autant de qualificatifs peu rassurants et moins flatteurs les uns que les autres, devenus de nos jours  des lieux communs que nous entendons à longueur d’année ; sur toutes les lèvres et dans toutes les tribunes.

Pourquoi mettre encore en doute ce constat partagé, du moment qu’il est aujourd’hui clairement avoué par les ministres en charge des  deux piliers fondamentaux de notre système éducatif : le scolaire et l’universitaire, et tristement confirmé par toutes les instances spécialisées dans l’évaluation des systèmes éducatifs ?

La déception après l’enthousiasme

 Qu’a-t-on fait pour enfoncer notre école publique aussi bas ; Pour déprécier à ce point la première et la plus grande institution du pays,  à laquelle la communauté nationale ne cesse de consacrer la part la plus importante de ses ressources et de  ses soins ?
 Qu’est-il donc arrivé à cette école publique  qui était pourtant  perçue par les Tunisiens,  jusqu’à une époque pas lointaine,  comme étant  le plus grand vecteur de leur progrès, de leur émancipation et leur ascenseur le plus sûr vers le meilleur ? Qui n’y avait  pas cru  à l’aube de l’indépendance ? Les riches, mais plus encore, les pauvres qui y voyaient leur unique levier  pour  accéder à une condition meilleure ; les citadins, mais davantage les ruraux, qui n’avaient en dehors de l’école, aucune chance de se libérer du joug de l’ignorance; les hommes, mais plus qu’eux les femmes, qui y voyaient la voie inespérée pour atteindre le  statut de dignité auquel elles aspiraient dans une société qui les avaient trop injustement maintenues dans une situation d’infériorité et de dépendance.

     Portée à la fois par un très fort  élan volontariste de la part de l’Etat national encore naissant, un enthousiasme sans limite de la part de la population et  une détermination moderniste de la part des pionniers qui en  avaient pris la commande, l’école publique avait  au cours de sa période glorieuse, largement réussi - malgré ses lacunes et ses tâtonnements de jeunesse - à relever un triple défi : l’unification de l’enseignement, sa généralisation et sa modernisation. Elle l’avait fait avec  brio pendant deux décennies ou presque, avant de se laisser gagner avec le temps, et sans qu’elle n’en prenne toujours  conscience,  par un état de léthargie, d’autosatisfaction et d’immobilisme.
 Dans le fond, les problèmes qui traversent aujourd’hui notre école   ne sont pas nés la veille. Les prémices de la crise étaient là  depuis  trois décennies déjà, plus exactement depuis le milieu des années quatre-vingt du siècle passé. A l’époque déjà, on pouvait voir notre école peiner de plus en plus dans la gestion de la quantité. Elle commençait en fait à  subir les retombées inéluctables d’une généralisation sans freins qu’on lui avait choisie, mais  qu’elle ne pouvait plus assumer dans la sérénité.

 L’école  ballottée

 Débordée par  des flux exponentiels d’élèves et d’étudiants qu’elle ne pouvait plus réguler, noyée dans le nombre,  elle s’était  avérée depuis,  et  à fortiori de nos jours,  incapable de mettre en place une  vraie stratégie anticipatrice de qualité ,   à même de l’adapter à l’évolution  rapide  de la nature des  besoins et exigences du pays.  Depuis, elle n’a pas cessé de faire du surplace et de se perdre en une succession sans fin  de réformettes  suivies d’autres  réformettes aussitôt mises en œuvre,  aussitôt remises en question et vite   abandonnées. 

Dans  cette école publique ballottée au gré des caprices des ministres qui se succèdent,  l’improvisation est devenue  depuis belle lurette,  un mode de gestion consacré,  et à partir de là,  bonjour les dégâts !

Alors qu’elle fut dans ses moments, et pour l’ensemble des Tunisiens le principal ascenseur à la fois social et culturel,  notre école s’est  transformée en une vaste fabrique de  désillusion et d’échec, il suffit pour s’en  rendre compte de  constater le nombre effarant d’enfants et de jeunes qui sont mis avant terme et sans préparation convenable,  au ban de l’institution  et avec de fortes chances, au ban de la société. Ils se comptent en centaines de milliers  pour lesquels les statisticiens   n’ont trouvé d’autres mots pour les désigner  que ceux de déchets scolaires. Des rebuts largués sans canots  de sauvetage par un  système devenu de plus en plus pléthorique et calcifié, inapte à arrêter cette dramatique hémorragie, ou même à réduire son ampleur, et  encore moins à offrir à ceux qu’il rejette, des issues alternatives vers lesquelles ils peuvent s’orienter pour reprendre avec le chemin de l’espoir.
 En s’embourbant dans la voix du populisme et de la démagogie,  l’Etat a raté toutes les occasions qui s’étaient présentées à lui  pour traiter les problèmes de notre école  en profondeur. Au lieu de cela, il n’a pas trouvé mieux que de la gaver de palliatifs ; administrés  l’un après l’autre. Souvent de simples  pis-aller qui ont ajouté à la pléthore  quantitative et à la paupérisation, d’insurmontables  faiblesses d’ordre qualitatif, qui ont engendré un nivellement par le bas et une baisse indiscutable du niveau de nos enseignements à tous les degrés.  Et là, ce ne sont pas les  gros cartables  pleins à craquer que portent nos petits écoliers tels des forçats, ou les taux de réussite  faussement gonflés  par d’injustifiables bonifications au baccalauréat, et encore moins le nombre exponentiel des étudiants inscrits dans les facultés et les instituts qui vont nous convaincre du contraire.

Le bourrage  au dépens de l’intelligence

 Les carences qualitatives de notre école sont trop nombreuses pour qu’on puisse en établir  ici l’inventaire: programmes surchargés, rébarbatifs  et encyclopédiques ; méthodes pédagogiques obsolètes basées sur le bourrage des cerveaux plutôt  que sur le développement de l’intelligence ; procédés  d’enseignement  handicapants qui annihilent l’autonomie, étouffent l’esprit critique,  tuent l’imagination,  l’initiative  et la créativité ; enseignants de plus en plus blasés, peu encadrés  et peu  respectés ; élèves de moins en moins motivés ou disciplinés, parents démissionnaires, écoles surpeuplées, sous équipées et mal entretenues, administrations laxistes, prolifération des cours particuliers, absentéisme, et j’en passe …

 Restaurer  l’effort et l’autorité
 
Je ne me hasarderais pas à propos de ce sujet très complexe sur le terrain des propositions et des mesures  à prendre, mais je me limiterai à dire, que  notre école  actuelle ne réussit, ni à stimuler l’effort de ses apprenants, ni à asseoir l’autorité de ses maîtres. Deux conditions vitales que nous devons au plus vite  restaurer ; et si nous ne réussirons pas à le faire par le biais d’une réforme globale,  courageuse,   et bien pensée, l’institution fondamentale de la République qu’est l’école, continuera à sombrer et auquel cas, c’est le pays entier qui paiera les frais. Des frais bien plus lourds que ce qu’il est entrain de payer déjà. 

Economique Jawhara FM

jmc
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