Tunisie-Algérie, la tandem artistique pour l’inaliénable destin partagé
Par Mansour M’henni
On ne le soulignera jamais assez, face aux grands défis de l’Histoire, l’Algérie et la Tunisie sont condamnées à avancer dans une perspicacité partagée et un développement solidaire.
A ce propos, le passé est riche d’exemples édifiants et le présent ne manque pas d’occasions de revisiter cette vérité. On comprend alors qu’un nouveau président de gouvernement de la Tunisie se fait un devoir, en programmant ses premières visites officielles, d’aller d’abord se concerter avec le Grand Frère algérien. Youssef Chahed n’a pas dérogé à la règle et déjà pour cela seulement, on le juge de la trempe de « ceux qui savent s’y prendre ».
Confortant cette politique qui va plus profondément que la proximité géographique, la programmation d’une semaine culturelle algérienne dans la manifestation « Sfax capitale culturelle arabe », même si elle est inscrite dans l’hommage à Constantine, capitale de l’année dernière, devrait nous rappeler que la coopération culturelle tuniso-algérienne constitue un nerf moteur de la fraternité des deux pays et de leur communauté de destin.
Peut-être le ministre tunisien de la Culture, Mohamed Zinelabidine, est-il dans la fraîcheur de cet engagement, ce qui lui permettrait d’initier de nouvelles perspectives en la matière. Mais Ezzeddine Mihoubi est un maître du terrain de cette dynamique : poète de longue carrière, haut responsable des médias, algériens d’abord, mais arabes, méditerranéens et internationaux aussi. Il connaît presque tous nos acteurs dans les deux domaines, celui de la culture (surtout en littérature) et celui des médias. Il sait combien de fois il a composé avec ses pairs tunisiens dans les grands congrès de ces instances, surtout quand il y avait un vote ou des décisions importantes à prendre. On l’affirmerait sans risque d’erreur : Ezzeddine Mihoubi est presque aussi tunisien qu’il est algérien.
Nous croyons savoir que, cette année, il lance dans son pays un nouveau cachet des manifestations scientifiques, en les repensant au croisement du culturel et du touristique. Tout cela en coordination avec les ministères de tutelle. Ainsi, il entend initier cette formule par la restructuration du Forum International Kateb Yacine qui se tiendra en mai 2017 à Guelma, « ici à la frontière tunisienne », et qui sera baptisé désormais « Festival International Kateb Yacine à Guelma » autour d’une idée que ministre a tirée de l’œuvre katébienne : « Les étoiles de Kateb ». La référence à Nadjma est évidente, mais elle invite à aller plus loin, plus profondément, dans l’exploitation de l’image. Il y aura évidemment le colloque scientifique, paragraphe central de la manifestation, avec pour titre « Géographies de Kateb ». Mais il y aura un riche programme touristique et plusieurs manifestations culturelles : films, musiques, expositions, joutes poétiques, et surtout du théâtre dans le beau et magnifique théâtre romain de Guelma.
A Sfax, un paragraphe, programmé ou de circonstance, qu’importe, a été vivement salué par les observateurs ; c’est celui d’un tandem musico-poétique entre Mihoubi et Zinelabidine, le premier déclamant sa poésie et le second chatouillant de nouveau son luth chéri, en public comme il ne l’avait pas fait depuis plusieurs années, malgré l’insistance de nombreux « amis ». Originale et amicale cette programmation ! Il y aurait tous lieux de croire qu’on verra bientôt notre ministre de la culture en Algérie, pourquoi pas à Guelma, dans un second tandem avec son confrère algérien. Ce serait heureux dans le juste esprit qui devrait présider à la coopération culturelle tuniso-algérienne et à l’amitié algéro-tunisienne !
