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Chronique16/07/2025 à 12:55

UTM et la Fête du savoir

UTM et la Fête du savoir

Par Mansour M’henni

Vendredi 11 juillet 2025, l’Université Tunis El Manar a pris l’initiative d’organiser une cérémonie de commémoration et de consécration de l’évènement traditionnellement baptisé « la Journée du Savoir ».

Cependant, elle a pris l’initiative de l’inscrire sous le label « la Fête du Savoir ». Force est de reconnaître que l’idée est louable parce qu’elle inviterait à dépasser le cadre classique d’un événement à marquer dans la tradition administrative, pour cet air de joie et de bonne humeur qui nous change d’un marasme tendant à se généraliser dans notre société actuelle, tant par les misères des relations internationales que par les malentendus qui enveniment nos relations citoyennes et humaines dans le cadre même de notre pays et de notre culture.

Reste à interroger les sens profonds (oui, aussi nombreux que profonds) de l’idée de fêter la science. Fêter le savoir et la science ne consiste pas à en faire un instrument d’abus : abus de pouvoir ou de narcissisme ; au contraire, cela signifie d’abord que la science est la preuve que tout signe de la grandeur est à relativiser, comme d’ailleurs toute vérité.

Dès lors, toute personne vaut en elle-même sa propre valeur, mais elle vaut plus et mieux dans l’interaction avec autrui pour une intelligence commune toujours à construire au-delà des coalitions d’exclusion, de ségrégation et de profit personnel au détriment d’autrui.

D’ailleurs, à ce propos, me revient le célèbre aphorisme de Térence, dans l’Héautontimoroumenos ou Le Bourreau de soi-même : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger », une citation que Molière a parodiée dans la bouche de son Tartuffe : « Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ».

Il y a entre ces deux phrases, malgré leur ressemblance apparente, toute la distance que peuvent creuser l’ironie et la parodie. C’est facile de se sentir bien justifié dans sa malveillance et dans son arrogance sous prétexte qu’on n’est rien de moins qu’un être humain ; cette suffisance est, elle-même, la négation de l’humanité de l’homme.

Ainsi, fêter la science, c’est d’abord la faire valoir comme une raison principale de l’humilité de l’homme et l’inscrire dans l’éternelle intelligence socratique de « Je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien ». La culture arabo-musulmane la reconduit dans l’interjection : « Demande le savoir, du berceau au linceul ».

Ceux qui apprécient la science à sa juste valeur savent, comme Socrate, que toute nouvelle connaissance est le déclenchement de nouvelles interrogations vers l’inconnu, cet inconnu dont Baudelaire disait ; « Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ».

C’est dans cette perspective que « fêter la science » pour l’UTM nous paraît associer la satisfaction et la joie d’en savourer les fruits sur la voie d’une élévation incessante du sens de l’humanité, à l’inquiétude et à la quête assoiffée de l’humus de la connaissance et de l’interrogation, pour faire que ce sens recherché comme l’essence même de l’humanité demeure au centre de l’intranquillité fondamentale de l’existence (Ainsi parlait Fernando Pessoa !).

Il faut imaginer Sisyphe heureux, écrivait Albert Camus pour clore son Mythe de Sisyphe : rien n’est peut-être aussi humain, trop humain même, selon les propos de Nietzsche !

Economique Jawhara FM

jmc
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